Le schiste texan n'est pas assez géant pour calmer les marchés mondiaux - Plus USA
16 Septembre 2019 - 11:55AM
Dow Jones News
Lauren Silva Laughlin,
The Wall Street Journal
DALLAS (Agefi-Dow Jones)--Pour un temps, les abondants gisements de
schiste des Etats-Unis ont atténué dans l'esprit des opérateurs de
marché les inquiétudes concernant les réserves pétrolières et la
production pourtant beaucoup plus importantes du Moyen Orient. Ce
week-end nous a rappelé à quel point cette région demeurait
cruciale.
L'arrêt forcé par l'Arabie saoudite de plus de la moitié de sa
production de brut, représentant environ 5% de l'approvisionnement
mondial, devrait être temporaire mais retentissant. Les traders en
énergie étaient devenus complaisants à l'égard des risques
géopolitiques, en partie parce que les gisements de schistes, en
particulier le bassin Permien dans l'ouest du Texas et au Nouveau
Mexique, ont entraîné une croissance mondiale de la production
pétrolière.
La région produit environ 4,4 millions de barils de pétrole par
jour, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA).
La croissance des dix dernières années a contribué à faire des
Etats-Unis un important exportateur de produits pétroliers. Depuis
l'effondrement des prix du pétrole en 2014, à la fin du précédent
boom de la production américaine, qui a ensuite été surpassé en
volume, l'Arabie saoudite et d'autres membres de l'Organisation des
pays exportateurs de pétrole (Opep), ainsi que la Russie qui n'en
est pas membre, ont lutté pour soutenir les prix et s'adapter à
l'ère du schiste.
L'essor du schiste a renforcé l'impression que les traditionnels
producteurs de pétrole n'occupaient plus une place aussi importante
sur un marché dont ils sont des poids lourds. Après l'effondrement
de 2014, les prix ont en partie été soutenus par le fléchissement
de la production américaine au milieu de 2015. Contrairement aux
coupes volontaires des producteurs de l'Opep, ce repli reflétait
des centaines de décisions commerciales prises par les foreurs.
Compte tenu du cycle de forage court du schiste, le recul des
investissements s'est rapidement traduit par une baisse de la
production.
Revers de la médaille, la production a atteint des niveaux records
depuis que les prix se sont redressés, au grand dam de l'Opep.
Cette situation nourrit l'impression que le schiste peut sauver le
marché pétrolier. Les attaques de samedi devraient toutefois
rappeler aux investisseurs que ce n'est pas le cas.
Le schiste ne peut tout simplement pas répondre à une attaque
contre le coeur du marché mondial du pétrole. Il ne parvient même
pas à dégager des bénéfices conséquents ces temps-ci. Les
producteurs pétroliers sont pressés par leurs actionnaires
d'accroître les rendements et de réduire les investissements. Ces
derniers montrent ainsi des signes de ralentissement : les forages
actifs aux Etats-Unis ont atteint en juillet un point bas en 17
mois, et le dernier rapport de Baker Hughes indique que le nombre
de forages a diminué de 16% sur un an.
Il faudrait que les prix restent élevés pendant une période
prolongée en raison des attaques du week-end pour que la production
de schiste amorce un rebond. Cependant, les ordres de grandeur sont
instructifs : le schiste peut compenser le lent déclin de la
production d'un pays tel que le Venezuela, par exemple, mais même
une hausse de production d'un million de barils par jour dans un an
ne changerait rien à la perte de 5 millions de barils en une
nuit.
Et de telles projections ignorent la réalité sur le terrain. Même
si de nouveaux forages devaient rapidement être mis en service, la
production de schiste aux Etats-Unis reste limitée par des goulets
d'étranglement au niveau des infrastructures. La fragmentation des
puits de schiste requiert d'énormes quantités de sable et d'eau,
dont l'achat et le transport sont onéreux. Il est encore plus
difficile d'expédier le pétrole et de capter le gaz naturel qui y
est associé. Ni les petits producteurs ni les majors comme Exxon
Mobil et Chevron, qui ont toutes deux lourdement investi dans le
Bassin permien, ne peuvent résoudre ces problèmes rapidement ou
seuls.
La révolution du schiste a constitué une manne pour l'économie
américaine et les consommateurs d'énergie du monde entier. Les
marchés devraient s'adapter aux perturbations de ce week-end, mais
le Texas ne pourra tout simplement pas se porter à leur rescousse
en cas de turbulences durables.
-Lauren Silva Laughlin, The Wall Street Journal
(Version française Eric Chalmet et Valérie Venck) ed: VLV - ECH
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September 16, 2019 05:35 ET (09:35 GMT)
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