Lauren Silva Laughlin,



The Wall Street Journal



DALLAS (Agefi-Dow Jones)--Pour un temps, les abondants gisements de schiste des Etats-Unis ont atténué dans l'esprit des opérateurs de marché les inquiétudes concernant les réserves pétrolières et la production pourtant beaucoup plus importantes du Moyen Orient. Ce week-end nous a rappelé à quel point cette région demeurait cruciale.



L'arrêt forcé par l'Arabie saoudite de plus de la moitié de sa production de brut, représentant environ 5% de l'approvisionnement mondial, devrait être temporaire mais retentissant. Les traders en énergie étaient devenus complaisants à l'égard des risques géopolitiques, en partie parce que les gisements de schistes, en particulier le bassin Permien dans l'ouest du Texas et au Nouveau Mexique, ont entraîné une croissance mondiale de la production pétrolière.



La région produit environ 4,4 millions de barils de pétrole par jour, selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). La croissance des dix dernières années a contribué à faire des Etats-Unis un important exportateur de produits pétroliers. Depuis l'effondrement des prix du pétrole en 2014, à la fin du précédent boom de la production américaine, qui a ensuite été surpassé en volume, l'Arabie saoudite et d'autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ainsi que la Russie qui n'en est pas membre, ont lutté pour soutenir les prix et s'adapter à l'ère du schiste.



L'essor du schiste a renforcé l'impression que les traditionnels producteurs de pétrole n'occupaient plus une place aussi importante sur un marché dont ils sont des poids lourds. Après l'effondrement de 2014, les prix ont en partie été soutenus par le fléchissement de la production américaine au milieu de 2015. Contrairement aux coupes volontaires des producteurs de l'Opep, ce repli reflétait des centaines de décisions commerciales prises par les foreurs. Compte tenu du cycle de forage court du schiste, le recul des investissements s'est rapidement traduit par une baisse de la production.



Revers de la médaille, la production a atteint des niveaux records depuis que les prix se sont redressés, au grand dam de l'Opep. Cette situation nourrit l'impression que le schiste peut sauver le marché pétrolier. Les attaques de samedi devraient toutefois rappeler aux investisseurs que ce n'est pas le cas.



Le schiste ne peut tout simplement pas répondre à une attaque contre le coeur du marché mondial du pétrole. Il ne parvient même pas à dégager des bénéfices conséquents ces temps-ci. Les producteurs pétroliers sont pressés par leurs actionnaires d'accroître les rendements et de réduire les investissements. Ces derniers montrent ainsi des signes de ralentissement : les forages actifs aux Etats-Unis ont atteint en juillet un point bas en 17 mois, et le dernier rapport de Baker Hughes indique que le nombre de forages a diminué de 16% sur un an.



Il faudrait que les prix restent élevés pendant une période prolongée en raison des attaques du week-end pour que la production de schiste amorce un rebond. Cependant, les ordres de grandeur sont instructifs : le schiste peut compenser le lent déclin de la production d'un pays tel que le Venezuela, par exemple, mais même une hausse de production d'un million de barils par jour dans un an ne changerait rien à la perte de 5 millions de barils en une nuit.



Et de telles projections ignorent la réalité sur le terrain. Même si de nouveaux forages devaient rapidement être mis en service, la production de schiste aux Etats-Unis reste limitée par des goulets d'étranglement au niveau des infrastructures. La fragmentation des puits de schiste requiert d'énormes quantités de sable et d'eau, dont l'achat et le transport sont onéreux. Il est encore plus difficile d'expédier le pétrole et de capter le gaz naturel qui y est associé. Ni les petits producteurs ni les majors comme Exxon Mobil et Chevron, qui ont toutes deux lourdement investi dans le Bassin permien, ne peuvent résoudre ces problèmes rapidement ou seuls.



La révolution du schiste a constitué une manne pour l'économie américaine et les consommateurs d'énergie du monde entier. Les marchés devraient s'adapter aux perturbations de ce week-end, mais le Texas ne pourra tout simplement pas se porter à leur rescousse en cas de turbulences durables.



-Lauren Silva Laughlin, The Wall Street Journal



(Version française Eric Chalmet et Valérie Venck) ed: VLV - ECH



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September 16, 2019 05:35 ET (09:35 GMT)




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