Carol Ryan,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Combien de temps faudra-t-il aux spécialistes des biens de consommation pour se remettre des fermetures de magasins actuelles? Si la réponse n'est guère évidente, la reprise tardera davantage pour les groupes dont les ventes sont fortement exposées à l'activité des aéroports.



La pandémie mondiale de Covid-19 causera une chute du trafic aérien passagers de 38% cette année, selon les prévisions du Conseil international des aéroports. En plus de plomber les compagnies aériennes, cet effondrement du trafic pénalise le vaste écosystème commercial que les voyageurs rencontrent dans les aéroports.



Si de nombreuses chaînes de Duty Free comme DFS Group ou Dubai Duty Free ne sont pas cotées, une poignée d'entreprises du secteur ont vu leur action chuter presque autant que les titres des compagnies aériennes. Le groupe Suisse Dufry abandonne 74% depuis le début de l'année. Lagardère, qui tire plus de la moitié de ses revenus de sa division Travel retail, soit le commerce dans les gares et les aéroports, perd 21%. Le groupe britannique WH Smith, qui exploite des centaines d'épiceries dans les aéroports du monde entier, voit sa capitalisation boursière fondre de près de 60%.



Des perspectives de croissance jusque-là prometteuses



Mais les détaillants ne sont pas les seuls groupes affectés par ricochet par la chute du trafic aérien. Les marques de luxe et de spiritueux dépendent aussi des achats réalisés dans les galeries commerciales des aéroports. Entre 2005 et 2018, ces ventes ont augmenté en moyenne de 8%, selon l'institut de recherche suédois Generation Research, soit plus du double de la croissance du commerce de détail non alimentaire estimée par le cabinet Euromonitor. Les entreprises se sont ruées dans les aéroports pour pouvoir capter ne serait-ce qu'une infirme partie de cette croissance.



Les boutiques dans les aéroports du britannique Watches of Switzerland comptent pour environ 11% de son chiffre d'affaires. L'Oréal, qui publie jeudi soir ses ventes du premier trimestre, tire presque un dixième de ses revenus du "Travel retail". Louis Vuitton, détenue comme DFS par LVMH, qui livre également jeudi soir ses revenus du premier trimestre, Chanel, Hermès et Cartier, propriété de Richemont, font partie des nombreuses marques de créateurs qui exploitent leurs propres boutiques dans les espaces aéroportuaires. En 2019, environ 6% des ventes mondiales dans le secteur du luxe ont été effectuées dans les aéroports, selon le cabinet américain Bain.



Les groupes de spiritueux comme Diageo, Rémy Cointreau et Pernord Ricard constituent d'important fournisseurs des magasins Duty Free et réalisent 5% à 10% de leurs ventes dans les zones de transit des aéroports, estime la banque Citi. Le spécialiste des lunettes de soleil EssilorLuxottica et le chocolatier de luxe Lindt & Sprüngli ont également tiré profit de l'expansion du trafic aérien mondial et se trouvent désormais exposés à sa chute.



Vers une lente reprise du trafic aérien



Les spécialistes du Travel Retail et leurs principaux fournisseurs pourraient être confrontés à de faibles ventes dans les aéroports bien après la fin des mesures de distanciation sociale et le retour des consommateurs dans les boutiques de centre-ville. Le trafic aérien passagers ne devrait pas revenir avant la fin de 2021 à son niveau antérieur à la crise.



Il existe toutefois un point positif, du moins pour les détaillants: plutôt que de payer un loyer déterminés à l'avance, les boutiques dans les aéroports versent un pourcentage de leurs recettes en plus d'un montant minimum fixe. Contrairement à de nombreux propriétaires de boutiques dans les centres-villes, les aéroports sont donc contraints de partager les coûts de la chute des ventes avec leurs locataires. Les recettes tirées des activités non liées à l'aéronautique, comme les concessions des boutiques, représentent plus de la moitié des revenus de certains exploitants aéroportuaires asiatiques, selon le Conseil international des aéroports.



La flexibilité de ces loyers atténuera le coût de la récession pour les chaînes de Travel Retail, mais ne permettra pas de soutenir leur croissance. La route menant à la reprise promet d'être longue pour les entreprises qui se sont ruées dans les aéroports, attirées par la croissance du trafic aérien.



-Carol Ryan, The Wall Street Journal



(Version française Julien Marion) ed: ECH



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April 16, 2020 06:16 ET (10:16 GMT)




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