Les banques françaises devront rassurer sur leurs plans stratégiques - DJ Plus
29 Octobre 2018 - 11:44AM
Dow Jones News
Amélie Laurin,
L'Agefi
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'annonce des résultats du troisième
trimestre des banques françaises pourrait se transformer en bilan
d'étape. Un an après la présentation de leur feuille de route pour
2020, en novembre 2017, la Société Générale et Natixis n'ont plus
que deux années pour atteindre leurs objectifs. BNP Paribas, qui
ouvre le bal des résultats mardi, dispose du même délai après avoir
dévoilé sa stratégie au printemps 2017. Seul Crédit Agricole SA
(CASA), sorti du bois un an plus tôt, s'est fixé une date-butoir en
2019.
La filiale cotée de la banque verte semble aussi la plus avancée
aux yeux des analystes. "Nous anticipons qu'elle va atteindre ses
objectifs 2019", écrit RBC dans une note récente. "BNP Paribas et
la Société Générale parlent tous deux d'un démarrage réussi de
leurs plans stratégiques", mais les analystes de la banque
canadienne doutent qu'ils arrivent à leurs fins. Ce n'est "pas
inconcevable pour BNP mais presque impossible pour la Société
Générale", ajoutent-ils. Avant de rappeler que le directeur
financier de la banque de La Défense a évoqué, fin septembre, de
possibles ajustements d'objectifs.
Résultats nets stables
Le consensus établi par FactSet prévoit une hausse des revenus
trimestriels de la filiale cotée du Crédit Agricole de 6% en rythme
annuel, à 4,85 milliards d'euros, et de 5,2% chez Natixis, à 2,2
milliards, contre une quasi-stagnation chez BNP Paribas et à la
Société Générale. En revanche, ces deux dernières pourraient
publier un résultat net en légère augmentation, à respectivement
10,4 milliards et 6 milliards d'euros, contre une stabilité chez
Natixis à 384 millions, et un petit recul chez CASA, à 1,035
milliard.
CASA se distingue grâce à "une inflexion plus précoce du chiffre
d'affaires de la banque de détail en France que chez ses pairs, des
baisses de coûts en Italie et une résilience des commissions de la
bancassurance et de la gestion d'actifs", pointe Morgan Stanley.
Tout comme leurs collègues de RBC, ils prévoient pour le troisième
trimestre une hausse de 3% sur un an du produit net bancaire (PNB)
de sa banque de détail en France, c'est-à-dire chez LCL. Après
avoir davantage souffert que ses pairs, l'enseigne affichait déjà
au deuxième trimestre une hausse de 2,1% en rythme annuel. Les
caisses régionales, dont les résultats sont visibles au niveau du
Groupe Crédit Agricole, avaient progressé de 0,5%.
Toujours affecté par les taux bas, le réseau français de BNP
Paribas pourrait de nouveau reculer de 1 à 1,2% et celui de la
Société Générale de 2% selon RBC, à 2,9% d'après Morgan Stanley.
"BNP Paribas a récemment relevé sa prévision de croissance des
revenus pour 2018 de négative-stable à stable voire positive, mais
nous nous attendons à ce que cela se produise plutôt au quatrième
trimestre", pointe RBC.
Dans les enseignes tricolores, "les revenus de commissions
pourraient décevoir en raison de la pression sur les prix des
banques en ligne et l'attention du gouvernement sur certains
frais", pointent les analystes de Deutsche Bank, qui fait référence
à la volonté des pouvoirs publics de réduire la manne des frais
pour incidents de paiement. Dans ce domaine, BPCE, la maison mère
de Natixis, pourrait détailler sa nouvelle politique commerciale
après les critiques des associations de consommateurs. Autre point
faible, les réductions de coûts du secteur sont "trop faibles" et
"trop lentes", estiment les analystes de la première banque
allemande.
Vigilance en Italie
Les potentiels relais de croissance traversent eux aussi une
période difficile. Dans la banque de détail à l'international, la
situation politique en Italie pourrait peser sur CASA et BNP
Paribas, qui ont des réseaux d'agences dans le pays. BNP Paribas
est aussi exposé à la Turquie et va voir les premiers effets dans
ses comptes de la déconsolidation de First Hawaiian Bank, où il a
continué de s'alléger après l'introduction en Bourse de sa filiale
américaine l'an dernier.
Dans la gestion d'actifs, CASA s'en sort bien, après les bons
résultats et la collecte positive de sa filiale Amundi. A l'instar
de l'allemand DWS, Natixis pourrait en revanche accuser des sorties
nettes de capitaux au troisième trimestre, prévient Morgan Stanley,
qui s'appuie sur les chiffres de décollecte des principaux affiliés
américains (Loomis Sayles et Harris Associates) et dans les fonds
actions à marge élevée.
Reflux du fixed income chez BNP Paribas
Le ralentissement saisonnier, couplé à l'attentisme des
investisseurs lié aux risques de guerre commerciale aux Etats-Unis,
affecte aussi les activités de banque de financement et
d'investissement. Comme dans les banques américaines, le courtage
de produits de taux et changes (fixed income) a souffert cet été.
Du fait d'un effet de base peu favorable, BNP Paribas, le géant
obligataire de la zone euro, pourrait accuser un repli de 20% dans
le fixed income selon Morgan Stanley, voire de 31% selon RBC. A
l'inverse, ses revenus dans le trading actions sont attendus en
hausse de 20% ou 27% par les analystes des deux maisons. Tous
métiers confondus, les activités de banque de financement et
d'investissement pourraient reculer chez BNP Paribas, et légèrement
progresser chez CASA et à la Société Générale.
Cessions d'actifs
Les groupes français seront aussi questionnés sur leur périmètre.
En particulier Natixis dans les paiements, après l'annonce du
transfert d'une grande partie de ses financements spécialisés chez
BPCE et son intérêt pour une alliance avec Ingenico. La Société
Générale est quant à elle donnée vendeuse en Pologne et La Banque
Postale souhaiteraient qu'elle lui vende ses parts dans leur
coentreprise de crédit à la consommation, selon Les Echos. BNP
Paribas pourrait s'alléger dans l'assureur indien SBI Life.
-Amélie Laurin, L'Agefi ed: ECH
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October 29, 2018 06:24 ET (10:24 GMT)
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