Amélie Laurin,



L'Agefi





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Derrière l'unité de façade, la crise sanitaire provoque déjà des frictions dans les banques françaises. Au-delà des inévitables ratés informatiques et techniques liés au télétravail, à l'adapation de l'accueil en agence et à la mise en place des prêts garantis par l'Etat, les revendications sociales commencent à émerger, après trois semaines de confinement.



Mardi, l'intersyndicale CFTC, CGT et SNB-CFE-CGC de la Société Générale a réclamé une prime pour tous les salariés du groupe en France, en raison de la baisse de leur épargne salariale. "L'intéressement et la participation étant liés au bénéfice annuel et au dividende, la suppression du dividende 2019 ampute l'enveloppe d'un tiers, soit 37 millions d'euros de moins sur les 113 millions d'euros initialement prévus pour 40.000 salariés", explique à L'Agefi Philippe Fournil, délégué national CGT à la Société Générale. Une double peine pour les collaborateurs, également privés de dividende en tant qu'actionnaires individuels de la banque, même si l'intersyndicale "salue" la décision de ne pas rémunérer les porteurs d'actions, conformément à la recommandation des régulateurs français et européen.



Effet boomerang du dividende



La question se pose aussi chez BNP Paribas, où l'intéressement va diminuer de 20% environ, dévoilent deux représentants syndicaux. "La baisse n'excédera pas 16,7% grâce à une formule de calcul 'filet'", affirme de son côté une source proche de la direction. Quoi qu'il en soit, la méthode de calcul initiale prend en compte le résultat brut d'exploitation et le dividende, qui a finalement été mis en réserve par la banque.



"L'intéressement va passer de 124 millions à 97 millions d'euros, soit entre 1.980 et 5.230 euros par salarié", dévoile Richard Pons, délégué syndical national CFDT Chez BNP Paribas. La participation n'est en revanche pas touchée. Chez Natixis, les deux dispositifs d'épargne salariale ne prennent pas en compte le dividende, selon un porte-parole. Il en est visiblement de même chez Crédit Agricole SA, mais la banque cotée du Crédit Agricole ne le confirmait pas mardi.



A la Société Générale, l'intersyndicale souhaite que tous les salariés "bénéficient au minimum de la prime défiscalisée de 1.000 euros mise en place par le gouvernement depuis 2019 (prime Macron) pour neutraliser la baisse de l'intéressement et de la participation". Les élus demandent aussi que l'enveloppe "puisse atteindre le maximum de 2.000 euros pour les salariés qui ont été particulièrement sollicités et exposés au cours de cette crise sans précédent", précise un communiqué commun.



Chez BNP Paribas, une prime d'activité sera négociée ce mois-ci pour un paiement en juin, selon les syndicats. "Les discussions devront permettre, avant l'été, de reconnaître les efforts des collaborateurs qui auront dû se rendre dans des locaux de la banque pour assurer la continuité de ses services, en particulier auprès des clients", confirme une porte-parole.



L'idée ne va pas de soi partout. Alors que les banques font partie des activités essentielles en cette période de crise, au même titre que la distribution alimentaire, certaines mettent en avant leurs conditions de travail plus avantageuses, et leur engagement à ne pas recourir au chômage partiel et à maintenir les salaires. Ainsi, au Crédit Agricole, le sujet d'une gratification ne serait "pas sur la table", après le versement d'une prime Macron de 700 euros début 2020, assure une source proche du dossier. Le Crédit Mutuel semble mieux-disant. Après l'attribution de 750 euros à chacun et une mesure d'augmentation générale, "le principe d'une prime de mobilisation est acté, mais ses modalités ne sont pas arrêtées", explique Yves Le Gouffe, délégué syndical national CFDT au Crédit Mutuel. De son côté, BPCE ne fait "pas de commentaires" sur la revendication, portée en interne par le SNB-CFE CGC.



Congés imposés



Un consensus se dessine en revanche pour imposer des jours de congés pendant le confinement, en vertu de l'ordonnance "coronavirus" du 25 mars. L'objectif est double : tenir compte du degré variable d'activité et préparer la reprise. Au Crédit Agricole, un accord de branche du 2 avril "prévoit la possibilité pour les employeurs d'imposer cinq jours de congés par mois en avril, mai et juin", indique un représentant de la Fédération nationale du Crédit Agricole, l'organe central des caisses régionales.



A la Société Générale, un accord d'entreprise, également paraphé le 2 avril, impose dix jours de congés payés d'ici à fin mai, ou cinq jours d'ici à mi-juin pour ceux dont l'absence poserait un "risque opérationnel". Chez BPCE, "il a été demandé à chacun de poser au minimum cinq jours de congés payés, de RTT ou de jours de repos, du 30 mars au 30 avril", déclare un porte-parole. Du côté de BNP Paribas, le quota est de sept RTT d'ici au 2 mai.



Reports de plans de départs



En contrepartie des efforts fournis, certaines banques se sont engagées à arrêter certaines restructurations. "Les négociations en cours sur de possibles suppressions de postes sont gelées jusqu'en septembre, dans la banque de détail par exemple, et il n'y aura pas de nouvelles réorganisations en France d'ici à la fin de l'année", assure Philippe Fournil à la Société Générale. "Le groupe s'est effectivement engagé à gérer de façon responsable les projets de transformation ou de restructuration qui étaient prévus en 2020, y compris par le décalage ou le gel de leur exécution sur le reste de l'année", précise un porte-parole du groupe.



Chez BNP Paribas, "un assouplissement du calendrier" est prévu pour le plan de départs volontaires de BNP Paribas Securities Services (métiers titres), en négociation, et pour celui, "en cours de déploiement", de BNP Paribas Asset Management, explique une porte-parole.



Chez HSBC France, la situation reste floue, alors que le processus de cession des activités de banque de détail s'est enlisé. "Le groupe HSBC a gelé les suppressions de postes (35.000 dans le monde, ndlr) pendant le confinement, mais le sort de la France sera de toute façon scellé à la fin de l'été seulement. Officiellement la revue stratégique se poursuit", explique Eric Poyet, délégué syndical national FO.





-Amélie Laurin, L'Agefi ed: VLV



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April 08, 2020 03:43 ET (07:43 GMT)




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