Alice Doré,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--EDF est de nouveau sous tension. Son action chute d'environ 8% mardi, plombée par l'annonce de nouveaux déboires sur son parc nucléaire français. Du point de vue des investisseurs, cet événement met en lumière l'urgence pour l'électricien de se réorganiser.



EDF a annoncé mardi que le fournisseur d'équipements pour l'industrie nucléaire Framatome, dont il détient 75,5%, avait décelé des défauts de soudure sur des équipements en service dans certaines de ses centrales nucléaires et sur du matériel neuf, pas encore installé.



Framatome a mis en évidence ces défauts à l'occasion de la mise au point de développements industriels sur son site de Saint-Marcel, en Saône-et-Loire.



"Cette nouvelle rappelle les soudures défectueuses des conduites principales de transfert de la centrale nucléaire de Flamanville, sur lesquelles l'ASN (l'Autorité de sûreté nucléaire, ndlr) a demandé à EDF de reconstruire des parties entières en béton du réacteur en juin dernier", souligne Tancrede Fulop, chez Morningstar. Or, ces travaux avaient entraîné le report de la mise en service de l'EPR de 2020 à fin 2022 au plus tôt, note l'analyste.



Craintes d'un avertissement sur résultats



"Mauvaise surprise pour le marché", cette nouvelle est "très négative car elle accroît de façon significative les incertitudes qui pèsent" sur le groupe, note Barclays.



Première inconnue, EDF n'a pas indiqué combien de réacteurs étaient concernés, ni quel serait l'impact sur la production, relèvent les analystes. Les opérateurs mettent en avant le fait qu'il y a trois ans, la production nucléaire d'EDF avait souffert de vérifications menées sur un tiers de ses réacteurs en raison de pièces défectueuses. Ces pièces provenaient principalement du site de Framatome au Creusot, également en Saône-et-Loire.



En outre, EDF n'a pas communiqué de coût de réparations ni de remplacements éventuels de pièces.



L'électricien a indiqué qu'il donnerait des "informations complémentaires au fur et à mesure des caractérisations en cours". Framatome s'est pour sa part engagé à communiquer "de plus amples informations" dès qu'elles seraient "disponibles".



En attendant, le marché intègre mardi "le scénario du pire : une baisse de la production nucléaire" liée à l'arrêt de réacteurs, qui entraînerait "potentiellement un avertissement sur résultats", observe un analyste.



La baisse de mardi marque la plus mauvaise performance du cours en séance depuis le 13 novembre 2017. Le titre avait alors perdu plus de 10% à la suite d'un avertissement sur les résultats de 2018.



Un potentiel boursier lié à une lourde réorganisation



Ces nouveaux déboires du nucléaire et leur lourd impact boursier militent pour une évolution radicale de la structure de l'électricien, détenu à 83% par l'Etat français. Son PDG, Jean-Bernard Lévy, doit formuler ses propositions d'ici à la fin de l'année.



Selon des informations de presse, EDF pourrait scinder ses activités. Une maison mère regrouperait les activités dans le nucléaire et détiendrait 65% à 70% d'une filiale côtée rassemblant Enedis, Dalkia, les activités commerciales d'EDF et les énergies nouvelles.



La sanctuarisation du nucléaire au sein d'une holding non-cotée protégerait le nouvel EDF des déconvenues du secteur. La hausse de 50% du titre anticipée par les analystes intègre une telle réorganisation. Sa concrétisation justifierait la recommandation à l'achat adoptée par 73% d'entre eux.



-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: ECH



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September 10, 2019 11:20 ET (15:20 GMT)




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