Les déboires à répétition d'EDF dans le nucléaire militent pour sa scission - DJ Plus
10 Septembre 2019 - 5:40PM
Dow Jones News
Alice Doré,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--EDF est de nouveau sous tension. Son
action chute d'environ 8% mardi, plombée par l'annonce de nouveaux
déboires sur son parc nucléaire français. Du point de vue des
investisseurs, cet événement met en lumière l'urgence pour
l'électricien de se réorganiser.
EDF a annoncé mardi que le fournisseur d'équipements pour
l'industrie nucléaire Framatome, dont il détient 75,5%, avait
décelé des défauts de soudure sur des équipements en service dans
certaines de ses centrales nucléaires et sur du matériel neuf, pas
encore installé.
Framatome a mis en évidence ces défauts à l'occasion de la mise au
point de développements industriels sur son site de Saint-Marcel,
en Saône-et-Loire.
"Cette nouvelle rappelle les soudures défectueuses des conduites
principales de transfert de la centrale nucléaire de Flamanville,
sur lesquelles l'ASN (l'Autorité de sûreté nucléaire, ndlr) a
demandé à EDF de reconstruire des parties entières en béton du
réacteur en juin dernier", souligne Tancrede Fulop, chez
Morningstar. Or, ces travaux avaient entraîné le report de la mise
en service de l'EPR de 2020 à fin 2022 au plus tôt, note
l'analyste.
Craintes d'un avertissement sur résultats
"Mauvaise surprise pour le marché", cette nouvelle est "très
négative car elle accroît de façon significative les incertitudes
qui pèsent" sur le groupe, note Barclays.
Première inconnue, EDF n'a pas indiqué combien de réacteurs étaient
concernés, ni quel serait l'impact sur la production, relèvent les
analystes. Les opérateurs mettent en avant le fait qu'il y a trois
ans, la production nucléaire d'EDF avait souffert de vérifications
menées sur un tiers de ses réacteurs en raison de pièces
défectueuses. Ces pièces provenaient principalement du site de
Framatome au Creusot, également en Saône-et-Loire.
En outre, EDF n'a pas communiqué de coût de réparations ni de
remplacements éventuels de pièces.
L'électricien a indiqué qu'il donnerait des "informations
complémentaires au fur et à mesure des caractérisations en cours".
Framatome s'est pour sa part engagé à communiquer "de plus amples
informations" dès qu'elles seraient "disponibles".
En attendant, le marché intègre mardi "le scénario du pire : une
baisse de la production nucléaire" liée à l'arrêt de réacteurs, qui
entraînerait "potentiellement un avertissement sur résultats",
observe un analyste.
La baisse de mardi marque la plus mauvaise performance du cours en
séance depuis le 13 novembre 2017. Le titre avait alors perdu plus
de 10% à la suite d'un avertissement sur les résultats de 2018.
Un potentiel boursier lié à une lourde réorganisation
Ces nouveaux déboires du nucléaire et leur lourd impact boursier
militent pour une évolution radicale de la structure de
l'électricien, détenu à 83% par l'Etat français. Son PDG,
Jean-Bernard Lévy, doit formuler ses propositions d'ici à la fin de
l'année.
Selon des informations de presse, EDF pourrait scinder ses
activités. Une maison mère regrouperait les activités dans le
nucléaire et détiendrait 65% à 70% d'une filiale côtée rassemblant
Enedis, Dalkia, les activités commerciales d'EDF et les énergies
nouvelles.
La sanctuarisation du nucléaire au sein d'une holding non-cotée
protégerait le nouvel EDF des déconvenues du secteur. La hausse de
50% du titre anticipée par les analystes intègre une telle
réorganisation. Sa concrétisation justifierait la recommandation à
l'achat adoptée par 73% d'entre eux.
-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr
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