LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Mener à bien des acquisitions de plusieurs milliards de dollars comporte assez de difficultés sans que viennent s'y ajouter les variations de changes, la volatilité des marchés d'actions et l'incertitude relative aux politiques commerciale et fiscale que peut engendrer un résultat inattendu aux élections.



Cette incertitude et ces facteurs de risque sont précisément ce que les électeurs britanniques ont offert aux banquiers et avocats spécialisés dans les fusions-acquisitions (M&A) pour la deuxième fois un en an.



En effet, en juin 2016, les électeurs ont une première fois pris au dépourvu les spécialistes des M&A en votant en faveur du Brexit. Jeudi, alors que les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sont sur le point de commencer, ils ont récidivé en refusant d'accorder au Parti conservateur de la Première ministre Theresa May la majorité absolue au Parlement.



"L'incertitude est néfaste et aura irrémédiablement un impact [sur les opérations de fusion-acquisition], et je ne pense pas que quiconque sur le marché ait une opinion différente ce matin", affirmait Bob Bishop, coprésident du service des fusions et acquisitions du cabinet d'avocats DLA Piper, après l'annonce du résultat des élections.



"Les retombées du Brexit risquent d'être plus défavorables encore et, par conséquent, ceux qui envisagent d'investir au Royaume-Uni surveilleront avec encore plus de circonspection comment les choses vont se dérouler", ajoute Bob Bishop.



D'autres observateurs se montrent plus optimistes, malgré l'incertitude accrue qui entoure le projet du Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne.



"Le dossier épineux du Brexit encourage toujours les vendeurs à vendre maintenant, et les acheteurs prêts à considérer qu'il s'agit de simples difficultés politiques locales sont plus nombreux qu'il n'en faut", souligne Phil Sanderson, avocat spécialisé dans le capital-investissement chez Ropes & Gray.





La conjoncture reste favorable aux fusions-acquisitions





La vigueur des marchés d'actions et la possibilité d'émettre de la dette à bas coût entretiennent néanmoins un environnement favorable aux opérations de M&A. La chute de la devise britannique, vendredi, consécutive au résultat des élections, avantage les opérations transfrontalières. En effet, les conglomérats britanniques qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d'affaires en dollars mais publient leurs résultats en livres sterling devraient dégager des bénéfices plus élevés grâce aux effets de change. Aussi, leur cours de Bourse devrait être tiré à la hausse et leur permettre de financer des opérations à moindres frais en utilisant leurs actions.



Le mouvement de vente qu'a subi la livre sterling après le vote en faveur du Brexit a représenté un élément déterminant pour l'acquisition de Reynolds American par British American Tobacco, une opération d'un montant de 49 milliards de dollars qui doit donner naissance au plus grand cigarettier mondial coté en Bourse.



En outre, une livre faible peut également rendre l'acquisition d'entreprises britanniques moins onéreuse pour des groupes étrangers. Le géant américain 21st Century Fox a ainsi profité de la baisse de la livre pour réduire les coûts de financement de son offre d'achat sur Sky en décembre. Cependant, l'action Sky perdait 1% à la Bourse de Londres vendredi, les investisseurs craignant que le résultat des élections de jeudi ne retarde la validation de l'opération par les autorités britanniques des médias et de la concurrence.





-Ben Dummet, Dow Jones Newswires



(Version française Aurélie Henri) ed : LBO





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June 09, 2017 09:15 ET (13:15 GMT)




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