François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les résultats du troisième trimestre des entreprises françaises ont fait ressurgir un motif d'inquiétude pour les investisseurs : la Chine. Plusieurs groupes du CAC 40 ont subi un ralentissement de leurs ventes dans l'Empire du Milieu au cours des derniers mois, où la demande pâtit des tensions commerciales et de la chute de la Bourse de Shanghai, entre autres.



En dépit des pics de consommation enregistrés le mois dernier lors des vacances de la "Golden Week" ou, en début d'année, lors du Nouvel An chinois, le moral du consommateur chinois n'est pas au beau fixe. En témoigne la chute des ventes de voitures au cours des quatre derniers mois, un recul inédit depuis dix ans.



Deux secteurs sont particulièrement exposés au ralentissement de la deuxième économie mondiale : l'automobile et le luxe. Pour l'un comme l'autre, le marché chinois est prépondérant et le moindre coup de frein sur ce marché peut occasionner de sévères sorties de routes boursières, à l'image de celles qu'ont connues en octobre Valeo, Renault, ou encore LVMH.



Les trois groupes ont fait état de perspectives moins favorables en Chine. Valeo prévoit des mois "difficiles" alors que l'un de ses principaux clients, Ford, a vu ses ventes chuter de 30% depuis le début de l'année dans le pays. Renault n'a pas dévoilé ses chiffres de ventes par pays mais ne prévoit plus qu'une croissance 2% du marché automobile chinois cette année, contre 5% initialement. LVMH de son côté a reconnu que les ventes de Louis Vuitton avaient décéléré au troisième trimestre auprès de la clientèle chinoise, après plusieurs trimestres de croissance explosive.



Toujours dans le secteur de la consommation, Danone a vu ses ventes de lait infantile chuter de 20% sur ce marché par rapport au même trimestre de l'exercice précédent, conséquence d'une baisse de la natalité en 2017. Le groupe espère néanmoins pouvoir lisser l'impact de ce changement démographique au cours des prochains trimestres, et profiter de tendances porteuses sur ce marché à moyen terme. En revanche, L'Oréal, Seb ou encore Pernod Ricard continuent à bénéficier d'une demande dynamique. "Nous n'observons aucun signe de ralentissement de la consommation en Chine", a précisé le PDG de L'Oréal, Jean-Paul Agon, lors de la publication des résultats du groupe au troisième trimestre. Ce mercredi Hermès a dressé le même constat mais s'est dit "vigilant", estimant que "rien n'est acquis".



La guerre commerciale pèse sur le moral des entreprises



De fait, la visibilité s'est réduite pour les groupes français présents en Chine. Les indices PMI des directeurs d'achats pointent vers un nouveau ralentissement de la croissance au quatrième trimestre, alors que celle-ci est tombée à son plus bas niveau depuis 2009 au troisième. Selon les économistes de BNP Paribas, la croissance pourrait ralentir à 6,4% cette année, et 6,1% en 2019, loin de l'objectif officiel d'un taux de croissance annuel d'environ 6,5% pour la période 2016-2020.



"La guerre commerciale intervient à un mauvais moment pour la Chine. Ce choc protectionniste assombrit les perspectives d'exportation et de croissance, alors que le pays perd des parts de marché à l'exportation depuis deux ans", souligne Christine Peltier, économiste chez BNP Paribas. Dans ce contexte, "le redressement de l'investissement des entreprises devrait rester limité, en raison de la dégradation des perspectives d'exportation, de l'excès de dette des entreprises, du processus de restructuration industrielle et de la volonté de Pékin de contrôler le développement du marché immobilier". La baisse des exportations pourrait également avoir un impact à court terme sur le marché du travail, les salaires et la consommation, ajoute-t-elle.



Si les entreprises françaises sont moins dépendantes du marché chinois que certaines de leurs concurrentes allemandes, elles sont tout de même exposées au ralentissement de la croissance la deuxième économie mondiale. Pour les secteurs qui ont le plus profité du rebond de cette croissance en 2017, l'atterrissage pourrait être plus brutal que prévu.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



November 07, 2018 09:56 ET (14:56 GMT)




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