Les entreprises françaises ne jouent plus sur du velours en Chine - DJ Plus
07 Novembre 2018 - 04:16PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les résultats du troisième trimestre des
entreprises françaises ont fait ressurgir un motif d'inquiétude
pour les investisseurs : la Chine. Plusieurs groupes du CAC 40 ont
subi un ralentissement de leurs ventes dans l'Empire du Milieu au
cours des derniers mois, où la demande pâtit des tensions
commerciales et de la chute de la Bourse de Shanghai, entre
autres.
En dépit des pics de consommation enregistrés le mois dernier lors
des vacances de la "Golden Week" ou, en début d'année, lors du
Nouvel An chinois, le moral du consommateur chinois n'est pas au
beau fixe. En témoigne la chute des ventes de voitures au cours des
quatre derniers mois, un recul inédit depuis dix ans.
Deux secteurs sont particulièrement exposés au ralentissement de la
deuxième économie mondiale : l'automobile et le luxe. Pour l'un
comme l'autre, le marché chinois est prépondérant et le moindre
coup de frein sur ce marché peut occasionner de sévères sorties de
routes boursières, à l'image de celles qu'ont connues en octobre
Valeo, Renault, ou encore LVMH.
Les trois groupes ont fait état de perspectives moins favorables en
Chine. Valeo prévoit des mois "difficiles" alors que l'un de ses
principaux clients, Ford, a vu ses ventes chuter de 30% depuis le
début de l'année dans le pays. Renault n'a pas dévoilé ses chiffres
de ventes par pays mais ne prévoit plus qu'une croissance 2% du
marché automobile chinois cette année, contre 5% initialement. LVMH
de son côté a reconnu que les ventes de Louis Vuitton avaient
décéléré au troisième trimestre auprès de la clientèle chinoise,
après plusieurs trimestres de croissance explosive.
Toujours dans le secteur de la consommation, Danone a vu ses ventes
de lait infantile chuter de 20% sur ce marché par rapport au même
trimestre de l'exercice précédent, conséquence d'une baisse de la
natalité en 2017. Le groupe espère néanmoins pouvoir lisser
l'impact de ce changement démographique au cours des prochains
trimestres, et profiter de tendances porteuses sur ce marché à
moyen terme. En revanche, L'Oréal, Seb ou encore Pernod Ricard
continuent à bénéficier d'une demande dynamique. "Nous n'observons
aucun signe de ralentissement de la consommation en Chine", a
précisé le PDG de L'Oréal, Jean-Paul Agon, lors de la publication
des résultats du groupe au troisième trimestre. Ce mercredi Hermès
a dressé le même constat mais s'est dit "vigilant", estimant que
"rien n'est acquis".
La guerre commerciale pèse sur le moral des entreprises
De fait, la visibilité s'est réduite pour les groupes français
présents en Chine. Les indices PMI des directeurs d'achats pointent
vers un nouveau ralentissement de la croissance au quatrième
trimestre, alors que celle-ci est tombée à son plus bas niveau
depuis 2009 au troisième. Selon les économistes de BNP Paribas, la
croissance pourrait ralentir à 6,4% cette année, et 6,1% en 2019,
loin de l'objectif officiel d'un taux de croissance annuel
d'environ 6,5% pour la période 2016-2020.
"La guerre commerciale intervient à un mauvais moment pour la
Chine. Ce choc protectionniste assombrit les perspectives
d'exportation et de croissance, alors que le pays perd des parts de
marché à l'exportation depuis deux ans", souligne Christine
Peltier, économiste chez BNP Paribas. Dans ce contexte, "le
redressement de l'investissement des entreprises devrait rester
limité, en raison de la dégradation des perspectives d'exportation,
de l'excès de dette des entreprises, du processus de
restructuration industrielle et de la volonté de Pékin de contrôler
le développement du marché immobilier". La baisse des exportations
pourrait également avoir un impact à court terme sur le marché du
travail, les salaires et la consommation, ajoute-t-elle.
Si les entreprises françaises sont moins dépendantes du marché
chinois que certaines de leurs concurrentes allemandes, elles sont
tout de même exposées au ralentissement de la croissance la
deuxième économie mondiale. Pour les secteurs qui ont le plus
profité du rebond de cette croissance en 2017, l'atterrissage
pourrait être plus brutal que prévu.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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