AIR Airbus SE

Julien Marion,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'horizon de l'ensemble du secteur aéronautique et aérien s'est subitement éclairci ce lundi, grâce à l'espoir d'un vaccin contre le Covid-19.

Le groupe pharmaceutique Pfizer et son partenaire BioNTech ont annoncé à la mi-journée que leur candidat vaccin s'était avéré efficace à plus de 90% chez les 94 premiers patients infectés par le nouveau coronavirus et ayant développé au moins un symptôme. Ces résultats positifs, bien qu'incomplets, rapprochent sensiblement le vaccin d'une autorisation d'utilisation à grande échelle.

Grâce à ces annonces, les actions des compagnies aériennes et des groupes aéronautiques se sont envolées. Vers le milieu de l'après-midi, Air France-KLM et Lufthansa gagnent respectivement 30% et 20%, l'équipementier aéronautique Safran s'adjuge 18% tandis que le groupe d'aéronautique et de défense Airbus prend 22%.

Un fin pilotage de la production

La découverte d'un vaccin devrait permettre une reprise plus rapide que prévu du trafic des compagnies aériennes, ce qui soulagerait leur bilan et bénéficierait à l'ensemble du secteur aéronautique. Airbus paraît particulièrement bien placé pour tirer parti d'un tel scénario.

L'avionneur européen a jusqu'à présent finement piloté sa production, en baissant dès avril ses cadences, ce qui lui a permis de limiter la consommation de trésorerie tout en maintenant sa chaîne d'assemblage opérationnelle. Dès le troisième trimestre, le groupe a cessé de brûler du cash. Airbus compte faire au moins aussi bien au quatrième.

Signe de l'adaptation réussie de l'ex-EADS à la crise, ses livraisons se situent déjà sur une bonne trajectoire. Vendredi, Airbus a annoncé avoir livré 72 appareils au mois d'octobre, soit une hausse de 26% par rapport au mois de septembre. "L'accélération est tangible", apprécie Oddo BHF.

Dans ce contexte, la perspective d'un vaccin contre le Covid-19 ne peut que conforter l'hypothèse d'une augmentation, l'an prochain, de la cadence de production de la famille A320, monocouloir phare du groupe. A la fin octobre, Airbus avait indiqué envisager de relever ce rythme jusqu'à 47 monocouloirs par mois à compter de l'été 2021, contre environ 40 à l'heure actuelle.

Une élection présidentielle "positive" aux Etats-Unis

En plus du pilotage habile de sa production, Airbus possède la gamme de produits adéquate pour tirer parti d'une reprise du trafic aérien, avec les nombreuses variantes de cette même famille A320, qui offrent une flexibilité appréciée par les compagnies aériennes notamment les low-cost.

"Les fondamentaux du groupe s'avèrent solides, et le marché des monocouloirs, où Airbus possède un fort avantage concurrentiel, sortira comme le grand gagnant de la crise", souligne Hugo Paternoster, analyste chez le bureau d'études indépendant AlphaValue. "Airbus est entré dans la crise en position de force sur les monocouloirs et nous pensons qu'il en sortira encore plus fort", appuie UBS.

Airbus pourrait également bénéficier de la victoire du démocrate Joe Biden à l'élection présidentielle américaine. Son accession à la Maison-Blanche pourrait permettre une issue positive à la guerre commerciale que se livrent l'Union européenne et les Etats-Unis, les deux camps s'accusant mutuellement depuis 16 ans d'avoir accordé des aides illégales à Airbus et Boeing. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a depuis autorisé chacune des deux parties à imposer des droits de douanes en guise de sanction.

UBS considère que le résultat de l'élection présidentielle américaine est "positif" pour le groupe européen. "L'administration Biden devrait offrir une oreille plus favorable à l'Union européenne sur le sujet des droits de douanes, accélérer les négociations et faire en sorte qu'elles se déroulent en meilleure intelligence ", considère Hugo Paternoster d'AlphaValue.

La découverte d'un vaccin fait souffler un vent d'optimisme sur les valeurs aéronautiques qui pourrait néanmoins pousser les investisseurs à faire preuve de sélectivité. Dans cette optique, Airbus présente de nombreux atouts que les actionnaires ne devront pas sous-estimer dans les semaines à venir. Selon FactSet, 70% des analystes recommandent d'acheter la valeur. Ils ne sont que 40% pour son grand rival Boeing.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH

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November 09, 2020 10:04 ET (15:04 GMT)

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