Par Amélie Laurin





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'appétit d'Amundi (AMUN.FR) semble donner des ailes à La Banque Postale Asset Management (LBPAM). "Nous sommes dotés d'un outil de guerre avec notre filiale LBPAM et nous voulons passer la barre du trillion [d'actifs] à horizon trois ans avec des partenaires européens", a déclaré mardi Rémy Weber, président du directoire de la Banque Postale, lors de la présentation de ses résultats annuels. Avec 218 milliards d'euros d'encours à fin décembre, en intégrant les 2 milliards de Tocqueville Finance, la barre reste haute mais "nous étions encore à 130 milliards il y a trois-quatre ans", rappelle le dirigeant.



Pour autant, il n'est pas question pour le groupe public de mener des opérations aussi industrielles qu'Amundi. Les encours de la filiale du Crédit Agricole ont crû de près d'un tiers l'an dernier, à 1.426 milliards d'euros, grâce au rachat de l'italien Pioneer et à 70 milliards d'euros de flux nets. De son côté, LBPAM a réalisé l'intégralité de sa collecte nette en récupérant un mandat de 24 milliards d'euros de CNP Assurances, confié auparavant à Natixis Investment Managers (IM) qui paie le desserrement des liens entre l'assureur et BPCE. Pour gonfler ses encours, La Banque Postale englobe aussi des partenariats non-consolidés dans ses comptes.



Après la cession de son gestionnaire immobilier Ciloger à AEW, filiale de Natixis IM dont elle détient désormais 40%, elle additionne 40% des encours d'AEW pour revendiquer "230 milliards d'euros". "Avec Aegon, on dépasse les 600 milliards", poursuit Rémy Weber. Il ajoute ainsi les encours gérés par l'assureur néerlandais (318 milliards chez Aegon AM)… qui détient seulement 25% du capital de LBPAM.





IPO d'Axa aux Etats-Unis





A l'heure où le groupe postal recherche de nouveaux partenaires, Axa (CS.FR) réaffirme le "rôle stratégique de l'activité de gestion d'actifs". "Nous avons pris la décision claire de rester dans ce métier car il fournit une base de services pour l'assurance vie", a déclaré la semaine passée Thomas Buberl, directeur général d'Axa. A l'automne dernier, le géant européen de l'assurance avait entamé des discussions pour marier sa gestion à celle de Natixis. "Natixis IM est deux fois plus gros en revenus et en valeur qu'Axa IM. Il est sage qu'Axa ait refermé le dossier", juge un banquier d'affaires.



L'assureur va en revanche défaire un peu plus ses liens avec son asset manager américain. Le retour à la collecte positive de sa filiale AllianceBersntein (AB) arrive à point nommé pour l'introduction en Bourse, prévue au deuxième trimestre, d'Axa America Holdings qui abrite notamment la participation d'Axa dans AB. Les encours de la filiale ont toutefois reculé l'an dernier en raison d'un effet de change négatif et du transfert d'un mandat de conseil de 21 milliards d'euros d'Axa Japon vers Axa IM.



Chez BNP Paribas (BNP.FR), dont la gestion d'actifs reste environ deux fois plus petite que celles d'Axa IM et de Natixis IM, l'heure est plutôt à la consolidation des positions acquises, avant la bascule vers le système informatique Aladdin de l'américain BlackRock. "La gestion d'actifs est en chantier", a déclaré Jacques d'Estais, directeur général adjoint de BNP Paribas, lors des résultats du groupe. Avant d'ajouter : "nous sommes dans une dynamique assez sensiblement positive". A 2,6 milliards d'euros selon nos calculs, la collecte de BNPP AM est toutefois la plus faible des grandes gestions françaises.



A l'inverse, la Société Générale (GLE.FR) semble toujours avide de renforcer la position de Lyxor, après avoir soldé sa participation dans Amundi. La banque aurait soumis une offre ferme, tout comme Goldman Sachs, pour la division Equity Markets & Commodities de Commerzbank qui abrite les ETF (fonds indiciels cotés) de la banque allemande, affirmait mercredi Bloomberg. Contacté par L'Agefi, Lyxor n'a pas souhaité apporter de commentaire. En attendant l'issue des négociations, Lyxor s'est installé durablement au-dessus des 100 milliards d'encours.





Commissions de surperformance





Natixis IM revendique de son côté "un trillion de dollars" d'actifs à fin 2017. Après un trou d'air en 2016, ses encours en euros sont en réalité restés stables l'an dernier à 831 milliards. La hausse des marchés et la collecte ont été annulés par la perte du mandat de CNP et un effet de change négatif de 50 milliards sur les encours en dollars de ses affiliés nord-américains, qui représentent la moitié des encours totaux de NIM. Natixis IM reste en revanche très rentable, avec des encours inférieurs de 42% à ceux d'Amundi mais des revenus supérieurs de 9%. Le gestionnaire a ainsi engrangé 287 millions d'euros de commissions de surperformance en 2017, contre seulement 180 millions chez Amundi.



L'année 2018 pourrait néanmoins marquer une rupture pour les grands acteurs français. Après l'euphorie des marchés en 2017, la correction boursière du début février pourrait enrayer la dynamique de hausse des encours et des revenus.





-Amélie Laurin, L'Agefi. ed: ECH





"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence Agefi-Dow Jones.





(END) Dow Jones Newswires



March 01, 2018 04:37 ET (09:37 GMT)




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