Les grandes gestions d'actifs françaises visent toujours plus haut - Market Blog
01 Mars 2018 - 10:57AM
Dow Jones News
Par Amélie Laurin
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'appétit d'Amundi (AMUN.FR) semble donner
des ailes à La Banque Postale Asset Management (LBPAM). "Nous
sommes dotés d'un outil de guerre avec notre filiale LBPAM et nous
voulons passer la barre du trillion [d'actifs] à horizon trois ans
avec des partenaires européens", a déclaré mardi Rémy Weber,
président du directoire de la Banque Postale, lors de la
présentation de ses résultats annuels. Avec 218 milliards d'euros
d'encours à fin décembre, en intégrant les 2 milliards de
Tocqueville Finance, la barre reste haute mais "nous étions encore
à 130 milliards il y a trois-quatre ans", rappelle le
dirigeant.
Pour autant, il n'est pas question pour le groupe public de mener
des opérations aussi industrielles qu'Amundi. Les encours de la
filiale du Crédit Agricole ont crû de près d'un tiers l'an dernier,
à 1.426 milliards d'euros, grâce au rachat de l'italien Pioneer et
à 70 milliards d'euros de flux nets. De son côté, LBPAM a réalisé
l'intégralité de sa collecte nette en récupérant un mandat de 24
milliards d'euros de CNP Assurances, confié auparavant à Natixis
Investment Managers (IM) qui paie le desserrement des liens entre
l'assureur et BPCE. Pour gonfler ses encours, La Banque Postale
englobe aussi des partenariats non-consolidés dans ses comptes.
Après la cession de son gestionnaire immobilier Ciloger à AEW,
filiale de Natixis IM dont elle détient désormais 40%, elle
additionne 40% des encours d'AEW pour revendiquer "230 milliards
d'euros". "Avec Aegon, on dépasse les 600 milliards", poursuit Rémy
Weber. Il ajoute ainsi les encours gérés par l'assureur néerlandais
(318 milliards chez Aegon AM)… qui détient seulement 25% du capital
de LBPAM.
IPO d'Axa aux Etats-Unis
A l'heure où le groupe postal recherche de nouveaux partenaires,
Axa (CS.FR) réaffirme le "rôle stratégique de l'activité de gestion
d'actifs". "Nous avons pris la décision claire de rester dans ce
métier car il fournit une base de services pour l'assurance vie", a
déclaré la semaine passée Thomas Buberl, directeur général d'Axa. A
l'automne dernier, le géant européen de l'assurance avait entamé
des discussions pour marier sa gestion à celle de Natixis. "Natixis
IM est deux fois plus gros en revenus et en valeur qu'Axa IM. Il
est sage qu'Axa ait refermé le dossier", juge un banquier
d'affaires.
L'assureur va en revanche défaire un peu plus ses liens avec son
asset manager américain. Le retour à la collecte positive de sa
filiale AllianceBersntein (AB) arrive à point nommé pour
l'introduction en Bourse, prévue au deuxième trimestre, d'Axa
America Holdings qui abrite notamment la participation d'Axa dans
AB. Les encours de la filiale ont toutefois reculé l'an dernier en
raison d'un effet de change négatif et du transfert d'un mandat de
conseil de 21 milliards d'euros d'Axa Japon vers Axa IM.
Chez BNP Paribas (BNP.FR), dont la gestion d'actifs reste environ
deux fois plus petite que celles d'Axa IM et de Natixis IM, l'heure
est plutôt à la consolidation des positions acquises, avant la
bascule vers le système informatique Aladdin de l'américain
BlackRock. "La gestion d'actifs est en chantier", a déclaré Jacques
d'Estais, directeur général adjoint de BNP Paribas, lors des
résultats du groupe. Avant d'ajouter : "nous sommes dans une
dynamique assez sensiblement positive". A 2,6 milliards d'euros
selon nos calculs, la collecte de BNPP AM est toutefois la plus
faible des grandes gestions françaises.
A l'inverse, la Société Générale (GLE.FR) semble toujours avide de
renforcer la position de Lyxor, après avoir soldé sa participation
dans Amundi. La banque aurait soumis une offre ferme, tout comme
Goldman Sachs, pour la division Equity Markets & Commodities de
Commerzbank qui abrite les ETF (fonds indiciels cotés) de la banque
allemande, affirmait mercredi Bloomberg. Contacté par L'Agefi,
Lyxor n'a pas souhaité apporter de commentaire. En attendant
l'issue des négociations, Lyxor s'est installé durablement
au-dessus des 100 milliards d'encours.
Commissions de surperformance
Natixis IM revendique de son côté "un trillion de dollars" d'actifs
à fin 2017. Après un trou d'air en 2016, ses encours en euros sont
en réalité restés stables l'an dernier à 831 milliards. La hausse
des marchés et la collecte ont été annulés par la perte du mandat
de CNP et un effet de change négatif de 50 milliards sur les
encours en dollars de ses affiliés nord-américains, qui
représentent la moitié des encours totaux de NIM. Natixis IM reste
en revanche très rentable, avec des encours inférieurs de 42% à
ceux d'Amundi mais des revenus supérieurs de 9%. Le gestionnaire a
ainsi engrangé 287 millions d'euros de commissions de
surperformance en 2017, contre seulement 180 millions chez
Amundi.
L'année 2018 pourrait néanmoins marquer une rupture pour les grands
acteurs français. Après l'euphorie des marchés en 2017, la
correction boursière du début février pourrait enrayer la dynamique
de hausse des encours et des revenus.
-Amélie Laurin, L'Agefi. ed: ECH
"Le Market Blog" est le blog économique et financier de l'agence
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March 01, 2018 04:37 ET (09:37 GMT)
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