PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le SBF 120 tient sa revanche. Après une année 2018 des plus moroses, conclue sur un repli de 11,7%, l'indice a clôturé le premier semestre 2019 sur un gain de 16,3%, à 4.366,4 points. Le ton accommodant des banques centrales des deux côtés de l'Atlantique peuvent expliquer cette performance dans un contexte marqué par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et le report du Brexit à fin octobre. Sur la période, 95 sociétés membres du SBF 120, soit 79,2% de l'indice, ont vu leur cours de Bourse progresser.



Mais certains soutiens dont profitent les marchés financiers depuis le début de l'année pourraient disparaître. "Le conflit stratégique entre la Chine et l'Occident risque d'être une ombre au tableau dans le paysage de l'investissement. D'un point de vue conjoncturel, des dégâts considérables ont déjà été causés et la croissance mondiale devrait rester faible cette année ainsi que la suivante", prévient Darren Williams, directeur de la recherche économique mondiale chez AllianceBernstein.



Dans ce contexte, les niveaux de valorisation des entreprises méritent d'être surveillés. "La progression des Bourses est uniquement le fait d'une expansion des multiples", constatent les stratèges de La Banque Postale Asset Management au sortir du premier semestre. Selon Factset, le ratio rapportant la capitalisation boursière au bénéfice net du SBF 120 s'élève à 15,4 pour 2019. En janvier dernier, ce multiple ressortait à 13,6. Les entreprises qui décevront lors de la prochaine saison des résultats semestriels pourraient le payer très cher.



Les valeurs figurant au palmarès des plus importantes hausses et celui des plus fortes baisses du SBF 120 au premier semestre 2019 seront ainsi particulièrement suivies par les investisseurs durant l'été.



LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT REALISE LE MEILLEUR PARCOURS AU PREMIER SEMESTRE 2019:



Altran Technologies (+99,2%). Après une année 2018 durant laquelle son cours de Bourse a perdu plus de 44%, le groupe de R&D externalisée a regagné une grande partie du terrain perdu après la publication de ses résultats annuels, fin février. Le groupe avait alors démontré sa capacité à redresser rapidement les marges d'Aricent, une entreprise américaine acquise en 2018 et dont l'intégration a démarré de manière laborieuse. Altran a réussi à "restaurer la confiance des investisseurs", résumait en mars Bryan Garnier. Le spécialiste de la R&D a surtout vu son cours bondir la semaine dernière pour s'aligner sur l'offre de rachat amicale proposée par Capgemini, à 14 euros par titre. Cette offre "revient à considérer que nos objectifs ont été atteints avec trois ans d'avance", confiait le PDG d'Altran, Dominique Cerutti, dans un entretien à l'agence Agefi-Dow Jones la semaine dernière. La transaction doit être finalisée fin 2019, selon les prévisions des deux sociétés. D'ici là, à moins que l'opération soit abandonnée, il paraît peu probable que le titre subisse d'importants mouvements.



Soitec (+90,3%). Le fabricant de plaques de silicium sur isolant a bouclé fin mars un exercice 2019-2020 de forte croissance, avec un chiffre d'affaires en hausse de 42% et un bond de 61% de son résultat opérationnel courant. L'adoption de sa technologie 'RF-SOI' par tous les fabricants de smartphones continue à porter les ventes et le groupe n'a pas souffert des déboires du chinois Huawei. Porté par de nouveaux marchés dont la 5G, les écrans micro LED et la voiture électrique, Soitec vise un doublement de son chiffre d'affaires, à 900 millions d'euros, d'ici à la fin de l'exercice qui s'achèvera en mars 2022, ainsi qu'une marge d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) de l'ordre de 31%. L'objectif de cours moyen des analystes de 106,17 euros sur la valeur laisse de la place pour une poursuite du mouvement de hausse.



Sartorius Stedim Biotech (+58,8%). La bonne performance boursière du fournisseur de l'industrie pharmaceutique s'appuie sur une forte dynamique de résultats. Son chiffre d'affaires a grimpé de 22% au premier trimestre, marquant une accélération par rapport à la progression de 11,6% enregistrée en 2018. L'excédent brut d'exploitation courant a augmenté encore plus rapidement, de 32,5%, permettant de hisser la marge correspondante à 28,6%. Le segment biopharmaceutique bénéficiant d'une croissance très soutenue, l'entreprise évolue sur des tendances de fond extrêmement favorables, tout en profitant d'une forte résilience de ses activités. Cette visibilité a toutefois un prix, avec un cours de Bourse représentant 51,2 fois le bénéfice par action estimé par le consensus en 2019. Pour qu'une valorisation aussi élevée reste justifiée, les résultats du premier semestre attendus le 19 juillet prochain ne devront pas décevoir. En fixant un objectif de cours moyen de 110,67 euros pour une action qui en vaut plus de 135, les analystes prédisent clairement un retournement à la baisse.



Ingenico (+57%). Après un exercice 2018 délicat au cours duquel le cours de Bourse a quasiment été divisé par deux, Ingenico a débuté 2019 sur de meilleures bases. Le nouveau directeur général, Nicolas Huss, a su convaincre le marché de la pertinence de sa feuille de route lors de la présentation de ses objectifs de moyen terme, en avril dernier. La forte croissance organique (+12%) dégagée au premier trimestre par la division Banque et Acquéreurs, qui loge l'activité historique des terminaux de paiements, a également renforcé la crédibilité des objectifs de moyen terme du groupe, selon HSBC. Pour consolider son rebond, Ingenico doit désormais réussir sans faille l'exécution de son projet, ce qui lui a fait défaut l'an passé.



Vallourec (+55,5%). Le fabricant de tubes sans soudure à destination de l'industrie pétrolière a comblé une partie des lourdes pertes accusées à la fin 2018, quand le flux de trésorerie négatif et les résultats poussifs du groupe avaient alimenté les craintes de voir son endettement élevé compromettre sa solidité financière. Vallourec a rassuré les investisseurs sur ses comptes avec des résultats supérieurs aux attentes au premier trimestre et un flux de trésorerie disponible moins profondément dans le rouge, grâce à l'amélioration du besoin du fonds de roulement (BFR). Le groupe prévoit ainsi que ses engagements bancaires auprès de ses créanciers soient respectés à la fin de l'exercice. Les perspectives d'activité pour Vallourec dans l'offshore et à l'international sont positives, mais la structure du capital et la génération de flux de trésorerie vont rester une des principales préoccupations des investisseurs, ont récemment souligné les analystes de Morgan Stanley dans une note. A 2,82 euros selon Factset, l'objectif de cours moyen des analystes offre un potentiel de hausse de seulement 4%.



LES CINQ ACTIONS DU SBF 120 AYANT ACCUSE LES PLUS FORTS REPLIS AU PREMIER SEMESTRE 2019:



EDF (-19,7%). Après une année 2018 éclatante, l'électricien n'a pas brillé au premier semestre, lesté par les spéculations sur sa future structure, tandis que le PDG, Jean-Bernard Lévy, planche sur un projet de réorganisation qu'il doit présenter d'ici à la fin de l'année à l'Etat, qui détient 83,66% du capital. Le projet de réorganisation d'EDF vise à isoler l'activité nucléaire, plombée par les retards du chantier du réacteur EPR de nouvelle génération à Flamanville, et à regrouper la partie commercialisation et énergies renouvelables au sein d'une filiale cotée détenue à 65% par une holding. Selon un projet présenté aux organisations syndicales la semaine dernière, la filiale "EDF Bleu" regrouperait l'activité nucléaire, les barrages et le transport de l'électricité assuré par RTE, tandis que la filiale dont le capital serait ouvert, "EDF Vert", reprendrait Enedis, EDF Outremer, EDF Renouvelables, Dalkia et la commercialisation. Pour les analystes de la banque HSBC, "le marché n'a aucune raison de tirer des conclusions prématurées sur les mérites ou les faiblesses de la réorganisation du groupe EDF". Faute de catalyseurs à court terme, les investisseurs ont donc plus intérêt à "rester en retrait et attendre les évolutions" concrètes, ajoutent-ils. Selon FactSet, l'objectif de cours moyen des analystes pour EDF s'établit à 14,90 euros, ce qui représente un potentiel de hausse d'environ 35%.




Société Générale (-20,1%). En dépit de ses efforts pour renforcer ses fonds propres et alléger son bilan, la banque de la Défense peine à retrouver la confiance des investisseurs. Société Générale a exécuté un impressionnant programme de cessions et amélioré ses ratios de fonds propres. "Cependant, la poursuite des cessions nous semble plus ardue désormais car les actifs à vendre sont moins nombreux et génèrent du rendement", soulignent les analystes de Morgan Stanley. Le groupe a abaissé en février son objectif de retour sur fonds propres pour 2020, en raison de la persistance d'un environnement de taux bas et d'un cadre plus contraignant en France. Société Générale a également annoncé en avril un plan de suppression de 1.600 postes dans le monde, dont 750 en France, principalement dans sa banque d'investissement, ce qui pourrait peser sur sa rentabilité cette année. A 29,91 euros, l'objectif de cours moyen fixé par les analystes représente un potentiel de hausse appréciable de plus de 30% après la baisse du titre au premier semestre.



Europcar (-20,3%). Le loueur automobile a souffert du scepticisme d'un marché prompt à sanctionner le moindre écart de conduite. Le 22 février, le titre a notamment perdu 8% en réaction à la publication de résultats annuels légèrement inférieurs aux attentes. "Les investisseurs ne veulent toujours pas croire en l'histoire racontée par Europcar Mobility Group, malgré une performance opérationnelle qui reste bonne sur des marchés difficiles", résumaient en mai les analystes de Morgan Stanley. Le groupe a néanmoins donné des motifs de satisfaction la semaine dernière lors d'une journée consacrée aux investisseurs où il a livré des objectifs à l'horizon 2023 qualifiés "d'ambitieux" par Oddo BHF. Europcar devra réussir sa saison estivale, qui représente 70% de ses résultats, pour espérer dynamiser une valorisation "à la casse". A 6,20 euros, le titre s'échange loin de l'objectif de cours moyen prédit par les analystes de Factset, de 10,49 euros.



Neopost (-21,1%). Le spécialiste des solutions de traitement du courrier a encore du chemin à parcourir avant de convaincre les investisseurs de l'efficacité de sa nouvelle stratégie, dévoilée en janvier dernier. Si le plan "Back to Growth" prévoit pour la période 2019-2022 une croissance annuelle moyenne du chiffre d'affaires de l'ordre de 5%, hors effet de change, 2019 sera une année de transition. Les ventes ont progressé de 6,9% en données publiées et de 2,9% à taux de change et périmètre constants au premier trimestre, mais la base de comparaison va s'élever à compter du deuxième trimestre, a prévenu fin mai le directeur financier, Jean-François Labadie. Le secteur des solutions de traitement du courrier reste difficile, comme le montrent les pertes essuyées au premier trimestre par le concurrent historique, l'Américain Pitney Bowes. La récente nomination de Didier Lamouche, habitué des redressements de situations, au poste de président du conseil d'administration, ne sera pas de trop pour accélérer le rééquilibrage du portefeuille d'activités. Les analystes visent, en moyenne, 24,55 euros pour le titre Neopost, qui a terminé le premier semestre sur un cours de Bourse de 18,80 euros.



Bic (-24,8%). Le fabricant de stylos, briquets, rasoirs et articles promotionnels n'est pas parvenu à regagner la confiance des investisseurs ces derniers mois, accusant la plus forte baisse de l'indice SBF 120 au cours du semestre écoulé. Les perspectives sont peu engageantes. Après avoir atteint 20,6% en 2016, 19,6% en 2017 et 18,1% l'an passé, la marge d'exploitation normalisée devrait s'établir entre 16,5% et 18% cette année, selon l'objectif fixé par les dirigeants. La rentabilité est donc bien partie pour s'effriter pour la quatrième année d'affilée. Au vu de la dégradation continue des résultats, les investisseurs espèrent beaucoup du plan de transformation mis sur pied par Bic. La seconde phase de cette feuille de route, visant à réaliser pour 25 millions d'euros d'économies par an à partir de la fin 2022, a débuté le mois dernier. "Les éléments de ce plan sont positifs mais il faudra que l'exécution suive", estimait récemment Steve Levy, analyste chez Mainfirst. L'action aura beaucoup de difficultés à reprendre de la hauteur sans avancée concrète sur ces sujets. L'objectif de cours moyen de 80,20 euros calculé par les analystes induisant un potentiel de hausse supérieur à 15%, tout espoir n'est pas perdu.



-Alice Doré, Julien Marion, François Schott, Dimitri Delmond et François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: VLV



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July 01, 2019 09:20 ET (13:20 GMT)




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