Les majors pétrolières n'ont pas fini de déprécier des actifs - Plus Inter
01 Juillet 2020 - 12:51PM
Dow Jones News
Rochelle Toplensky,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les plus grandes compagnies pétrolières
et gazières du monde n'en finissent pas de déprécier des actifs,
soulignant la détérioration du rapport entre les risques et les
avantages liés à l'investissement dans ces sociétés.
Le groupe anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a annoncé mardi qu'il
enregistrerait des dépréciations après impôts pouvant aller jusqu'à
22 milliards de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre,
après avoir revu à la baisse ses prévisions pour les prix de
l'énergie et pour les marges de raffinage. Pour les mêmes raisons,
son concurrent BP a annoncé mi-juin qu'il comptabiliserait entre 13
milliards et 17,5 milliards de dollars de dépréciations d'actifs au
deuxième trimestre.
Au début de l'année, les majors pétrolières anticipaient le prix du
baril de brut entre 75 et 90 dollars à long terme. Même avant le
début de la pandémie de nouveau coronavirus, cette prévision
paraissait trop optimiste et Chevron a comptabilisé une
dépréciation d'actifs de 10,4 milliards de dollars au quatrième
trimestre de 2019. Les géants du secteur ajustent désormais leurs
anticipations de prix et les analystes de Wood Mackenzie,
spécialistes de l'énergie, s'attendent "à de nouvelles
dépréciations importantes".
"Il y a quelques années, peu de spécialistes de l'industrie du
pétrole et du gaz auraient accepté l'idée du risque climatique,
d'un pic de demande, d'actifs bloqués, etc. Aujourd'hui, les
entreprises élaborent des stratégies selon ces idées", indique Luke
Parker, analyste chez Wood Mackenzie.
Baisse des dividendes et des dépenses d'investissement
La baisse des cours du pétrole et la réduction des dividendes payés
ou à verser par les majors ont réduit les perspectives de rendement
pour les investisseurs à mesure que les risques augmentent. Les
anticipations concernant le niveau de la demande n'ont jamais été
aussi incertaines. Le caractère imprévisible du ralentissement
économique puis de la reprise s'ajoute aux craintes déjà existantes
selon lesquelles les engagements gouvernementaux en faveur de la
décarbonisation pourraient rendre certains actifs coûteux non
rentables.
La vague de dépréciations augmente le taux d'endettement des
entreprises, mesuré par le rapport entre le niveau de leur dette et
leurs immobilisations corporelles liées à l'activité pétrolière. Ce
taux ressort à 7% pour chevron, 9% pour Shell et 13% pour BP.
L'évolution des cours du pétrole à long terme est difficile à
prévoir, mais de nouvelles dépréciations ne sont pas à exclure.
Shell anticipe toujours un prix du baril à 60 dollars en 2023 et
après. Le prix du baril de Brent, servant de référence mondiale, se
situe actuellement autour de 41 dollars après avoir coté 15 dollars
plus tôt dans l'année.
En réponse à la chute des prix du brut, l'industrie a réduit ses
dépenses d'investissement, mais l'Agence internationale de
l'énergie estime toujours que le secteur dépensera près de 500
milliards de dollars cette année afin de maintenir la production
des puits en exploitation et pour trouver de nouvelles réserves. Ce
montant est colossal et les dépréciations d'actifs soulignent
qu'une partie de cet argent pourrait être gaspillé.
Les actions des majors pétrolières sont très bon marché, en
particulier en Europe, où les investisseurs prennent plus au
sérieux les risques liés au climat. Le titre Shell a cédé plus de
3% mardi et s'échange à un tiers de sa valeur comptable, soit un
plus bas depuis au moins deux décennies. Toutefois, compte tenu de
la perspective d'une mauvaise utilisation du capital, les risques
semblent toujours l'emporter sur les opportunités pour les
actionnaires.
-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal
(Version française Dimitri Delmond) ed: VLV
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