Rochelle Toplensky,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les plus grandes compagnies pétrolières et gazières du monde n'en finissent pas de déprécier des actifs, soulignant la détérioration du rapport entre les risques et les avantages liés à l'investissement dans ces sociétés.



Le groupe anglo-néerlandais Royal Dutch Shell a annoncé mardi qu'il enregistrerait des dépréciations après impôts pouvant aller jusqu'à 22 milliards de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre, après avoir revu à la baisse ses prévisions pour les prix de l'énergie et pour les marges de raffinage. Pour les mêmes raisons, son concurrent BP a annoncé mi-juin qu'il comptabiliserait entre 13 milliards et 17,5 milliards de dollars de dépréciations d'actifs au deuxième trimestre.



Au début de l'année, les majors pétrolières anticipaient le prix du baril de brut entre 75 et 90 dollars à long terme. Même avant le début de la pandémie de nouveau coronavirus, cette prévision paraissait trop optimiste et Chevron a comptabilisé une dépréciation d'actifs de 10,4 milliards de dollars au quatrième trimestre de 2019. Les géants du secteur ajustent désormais leurs anticipations de prix et les analystes de Wood Mackenzie, spécialistes de l'énergie, s'attendent "à de nouvelles dépréciations importantes".



"Il y a quelques années, peu de spécialistes de l'industrie du pétrole et du gaz auraient accepté l'idée du risque climatique, d'un pic de demande, d'actifs bloqués, etc. Aujourd'hui, les entreprises élaborent des stratégies selon ces idées", indique Luke Parker, analyste chez Wood Mackenzie.



Baisse des dividendes et des dépenses d'investissement



La baisse des cours du pétrole et la réduction des dividendes payés ou à verser par les majors ont réduit les perspectives de rendement pour les investisseurs à mesure que les risques augmentent. Les anticipations concernant le niveau de la demande n'ont jamais été aussi incertaines. Le caractère imprévisible du ralentissement économique puis de la reprise s'ajoute aux craintes déjà existantes selon lesquelles les engagements gouvernementaux en faveur de la décarbonisation pourraient rendre certains actifs coûteux non rentables.



La vague de dépréciations augmente le taux d'endettement des entreprises, mesuré par le rapport entre le niveau de leur dette et leurs immobilisations corporelles liées à l'activité pétrolière. Ce taux ressort à 7% pour chevron, 9% pour Shell et 13% pour BP. L'évolution des cours du pétrole à long terme est difficile à prévoir, mais de nouvelles dépréciations ne sont pas à exclure. Shell anticipe toujours un prix du baril à 60 dollars en 2023 et après. Le prix du baril de Brent, servant de référence mondiale, se situe actuellement autour de 41 dollars après avoir coté 15 dollars plus tôt dans l'année.



En réponse à la chute des prix du brut, l'industrie a réduit ses dépenses d'investissement, mais l'Agence internationale de l'énergie estime toujours que le secteur dépensera près de 500 milliards de dollars cette année afin de maintenir la production des puits en exploitation et pour trouver de nouvelles réserves. Ce montant est colossal et les dépréciations d'actifs soulignent qu'une partie de cet argent pourrait être gaspillé.



Les actions des majors pétrolières sont très bon marché, en particulier en Europe, où les investisseurs prennent plus au sérieux les risques liés au climat. Le titre Shell a cédé plus de 3% mardi et s'échange à un tiers de sa valeur comptable, soit un plus bas depuis au moins deux décennies. Toutefois, compte tenu de la perspective d'une mauvaise utilisation du capital, les risques semblent toujours l'emporter sur les opportunités pour les actionnaires.



-Rochelle Toplensky, The Wall Street Journal



(Version française Dimitri Delmond) ed: VLV



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July 01, 2020 06:31 ET (10:31 GMT)




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