Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--La pandémie de coronavirus a donné un coup de pouce inattendu à Capgemini. L'entreprise de services numériques a annoncé mercredi détenir 98% de la société de R&D externalisée Altran Technologies, à l'issue de la réouverture de son offre publique d'achat (OPA). Le groupe a en conséquence demandé à l'Autorité des marchés financiers son retrait de la cote, mettant un point final à un long feuilleton.



L'OPA de Capgemini a protégé le cours de l'action Altran de la chute des marchés causée par la crise sanitaire. Les actionnaires qui n'avaient pas déjà apporté leurs titres ont donc saisi la main tendue par Capgemini. Parmi eux, le fonds Elliott a finalement cédé après avoir critiqué à maintes reprise le prix de l'offre, initialement de 14 euros puis porté à 14,5 euros par titre.



Capgemini a désormais les mains libres pour intégrer Altran. En prenant 100% du capital, l'entreprise s'épargne la présence d'un actionnaire remuant, comme Elliott, ainsi qu'un coût de sortie des minoritaires potentiellement élevé. "Le risque était que Capgemini paie 17 euros voire 18 euros par action dans les prochaines années pour sortir les actionnaires qui seraient restés au capital d'Altran", explique Nicolas David, analyste chez Oddo BHF.



Le R&D externalisée ébranlée par la crise



Capgemini pourra tirer au mieux les synergies de coûts, attendues entre 70 et 100 millions d'euros avant impôts en année pleine, ce qui aurait été impossible si Altran était resté coté. Les synergies de revenus, évaluées entre 200 et 350 millions d'euros d'ici à trois ans, ont par ailleurs été confirmées par Capgemini. L'agence de notation Standard and Poor's s'attend à ce que l'entreprise réalise l'intégralité des synergies de coûts dès 2022 et extraie 275 millions d'euros de revenus additionnels dans les trois années suivant l'acquisition.



Revers de la médaille: l'intégration d'Altran survient à un moment où la crise ébranle le secteur technologique, surtout celui de la R&D externalisée. Alten et Akka, deux concurrents d'Altran, ont vu leur cours de Bourse respectif fondre de 47% et 63% depuis le 1er janvier.



Les principaux clients des sociétés de R&D externalisée sont pour l'essentiel de grands industriels dont les activités sont perturbées par les mesures de confinement. Pour préserver leurs finances, ces donneurs d'ordre risquent de reporter voire d'annuler des projets. Altran ne sera certainement pas épargné, même si le groupe est plus diversifié qu'une société comme Akka. A titre d'exemple, l'automobile a représenté presque 20% du chiffre d'affaires d'Altran en 2019. Bryan Garnier anticipe un repli organique des revenus de l'entreprise de 12,4% au deuxième trimestre et de 6,1% sur l'ensemble de 2020.



"Il est bien évident que le contexte économique actuel a un impact. Mais nous comptons bien en sortir et derrière, il y aura une reprise probablement dans les deux années qui viennent", a affirmé aux Echos, Aiman Ezzat, qui prendra la direction générale de Capgemini en mai.



Un potentiel qui s'appréciera sur le long terme



Le coronavirus empêche dans l'immédiat d'apprécier les vertus de l'opération. "La pandémie de coronavirus compliquera le suivi de l'exécution des synergies. Avec la baisse attendue des chiffres d'affaires et de la rentabilité des deux groupes, il ne sera pas aisé de les identifier", explique Matthieu Lavillunière, analyste chez Invest Securities.



Capgemini ne pouvait prévoir de telles circonstances lorsque les deux groupes avaient annoncé en juin cette union. "Le rapprochement entre Capgemini et Altran s'inscrivait de toute façon à moyen terme", souligne toutefois Nicolas David, d'Oddo BHF. "L'intérêt de l'opération est en grande partie maintenue, même si dans l'immédiat la contribution d'Altran sera bien plus faible que prévu", juge-t-il.



L'union "conserve du sens à long terme", confirme Matthieu Lavillunière d'Invest Securities. "Mais dans le cadre de ce rachat, Capgemini se positionnait pour profiter d'une vague d'investissements de 'digitalisation' de l'industrie qui, dans le contexte actuel, sera à minima décalée dans le temps", nuance l'analyste.



Lors de la publication des revenus du premier trimestre, le 28 avril, Capgemini livrera ses perspectives 2020 intégrant la consolidation d'Altran au 1er avril. Le groupe fera ensuite un point en septembre sur la mise en place des synergies.



En attendant, malgré les incertitudes économiques liées au coronavirus, les analystes continuent de plébisciter Capgemini. Selon FactSet, 80% d'entre eux recommandent d'acheter la valeur et aucun ne propose de la vendre. Credit Suisse considérait lundi "aberrante" la chute du titre, de 32% depuis le début de l'année. Le groupe dirigé par Paul Hermelin devra se montrer à la hauteur de ces attentes. Ce qui ajoute une autre raison de guetter avec attention la publication du 28 avril.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



April 02, 2020 09:59 ET (13:59 GMT)




Copyright (c) 2020 L'AGEFI SA
Capgemini (EU:CAP)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Capgemini
Capgemini (EU:CAP)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024 Plus de graphiques de la Bourse Capgemini