Les rivaux de L'Oréal devraient s'inspirer de ses pratiques pour resplendir - DJ Plus
15 Juillet 2019 - 1:14PM
Dow Jones News
Carol Ryan,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Coty et Avon, deux icônes américaines de
la beauté en difficulté, pourraient avoir meilleure allure si leurs
nouveaux actionnaires majoritaires leur prêtaient d'avantage
attention.
Les ventes de rouge à lèvres et de crèmes de soin de la peau se
sont développées au cours des dernières années, portées par la
hausse du pouvoir d'achat dans les marchés émergents et par une
génération "selfie" qui n'hésite pas à consacrer une part
substantielle de ses revenus au maquillage.
Selon les projections d'Euromonitor, le secteur devrait continuer à
croître de 6% par an au cours des trois prochaines années. Dans le
domaine de la consommation, seuls les produits de luxe et les
spiritueux connaîtront une croissance plus rapide, indique le
cabinet.
Pour les investisseurs, les options ne sont pourtant pas évidentes.
Ceux qui n'ont pas encore misé sur les géants du secteur risquent
d'être dissuadés par leur valorisation tapageuse. Les actions
L'Oréal et Estée Lauder s'échangent actuellement à environ 31 fois
leurs bénéfices projetés. Le Japonais Shiseido, qui est plus exposé
à la catégorie des soins de la peau dont la croissance est
particulièrement rapide, s'échange même à 36 fois les bénéfices
attendus. Depuis la crise financière, ces actions ont généré des
rendements annuels de 20% ou plus pour leurs actionnaires.
Les valeurs - comme Coty notamment - faisant actuellement mauvaise
figure, pourraient s'avérer un bon pari pour les actionnaires. A
condition que quelques points noirs soient effacés au sein de ces
entreprises.
Après avoir peiné à moderniser son modèle de ventes de
porte-à-porte, Avon a été repris à la fin mai par le groupe
brésilien Natura, une opération valorisant ses fonds propres à
environ 2 milliards de dollars, alors que sa capitalisation
boursière atteignait près de 22 milliards de dollars en 2004. De
son côté, Coty a vu son actionnaire majoritaire, la société
d'investissement JAB Holding, porter sa participation de 40% à 60%
en avril dernier.
Les start-up font de l'ombre sur internet
Coty a dévoilé ce mois-ci un plan de redressement à quatre ans et
passé une dépréciation de 3 milliards de dollars sur un ensemble de
marques rachetées à Procter & Gamble en 2015, parmi lesquelles
CoverGirl. Ces marques, vendues principalement en grands magasins,
ont pâti de l'émergence de start-up proposant leurs produits
directement sur internet.
A 17 fois les bénéfices attendus pour l'année en cours, Coty figure
parmi les actions les plus accessibles du secteur. S'il était mieux
géré, le groupe pourrait ressembler à L'Oréal.
Coty possède des marques bien établies, telles que Rimmel et Max
Factor. Il doit encore renforcer sa présence en Asie, mais le
groupe est positionné sur les bons segments de marché. Comme
L'Oréal, la firme américaine tire un tiers de ses revenus de ses
marques de cosmétique de luxe, qui connaissent une croissance
supérieure aux marques grand public. Elle dispose également d'une
présence forte dans les produits professionnels destinés aux salons
de beauté, où les barrières à l'entrée sont élevées, et réalise
environ 10% de son chiffre d'affaires en ligne, une part à peine
inférieure à l'e-commerce de L'Oréal.
Les résultats financiers sont beaucoup moins flatteurs pour le
groupe américain. Coty a dégagé l'année dernière une marge
opérationnelle de seulement 1,7% alors que celle de L'Oréal a
atteint 18%, et son chiffre d'affaires est resté stable contre une
croissance de 7,1% pour le groupe français. A la faible croissance
des revenus de Coty s'ajoute un lourd endettement, à 5,7 fois
l'Ebitda.
L'Oréal investit massivement dans le marketing
Coty semble ne pas disposer du flair de L'Oréal en matière de
marketing et son budget publicitaire est insuffisant. L'américain
investit environ 20% de son chiffre d'affaires dans la promotion de
ses marques, contre 30% pour L'Oréal. Son budget dédié à
l'innovation représente par ailleurs un maigre 1,9% du chiffre
d'affaires, un pourcentage trop faible pour défendre ses parts de
marché face à l'assaut des marques numériques.
Coty gagnerait à imiter la stratégie de L'Oréal sur internet. La
société française a consacré près de la moitié de son budget
marketing aux canaux numériques en 2018, à comparer à 12% cinq ans
plus tôt, et comptait plus de 6 milliards de vues sur YouTube l'an
dernier. Elle travaille avec des micro-influenceurs, dont des
blogueurs spécialisés dans la beauté comptant 10.000 abonnés ou
plus, afin de faire connaître ses produits et de surveiller les
nouvelles tendances.
L'Oréal a également évité le genre de transactions à plusieurs
milliards de dollars qui sont à l'origine des problèmes de Coty.
L'an dernier, le groupe français a acheté ModiFace, une société
canadienne spécialisée dans la réalité augmentée appliquée au monde
de la cosmétique. ModiFace permet aux clients d'essayer
virtuellement, sur leur smartphone, différents tons de maquillage.
Même si le prix d'acquisition n'était pas assez élevé pour être
divulgué, les taux de conversion en ventes pour les acheteurs
utilisant le service ont triplé.
Coty n'a pas l'allure de L'Oréal. Mais en utilisant certaines
astuces qui ont fait leurs preuves chez son concurrent français, le
vilain petit canard de l'industrie des cosmétiques pourrait
davantage lui ressembler.
-Carol Ryan, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck, François Schott et Eric Chalmet)
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July 15, 2019 06:54 ET (10:54 GMT)
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