Les "telcos" européennes devraient retrouver les faveurs du marché - Plus Europe
15 Septembre 2020 - 9:51AM
Dow Jones News
Stephen Wilmot,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Le télétravail est entré dans la vie de
nombreux ménages cette année et l'internet haut débit est devenu
aussi crucial pour eux que l'électricité. Si les investisseurs
commencent aussi à percevoir l'accès à internet comme un bien
essentiel, le secteur européen des télécommunications pourrait
enfin voir ses performances s'améliorer.
Si les valeurs Internet ont bondi en Bourse cette année, les
actions des fournisseurs d'accès à Internet ont baissé : au sein de
l'indice Stoxx Europe 600, le secteur des télécoms accuse un repli
de 12% en dollars, deux fois plus élevé que celui de l'indice
total.
Cette tendance est familière : les valeurs télécoms perdent de la
valeur depuis cinq ans, pénalisées par une concurrence intense, la
lourdeur des investissements nécessaires pour survivre dans le
secteur et des difficultés réglementaires. Raison de plus pour les
investisseurs de se tenir à l'écart, la pandémie de coronavirus
pèse sur les déplacements internationaux et donc sur les frais
d'itinérance, qui génèrent de lucratifs revenus pour les
opérateurs.
Le soutien déterminant du capital-investissement
Néanmoins, les actifs des opérateurs de télécommunications sont
convoités par les sociétés de capital-investissement, ce qui laisse
penser qu'ils pourraient retrouver une place dans le portefeuille
des investisseurs.
Les spécialistes des infrastructures sont prêts à payer plus cher
pour les réseaux que les investisseurs pour les valeurs télécoms.
Telecom Italia a récemment accepté de céder une participation de
37,5% dans une partie de son réseau à KKR Infrastructure pour 1,8
milliard d'euros. La valeur d'entreprise implicite de la
transaction s'établit à environ 8,6 fois l'excédent brut
d'exploitation (Ebitda), à comparer à un multiple de l'ordre de 5,3
fois pour l'ensemble du groupe Telecom Italia.
L'ancien monopole italien subit des pressions politiques pour
déployer un réseau de fibre optique sur son marché intérieur, mais
il est déjà lourdement endetté. La transaction avec KKR constitue
un moyen de financer ce projet sans dilution pour les actionnaires.
De telles initiatives arbitrent les écarts entre les horizons de
rendement des différents investisseurs, explique James Ratzer,
responsable de la recherche sur les services de communications en
Europe de New Street Research.
Les investisseurs en actions souhaitent obtenir un dividende en
quelques années. Pour leur part, les spécialistes des
infrastructures semblent prêts à accepter quatre à sept ans de
consommation de trésorerie pour les programmes de fibre optique à
destination des particuliers en échange de la promesse de
rendements élevés au-delà.
Ecart de valorisations
Le phénomène ne se limite pas à l'Europe : en juillet, Altice USA a
vendu près de la moitié de son activité de fibre optique Lightpath
à Morgan Stanley Infrastructure Partners. Les valorisations ont
tendance à être plus élevées aux Etats-Unis, un marché moins
réglementé. Mais là encore, un écart important entre le prix de la
transaction et les multiples des actions cotées a pu être
constaté.
Une divergence parallèle existe entre la valorisation des tours de
téléphonie mobile et celle des opérateurs, ce qui incite les
fournisseurs de téléphonie mobile à vendre leurs pylônes. En juin,
le géant espagnol Telefónica, criblé de dettes, a cédé un
portefeuille de tours allemandes à Telxius, une société distincte
qu'il possède en partenariat avec KKR et un autre investisseur,
pour un niveau remarquable de 23 fois l'Ebitda. Pas étonnant que le
concurrent de Telefónica, Vodafone, dont le titre s'échange pour
environ six fois son Ebidta, prépare une introduction en Bourse
partielle de ses tours au début de l'année prochaine.
Toute cette ingénierie financière met en évidence la valeur cachée
des fournisseurs d'accès à Internet européens. L'appétit des
investisseurs spécialisés pour la transmission de données
politiquement sensibles est tout aussi important pour expliquer
l'évolution du secteur. En Europe, du moins, les infrastructures de
télécommunications ressemblent de plus en plus à des services
réglementés aux collectivités.
Afin d'envisager la question sous cet angle, les investisseurs en
Bourse doivent se faire une idée plus précise des rendements qui
découleront à terme des investissements coûteux en fibres et en 5G.
Ce changement pourrait cependant, à un moment donné, bouleverser la
situation boursière du secteur. Les flux de trésorerie réglementés
des "utilities" sont attrayants à une époque où les taux d'intérêt
sont extrêmement bas. Les services aux collectivités européens
s'échangent pour une valeur d'entreprise de près de 9 fois
l'Ebitda, contre un multiple moyen de 6,1 fois pour les opérateurs
de télécommunications.
Les fournisseurs d'accès à l'internet européens ont connu cinq
années épouvantables. Les cinq prochaines pourraient s'avérer bien
plus favorables.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Valérie Venck) ed: ECH
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September 15, 2020 03:31 ET (07:31 GMT)
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