Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)-- Bouygues a livré une copie satisfaisante jeudi. Les résultats sur neuf mois du conglomérat ont été salués par les analystes comme par le marché, le titre prenant jusqu'à 4% en début de séance, avant que les craintes sur le Brexit ne portent un coup à l'ensemble du marché parisien. En début d'après-midi, Bouygues gagnait encore 0,4% l'une des rares hausses de la cote parisienne. Cette publication confirme que la correction de 10% que le titre a connue depuis l'avertissement sur ses activités de construction, mi-octobre, constitue un accident de parcours et non une sortie de route. Les bonnes tendances sur l'ensemble des activités de Bouygues devraient ainsi porter le titre à moyen terme.



Certes, côté construction, l'avertissement sur résultats d'octobre avait de quoi surprendre, car communiqué seulement deux semaines après une journée investisseurs dédiée à cette activité. "La construction est par définition un métier dans lequel vous avez parfois des accidents", a reconnu Philippe Marien, directeur général délégué de Bouygues en charge des Finances, lors d'une conférence téléphonique. Bouygues avait été contraint de réviser ses perspectives sur cette activité, tablant sur une baisse du résultat courant opérationnel pour 2018 par rapport à 2017, contre une hausse auparavant. La faute en incombe aux difficultés de Bouygues Energies et Services sur trois contrats de Colas Rail, pénalisé par les grèves SNCF.



Des problèmes ponctuels dans la construction



Passé cette mauvaise surprise, l'avertissement n'avait rien d'inquiétant sur le long terme. Comme le soulignait Raymond James, les éléments l'ayant déclenché étaient exceptionnels et n'enlevaient rien aux bonnes perspectives des activités de construction pour l'an prochain. La chute du titre de 11,9% au lendemain de l'annonce avait d'ailleurs été jugée "exagérée" par Jefferies qui pointait par ailleurs le bon bilan de Bouygues dans la livraison de projets de construction complexe.



Philippe Marien a souligné que les incidents comparables à ceux évoqués mi-octobre ne s'étaient pas produits depuis 10 ans. "Un accident opérationnel tous les 10 ans, je prends", a-t-il affirmé jeudi. Le groupe de construction s'arme pour éviter que de tels dérapage se reproduisent. Colas Rail fait ainsi l'objet d'une revue stratégique dont les résultats seront communiqué début 2019. Philippe Marien a indiqué qu'il s'agira de redéfinir "la façon de contractualiser et de travailler avec la SNCF", sans donner davantage de précisions. Concernant Bouygues Energie et Services, les difficultés sur deux des trois contrats en question concernent des centrales de biomasse au Royaume-Uni. Sur ce type de contrats, mieux margés, "l'acquisition du suisse Alpiq (finalisée en juillet NDLR) va clairement les aider pour la suite", juge Eric Lemarié, analyste chez Bryan Garnier. "Au final, cette expérience pourrait s'être avérée très positive pour eux", ajoute-t-il.



Outre ces problèmes ponctuels, la construction chez Bouygues se porte bien. Le carnet de commandes a atteint un niveau record de 33,8 milliards d'euros à la fin septembre. En dehors des entités liés à l'avertissement d'octobre, Barclays juge d'ailleurs"rassurants" les résultats des activités de construction au troisième trimestre.



Surtout, les perspectives de moyen et long terme restent porteuses. "Bouygues semble bien positionné pour tirer parti des tendances structurelles, notamment la croissance démographique, l'urbanisation accrue, l'élargissement des appels d'offres", estime Barclays. JPMorgan Cazenove dresse le même constat, soulignant que Bouygues devrait être soutenu par les projets liés au Grand Paris, sur lesquels les marges sont élevées et les pressions concurrentielles moins importantes en raison de leur complexité. JPMorgan Cazenove affirme que les investisseurs ne prenaient pas suffisamment en compte ces bonnes tendances dans leur jugement sur Bouygues.



La bonne vague de Bouygues Telecom



L'horizon est également au beau fixe pour Bouygues Telecom. La filiale a encore porté au troisième trimestre l'ensemble du groupe avec des performances commerciales meilleures qu'attendu. Hors forfait "machine to machine", sans implication humain et à faible marge, Bouygues Telecom a recruté 199.000 client sur le mobile et 71.000 sur le fixe. "Leur stratégie s'avère payante, les recrutements sur le mobile sont restés soutenus, et les marges continuent d'augmenter alors que le troisième trimestre a été intense en termes de pressions concurrentielles", souligne Jean-Bapstiste Sergeant de Mainfirst. Si dans les télécoms, les tendances demeurent fragiles, Bouygues Telecom surfe sur une bonne vague. "Ils ont prouvé à plusieurs reprises leur résilience dans un contexte de marché compliqué. Il n'y a pas de raisons évidentes pour que les choses s'inversent à court terme", juge Thomas Coudry, analyste chez Bryan Garnier. Morningstar estime de son côté que l'opérateur télécoms devraient continuer à afficher une croissance robuste lors des cinq prochaines années avec un taux moyen de 2,6%.



Quant à TF1, le bon accueil que les analystes et les investisseurs ont réservé à ses journées investisseurs de septembre sont là encore de bon augure pour le long terme.



Ces bonnes tendances dont bénéficie Bouygues ne se reflètent pas encore dans le titre. A 32,9 euros, Bouygues accuse encore un repli de 24% depuis le début de l'année, et le consensus des analystes compilé par FactSet lui laisse une marge d'appréciation de 25%. Ce potentiel plaide pour que les investisseurs pardonnent à Bouygues l'incident d'octobre dernier.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



November 15, 2018 10:15 ET (15:15 GMT)




Copyright (c) 2018 L'AGEFI SA
Bouygues (EU:EN)
Graphique Historique de l'Action
De Fév 2024 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Bouygues
Bouygues (EU:EN)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2023 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Bouygues