Julien Marion et François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les groupes français de spriritueux Rémy Cointreau (RCO.FR) et Pernod Ricard (RI.FR) ont publié cette semaine des résultats trimestriels impressionnants mais leur potentiel boursier demeure limité, alors que leur croissance est appelée à se normaliser au cours des prochains trimestres. Pernod Ricard constitue toutefois un investissement moins onéreux que son concurrent pour les investisseurs qui souhaitent rester exposés à la reprise du marché des spiritueux.



Les deux entreprises ont largement dépassé les attentes au cours du trimestre écoulé, portées par le Nouvel an chinois et l'engouement planétaire pour le cognac. A taux de change et périmètre constants, les ventes ont progressé de 12,8% chez Rémy Cointreau et de 9,5% pour Pernod Ricard, des performances dignes du secteur du luxe et assez éloignées de celles, beaucoup plus modestes, du secteur agroalimentaire. Tous deux ont logiquement confirmé leurs objectifs de croissance du résultat opérationnel courant sur l'ensemble de l'exercice.



Ces bonnes nouvelles avaient été anticipées par les investisseurs, dont certains ont pris leurs bénéfices à l'issue de ces publications. Les multiples de valorisation des deux entreprises reflètent encore des attentes élevées. "La reprise du marché des spiritueux est désormais pleinement intégrée dans leurs cours et je lutte pour trouver un potentiel de hausse sur les deux valeurs", indique Jonathan Fyfe, de Mirabaud Securities, qui affiche une recommandation "conserver" sur les deux titres, comme la plupart des analystes.



Le prix du modèle "pure-player" de Rémy Cointreau



Après une progression de 80% au cours des deux dernières années, le titre Rémy Cointreau est aujourd'hui nettement plus onéreux que ceux de ses concurrents. Il se paie 34 fois les bénéfices attendus pour 2019, soit une prime de 65% sur Diageo et Pernod. "Remy Cointreau a un modèle quasi-unique au sens où c'est quasiment un pure-player du cognac. Ses opportunités de croissance sont meilleures que celles de Diageo ou de Pernod Ricard, mais le problème est que ce modèle centré sur le cognac a un prix en Bourse", souligne Jonathan Fyfe.



De fait, le groupe a su capter le rebond de la demande de cognac en Chine, après la levée des restrictions sur l'achat de produits somptuaires, tout en mettant en oeuvre une stratégie de montée en gamme et d'internationalisation. Mais les performances exceptionnelles enregistrées sur l'année écoulée risquent de ne pas se répéter. "Personne ne peut tenir la cadence d'expédition de cognac. La croissance des volumes va se normaliser autour de 2-3% contre 6% aujourd'hui", prévient un analyste.



Alors que la spécialisation sur le cognac constitue aujourd'hui un "énorme avantage comparatif", il reste difficile de prédire l'évolution de la demande et la production présente des risques considérables comparé à celle de whisky, ajoute Liberum.



L'accélération de la croissance de Pernod Ricard



Bien qu'il soit confronté aux mêmes problèmes de gestion de ses stocks de cognac, Pernod Ricard bénéficie d'un profil plus diversifié et d'une accélération sur ses principaux marchés. "Pernod Ricard a connu une croissance de ses ventes substantielle cette année, notamment au regard de l'an passé, aidé en partie par des bases de comparaison favorables en Inde et en Chine. Mais on voit bien que la dynamique est porteuse sur ces deux marchés. C'est aussi le cas aux Etats-Unis où le groupe a désormais une croissance presque en ligne avec le marché", note Virginie Roumage, analyste chez Bryan Garnier.



La valorisation de Pernod Ricard, à 23 fois les bénéfices attendus, est également moins exigeante. "Nous préférons jouer la reprise de l'industrie des spiritueux via Diageo et Pernod, qui accélèrent tous deux leur croissance organique et ont plus de potentiel d'amélioration de leurs marges", indique ainsi Credit Suisse. Les analystes de CFRA jugent que l'action conserve un potentiel de hausse et voient le groupe dépasser son objectif d'une croissance organique du résultat opérationnel courant comprise entre 4% et 6% cette année.



Autre élément plaidant en faveur de Pernod Ricard, le groupe compte associer plus largement ses actionnaires à ses bénéfices au cours des prochaines années. Il prévoit de distribuer jusqu'à 50% de son résultat net courant à compter de 2020, contre une moyenne historique de 33%.



Si les deux groupes spécialisés dans les spiritueux font face à un marché habitué à les voir briller sur le plan opérationnel, il apparaît que le détenteur des marques Martell et Ricard reste le plus susceptible de réserver encore de rares bonnes surprises aux investisseurs.



-FrançoisSchott et JulienMarion, Agefi-DowJones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



April 20, 2018 10:18 ET (14:18 GMT)




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