L'essoufflement boursier guette Rémy Cointreau davantage que Pernod Ricard - DJ Plus
20 Avril 2018 - 4:38PM
Dow Jones News
Julien Marion et François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Les groupes français de spriritueux Rémy
Cointreau (RCO.FR) et Pernod Ricard (RI.FR) ont publié cette
semaine des résultats trimestriels impressionnants mais leur
potentiel boursier demeure limité, alors que leur croissance est
appelée à se normaliser au cours des prochains trimestres. Pernod
Ricard constitue toutefois un investissement moins onéreux que son
concurrent pour les investisseurs qui souhaitent rester exposés à
la reprise du marché des spiritueux.
Les deux entreprises ont largement dépassé les attentes au cours du
trimestre écoulé, portées par le Nouvel an chinois et l'engouement
planétaire pour le cognac. A taux de change et périmètre constants,
les ventes ont progressé de 12,8% chez Rémy Cointreau et de 9,5%
pour Pernod Ricard, des performances dignes du secteur du luxe et
assez éloignées de celles, beaucoup plus modestes, du secteur
agroalimentaire. Tous deux ont logiquement confirmé leurs objectifs
de croissance du résultat opérationnel courant sur l'ensemble de
l'exercice.
Ces bonnes nouvelles avaient été anticipées par les investisseurs,
dont certains ont pris leurs bénéfices à l'issue de ces
publications. Les multiples de valorisation des deux entreprises
reflètent encore des attentes élevées. "La reprise du marché des
spiritueux est désormais pleinement intégrée dans leurs cours et je
lutte pour trouver un potentiel de hausse sur les deux valeurs",
indique Jonathan Fyfe, de Mirabaud Securities, qui affiche une
recommandation "conserver" sur les deux titres, comme la plupart
des analystes.
Le prix du modèle "pure-player" de Rémy Cointreau
Après une progression de 80% au cours des deux dernières années, le
titre Rémy Cointreau est aujourd'hui nettement plus onéreux que
ceux de ses concurrents. Il se paie 34 fois les bénéfices attendus
pour 2019, soit une prime de 65% sur Diageo et Pernod. "Remy
Cointreau a un modèle quasi-unique au sens où c'est quasiment un
pure-player du cognac. Ses opportunités de croissance sont
meilleures que celles de Diageo ou de Pernod Ricard, mais le
problème est que ce modèle centré sur le cognac a un prix en
Bourse", souligne Jonathan Fyfe.
De fait, le groupe a su capter le rebond de la demande de cognac en
Chine, après la levée des restrictions sur l'achat de produits
somptuaires, tout en mettant en oeuvre une stratégie de montée en
gamme et d'internationalisation. Mais les performances
exceptionnelles enregistrées sur l'année écoulée risquent de ne pas
se répéter. "Personne ne peut tenir la cadence d'expédition de
cognac. La croissance des volumes va se normaliser autour de 2-3%
contre 6% aujourd'hui", prévient un analyste.
Alors que la spécialisation sur le cognac constitue aujourd'hui un
"énorme avantage comparatif", il reste difficile de prédire
l'évolution de la demande et la production présente des risques
considérables comparé à celle de whisky, ajoute Liberum.
L'accélération de la croissance de Pernod Ricard
Bien qu'il soit confronté aux mêmes problèmes de gestion de ses
stocks de cognac, Pernod Ricard bénéficie d'un profil plus
diversifié et d'une accélération sur ses principaux marchés.
"Pernod Ricard a connu une croissance de ses ventes substantielle
cette année, notamment au regard de l'an passé, aidé en partie par
des bases de comparaison favorables en Inde et en Chine. Mais on
voit bien que la dynamique est porteuse sur ces deux marchés. C'est
aussi le cas aux Etats-Unis où le groupe a désormais une croissance
presque en ligne avec le marché", note Virginie Roumage, analyste
chez Bryan Garnier.
La valorisation de Pernod Ricard, à 23 fois les bénéfices attendus,
est également moins exigeante. "Nous préférons jouer la reprise de
l'industrie des spiritueux via Diageo et Pernod, qui accélèrent
tous deux leur croissance organique et ont plus de potentiel
d'amélioration de leurs marges", indique ainsi Credit Suisse. Les
analystes de CFRA jugent que l'action conserve un potentiel de
hausse et voient le groupe dépasser son objectif d'une croissance
organique du résultat opérationnel courant comprise entre 4% et 6%
cette année.
Autre élément plaidant en faveur de Pernod Ricard, le groupe compte
associer plus largement ses actionnaires à ses bénéfices au cours
des prochaines années. Il prévoit de distribuer jusqu'à 50% de son
résultat net courant à compter de 2020, contre une moyenne
historique de 33%.
Si les deux groupes spécialisés dans les spiritueux font face à un
marché habitué à les voir briller sur le plan opérationnel, il
apparaît que le détenteur des marques Martell et Ricard reste le
plus susceptible de réserver encore de rares bonnes surprises aux
investisseurs.
-FrançoisSchott et JulienMarion, Agefi-DowJones; +33 (0)1 41 27 47
92; fschott@agefi.fr ed: VLV
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