Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Bombardier Transport fait vaciller l'action Alstom en Bourse. Le titre chute de plus de 7% mardi après-midi après une journée investisseurs au cours de laquelle l'équipementier ferroviaire a dévoilé des prévisions de cash décevantes à court terme et des perspectives favorables à moyen terme.



L'entreprise dirigée par Henri Poupart-Lafarge a exposé ses atouts pour capturer la croissance d'un marché ferroviaire attendu en progression en moyenne d'environ 3% par an d'ici à 2025, sans tenir compte de l'impact des plans de relance des différents Etats. Alstom compte faire mieux que son marché, tablant sur une croissance organique supérieure à 5% en moyenne entre ses exercices 2020-2021 et 2024-2025. L'industriel vise par ailleurs une marge d'exploitation ajustée comprise entre 8% et 10% à compter de l'exercice 2024-2025, contre environ 5% en 2020-2021, en données pro forma intégrant sur 12 mois Bombardier Transport, l'acquisition transformante finalisée fin janvier. Ces cibles sont jugées "ambitieuses" par Oddo BHF et "robustes" par Jefferies.



Mais si l'horizon d'Alstom à long terme est prometteur, le marché se focalise sur le court terme, qui demeure obscurci par l'intégration de Bombardier Transport. L'industriel a prévenu que l'exercice qui s'achèvera en mars 2022 constituerait une année "de transition", avec pour priorité la stabilisation des projets en difficultés hérités de l'ex-division ferroviaire du groupe canadien Bombardier.



Un "point de douleur maximale" atteint



Dans cette optique, Alstom va investir dans sa chaîne d'approvisionnement pour augmenter la vitesse de production de son outil industriel, ce qui alourdira son besoin en fonds de roulement. Pour cette raison, l'industriel a annoncé que son flux de trésorerie libre au premier semestre de l'exercice en cours serait négatif, avec un décaissement attendu entre 1,6 milliard et 1,9 milliard d'euros. Si Alstom s'attend à ce que sa génération de trésorerie repasse dans le vert au second semestre, le groupe a prévenu qu'elle serait "significativement" négative sur l'ensemble de l'exercice 2021-2022.



"Le marché est surpris par l'ampleur de la sortie de cash annoncée, c'est ce qu'il sanctionne", explique Jean-Louis Sempé, analyste chez Invest Securities. "La correction est brutale mais n'est pas incohérente avec les annonces du groupe", poursuit l'intermédiaire financier.



"La ponction initiale sur le cash résultant des contrats en difficulté et des retards de livraison de Bombardier est beaucoup plus importante que prévu", souligne Deutsche Bank. La banque allemande table sur un flux de trésorerie libre pour l'ensemble de l'exercice 2021-2022 négatif de 1,2 milliard d'euros et a en conséquence abaissé son objectif de cours pour Alstom à 48 euros, contre 51 euros précédemment.



Morgan Stanley juge néanmoins qu'après cette mauvaise surprise, Alstom devrait désormais avoir atteint "le point de douleur maximale" avec l'intégration de Bombardier Transport. "Le point positif est que la direction donne l'impression de réellement vouloir achever au plus vite la stabilisation des projets" en difficulté, souligne un analyste. Henri Poupart-Lafarge a confirmé que ce chantier devrait prendre "deux à trois ans".



De robustes prises de commandes au premier trimestre



In fine, l'acquisition de Bombardier Transport constituera un moteur et non plus un frein pour l'action Alstom. "Avec les nouveaux objectifs, nous devrions assister à une croissance exponentielle des résultats accompagnée par un redressement très fort du flux de trésorerie libre à partir de 2022-2023", anticipe Oddo BHF qui maintient sa recommandation à l'achat. Le bureau d'études estime que le groupe pourrait par ailleurs progressivement relever son objectif de synergies de 400 millions d'euros en année pleine.



La dynamique commerciale du nouvel ensemble porte par ailleurs ses fruits. "Nous avons déjà eu des succès commerciaux que nous n'aurions pas eus séparément", a assuré Henri Poupart-Lafarge à des journalistes. Au premier trimestre de l'exercice 2021-2022, le groupe a enregistré des prises de commandes robustes d'environ 6 milliards d'euros. Citi juge ce chiffre "encourageant", notant qu'il est supérieur à la prévision moyenne des analystes qui s'établissait à 4,4 milliards d'euros.



Au vu de la chute de l'action ce mardi, les investisseurs audacieux pourront, comme le recommande JPMorgan Cazenove, se positionner sur le titre en considérant que les risques sont desormais limités. Depuis le début de l'année, l'action Alstom cède plus de 12% alors que le CAC 40 progresse de plus de 20%. Les autres attendront que le groupe donne davantage de gages de redressement rapide des projets hérités de Bombardier Transport.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: VLV



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(END) Dow Jones Newswires



July 06, 2021 10:17 ET (14:17 GMT)




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