Stephen Wilmot,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les investissements annoncés la semaine dernière par les constructeurs automobiles dans le secteur des batteries sont venus confirmer un recentrage géopolitique qui, s'il n'est guère surprenant, n'est pas sans risque.



Le constructeur allemand Mercedes-Benz a annoncé vendredi qu'il prendrait une participation de 33% dans Automotive Cells Company, une start-up européenne de batteries créée par le groupe pétrolier Total et le constructeur transatlantique Stellantis avec le soutien de l'Union européenne. Total, Stellantis et Mercedes-Benz détiendront chacun un tiers de la société, qui prévoit de consacrer au moins 7 milliards d'euros d'ici à 2030 à la construction d'usines européennes de production de batteries, ou "gigafactories" pour reprendre l'expression d'Elon Musk. Mercedes-Benz a précisé qu'il verserait moins d'un milliard d'euros au total, ce qui signifie que le projet reposera sur une forte proportion d'emprunts et de subventions.



L'américain Ford avait annoncé en début de semaine dernière qu'il investirait 50 millions de dollars dans Redwood Materials, une startup qui s'efforce de recréer aux Etats-Unis une chaîne d'approvisionnement en batteries lithium-ion. Inventé par J.B. Straubel, co-fondateur et ancien directeur technique de Tesla, Redwood nourrit des ambitions qui font écho à celles du constructeur californien. La semaine dernière, le groupe a indiqué qu'il comptait produire suffisamment de matériaux d'électrodes de batteries pour équiper un million de voitures électriques d'ici à 2025 et cinq millions d'ici à 2030, ce qui équivaudrait à près de la moitié de la production américaine totale sur une année normale.



Alliance avec des entreprises locales



Ces deux opérations sont très différentes, mais présentent un point commun : de part et d'autre de l'Atlantique, les grandes marques automobiles choisissent de s'allier à des entreprises locales de batteries, qui comptent non seulement des sites de production locaux, mais aussi des propriétaires et fondateurs locaux.



Ford avait lancé cette année une coentreprise avec le sud-coréen SK Innovation, l'un des acteurs est-asiatiques qui dominent actuellement le marché mondial des batteries. Jusqu'à présent, les plus importants fournisseurs de batteries de Mercedes-Benz, dont le premier actionnaire est le milliardaire chinois Li Shufu, étaient tous les deux chinois : CATL et Farasis Energy, dans lequel le constructeur allemand détient une petite participation. Les constructeurs avaient besoin du savoir-faire et des capacités de production bien rodés de ces partenaires.



En comparaison, Automotive Cells Company (ACC) et Redwood sont des start-ups qui n'ont pas encore fait leurs preuves, qui portent pour l'instant des projets peu nombreux mais ambitieux et qui disposent de soutiens relativement puissants. Elles endossent en revanche une encombrante dimension politique dont sont dépourvus les groupes est-asiatiques. En Europe, ACC est le fruit d'une ambition franco-allemande visant à créer une sorte d'Airbus des batteries, qui constituent désormais un pilier de la nouvelle stratégie industrielle de l'Union européenne pour concurrencer la Chine.



Des batteries américaines tributaires de la Chine



Les Etats-Unis de Joe Biden prennent la même direction. Redwood, qui s'efforce de rapatrier l'ensemble de la chaîne logistique, joue un rôle particulier pour Washington. Les batteries actuellement fabriquées aux Etats-Unis dépendent lourdement pour leurs intrants de la transformation des métaux en Chine. Tesla s'approvisionne pour sa part en lithium auprès du chinois Ganfeng, par exemple.



Pour des groupes comme Ford et Mercedes-Benz, se mettre au diapason avec des priorités politiques présente l'avantage de pouvoir prétendre à des aides et subventions publiques. Le secteur automobile ne peut espérer s'affranchir de toute dimension politique. Il existe en revanche un inconvénient : cela les oblige à prendre leurs distances avec des groupes est-asiatiques dotés d'une plus grande expertise technique. Mercedes-Benz en particulier n'a jamais misé aussi gros, en ce qui concerne les batteries, sur une société qui n'est guère, pour l'heure, qu'une cellule de recherche et développement. Volkswagen, avec sa participation d'environ 20% dans le suédois Northvolt, est dans une situation similaire.



Pour les entreprises de batteries "maison" aux Etats-Unis comme en Europe, les enjeux se révèlent particulièrement élevés.



-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH



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September 27, 2021 06:28 ET (10:28 GMT)




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