L'offre de Klépierre sur Hammerson est judicieuse mais demande des précisions -DJ Plus
19 Mars 2018 - 03:09PM
Dow Jones News
Guillaume Bayre,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Hammerson (HMSO.LN) paraît redécouvrir la
réalité d'une entreprise cotée à l'annonce de la proposition de
Klépierre (LI.FR) d'ouvrir des négociations en vue d'un rachat. A
entendre le britannique, Klépierre serait bassement calculateur,
profitant du désamour dont souffre le titre pour essayer de prendre
le contrôle à 615 pence par action, quand l'actif net réévalué
(ANR) par action aux normes EPRA était de 776 pence fin
décembre.
Selon les termes de David Tyler, le président du conseil
d'administration, Klépierre essaie de faire main-basse sur
l'entreprise "en profitant d'une appréciation injustement
pessimiste et indiscriminée des tendances actuelles de la
distribution qui ont entraîné la récente faiblesse du cours".
Profiter d'une faiblesse injustifiée d'un cours est cependant le
B-A BA de bon nombre d'investisseurs sans qu'ils se voient pour
autant taxés d'opportunisme. Si Hammerson se traînait à des niveaux
de cours équivalents à ceux du début des années 2010, l'acquéreur
putatif n'y est pour rien.
D'ores et déjà, le marché contredit la firme britannique. Ses
actionnaires ont vu leur investissement perdre 27% depuis le vote
en faveur du Brexit - et plus des trois quarts de sa valeur depuis
son sommet historique, il y a plus de dix ans. Grâce à la
révélation de l'intérêt de Klépierre, ils peuvent bénéficier d'une
revalorisation inespérée de près de 25%, portant le cours à 542
pence lundi en séance. Le discours d'Hammerson qui leur enjoint
vivement "de ne prendre aucune décision" semble malvenu. Sans même
aller jusqu'à attendre un relèvement, l'alternative de vendre au
marché et empocher ces 25% quoi qu'il arrive est à considérer.
Les incohérences du projet Intu
Selon la direction de Hammerson, son projet de fusion avec son
compatriote Intu Properties reste la meilleure option. Pourtant,
cette opération amicale annoncée le 6 décembre ne fait pas
l'unanimité. Elle va à l'encontre de la stratégie de
diversification en-dehors du Royaume-Uni, Intu étant surtout
présent localement, et porterait le taux d'endettement LTV de
Hammerson à 41%, contre 37% aujourd'hui, souligne Exane. Le projet
prévoit en outre 2 milliards de livres de cessions. Vu le cours
déprimé de l'ensemble, il est difficile de penser que Hammerson
parviendra facilement à reclasser un tel montant d'actifs sans
décote. Pour couronner le tout, Hammerson apparaît mal placé pour
affirmer que la proposition de Klépierre sous-valorise
significativement ses actifs à 20,7% sous l'ANR, dans la mesure où
sa propre offre sur Intu intègre une décote de 37%.
Les arguments mêmes du britannique, et surtout la réaction
boursière à l'annonce, apportent de l'eau au moulin de Klépierre.
L'historique réussi de ce dernier en matière d'acquisitions, dont
celle du néerlandais Corio, et la perspective de donner naissance à
un nouveau leader paneuropéen des centres commerciaux,
géographiquement bien plus diversifié que ne le serait
Hammerson-Intu, constituent de solides arguments. Néanmoins, le
projet demande à être précisé. Selon Hammerson, Klépierre lui
aurait proposé une offre à 50% en numéraire et à 50% en actions. Ce
niveau entraînerait une certaine dilution du bénéfice par action vu
la moindre rentabilité des capitaux de la cible à l'heure
actuelle.
Klépierre devra donc extraire un montant de synergies suffisant
pour que le jeu en vaille la chandelle. Ce n'est pas parce que les
arguments de Hammerson sont discutables que le groupe ne doit pas
soigner son propre argumentaire pour convaincre les
actionnaires.
-Guillaume Bayre, Agefi-Dow Jones ; 01 41 27 47 93 ;
gbayre@agefi.fr ; ed : ECH
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