Dan Gallagher,



The Wall Street Journal





SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--L'environnement actuel pour les fusions-acquisitions dans le secteur technologique aux Etats-Unis peut se résumer ainsi : les méga-fusions ne courent aucun risque, mais on ne peut en dire autant des transactions de plus petite taille.



Telle en tout cas semble être la conclusion que l'on peut tirer de deux décisions adoptées mardi par les autorités américaines. D'une part, un tribunal fédéral a donné son feu vert au projet de fusion de 26 milliards de dollars entre Sprint et T-Mobile US, en dépit des objections soulevées par plusieurs Etats. Ces derniers affirmaient que réduire de quatre à trois le nombre d'opérateurs de téléphonie mobile aux Etats-Unis nuirait à la concurrence. D'autre part, l'autorité américaine de la concurrence, la Federal Trade Commission (FTC), a annoncé approfondir son enquête sur les cinq premières entreprises technologiques mondiales en passant en revue des acquisitions qui avaient précédemment été jugées trop petites pour faire l'objet d'un examen de concurrence.



La décision de la justice sur Sprint et T-Mobile est pour le moins inattendue, les deux groupes ayant annoncé leur projet de fusion voilà près de deux ans. Cette opération semblait menacée bien qu'un accord ait été conclu l'an dernier avec le gouvernement fédéral, initialement opposé au projet. L'action Sprint a bondi de 78% mardi afin d'intégrer la valeur de la transaction.



Moins surprenante car les vents politiques ont tourné en défaveur des grands groupes technologiques ces derniers temps, l'annonce de la FTC n'en constitue pas moins un bouleversement. L'autorité a déclaré chercher à "approfondir sa compréhension" des transactions réalisées par le passé par Amazon, Apple, Facebook, Microsoft et Alphabet, la maison mère de Google. Elle compte notamment déterminer "si les grandes entreprises technologiques procèdent à des acquisitions potentiellement anticoncurrentielles de rivaux naissants ou potentiels", qui tombent sous le seuil requis pour être déclarées aux régulateurs. La FTC a précisé qu'elle limiterait son enquête aux transactions réalisées entre 2010 et 2019.



La liste reste toutefois longue. A lui seul, Google a annoncé ou finalisé 180 acquisitions sur cette période, soit sous son nom soit sous celui d'Alphabet, selon FactSet. La vaste majorité de ces opérations concernent des entreprises peu connues rachetées pour des montants trop faibles pour être déclarés.



Les rachats de DoubleClick et Youtube exclus de la liste de la FTC



Même les plus importantes acquisitions de Google sur la période, comme celles de Motorola Mobility pour 12,5 milliards de dollars en 2011 ou de Nest Labs pour 3,2 milliards de dollars en 2014, n'ont rien fait pour accroître sa position déjà dominante dans la publicité en ligne. En revanche, la période considérée par la FTC exclut deux transactions qui ont eu un impact important sur le coeur de métier de Google : le rachat de DoubleClick pour 3,1 milliards de dollars en 2007 et celui de YouTube l'année précédente, pour 1,6 milliard de dollars.



Dans tous les cas, la déclaration de la FTC sème un peu plus encore le doute sur l'aboutissement du projet d'acquisition par Google de Fitbit, annoncé en novembre dernier.



Par ailleurs, une conséquence de cette décision est que des transactions qui paraissent aujourd'hui judicieuses risquent d'être sanctionnées à l'avenir, notamment si elles portent vraiment leurs fruits. L'acquisition d'Instagram par Facebook en 2012 est souvent citée comme une opération susceptible d'être dénouée. A l'époque, pourtant, cette transaction ressemblait à un coûteux pari lancé par un jeune PDG impulsif, épris d'une application de niche proposant de partager des photos. Ce n'est que plus tard que le génie de cette opération a pris tout son sens : Instagram est devenu un réseau social majeur à part entière, sans être encombré par le passif de sa maison mère.



La politique joue un rôle important dans les décisions des autorités. Le désir de l'administration Trump de créer des réseaux 5G d'envergure nationale a contribué au soutien finalement apporté par le gouvernement fédéral au rapprochement de Sprint et T-Mobile US. Et l'attaque en règle des grands groupes technologiques constitue ces temps-ci la seule activité véritablement capable de rassembler démocrates et républicains à Washington.



Les régulateurs devraient cependant faire preuve de prudence, car leurs initiatives risquent de dissuader les entreprises américaines de parier sur les technologies d'avenir.





-Dan Gallagher, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck) ed: ECH



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February 12, 2020 06:10 ET (11:10 GMT)




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