Marché de l'eau en région parisienne: enquête préliminaire sur des soupçons de corruption
13 Mars 2018 - 07:49PM
Dow Jones News
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet national
financier à la suite d'une plainte d'un entrepreneur italien qui
dénonce des faits de corruption en marge de l'attribution des
marchés du traitement des eaux usées du Grand Paris, a-t-on appris
mardi de source proche du dossier.
La plainte, révélée par Le Monde et dont l'AFP a eu connaissance,
vise des faits "d'ententes illicites, de corruption active, de
trafic d'influence et toutes infractions en relation avec les
marchés publics passés par le Syndicat interdépartemental pour
l'assainissement de l'agglomération parisienne" (Siaap).
Marco Schiavio de la société Passavant dénonce des faits de
corruption en marge d'un appel d'offres lancé en 2012 par le Siaap
pour la refonte de l'usine de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine),
point de passage d'une importante partie des eaux usées de
l'agglomération parisienne, un marché de plus de 311 millions
d'euros.
"Nous demandons que des investigations soient menées pour
s'attacher à savoir s'il y a eu entente entre le Siaap et
différentes entreprises pour l'obtention de ce contrat", a déclaré
à l'AFP Pierre-Alexandre Kopp, l'avocat de l'entrepreneur milanais,
dénonçant d'éventuelles ententes "qui conduisent toujours à
augmenter le prix de l'eau pour les consommateurs".
D'après la plainte, Patrick Barbalat, directeur général adjoint
d'OTV, une filiale de Veolia qui souhaitait remporter le marché,
aurait demandé en janvier 2014 à M. Schiavio d'augmenter son offre
pour l'usine de Clichy-la-Garenne de 100 millions d'euros en
échange du versement d'un million d'euros. But de la manoeuvre
selon l'entrepreneur: que l'offre de Passavant devienne moins
attractive que celle d'OTV et qu'ainsi le Siaap attribue le marché
de Clichy à cette dernière.
Au bout du compte, le marché de Clichy a été remporté par OTV et la
société Stereau du groupe Saur. M. Schiavio a alors déposé un
recours devant le tribunal administratif. Débouté en première
instance, l'appel est toujours en cours.
Selon M. Schiavio, M. Barbalat et Didier Le Tallec, patron
opérationnel d'OTV, auraient fait pression pour qu'il retire son
recours. Ils lui auraient proposé "une somme comprise entre 20 à 25
millions d'euros", payable sous la forme de contrats de
sous-traitance que la filiale de Veolia aurait donnés à
Passavant.
Dans sa plainte, l'entrepreneur explique avoir versé des
enregistrements des conversations avec MM. Barbalat et Le Tallec,
effectués à l'aide d'un stylo enregistreur.
Sollicités par l'AFP, Patrick Barbalat et Didier Le Tallec ont
assuré que les rencontres avec M. Schiavio "se sont faites à la
demande de Passavant qui à deux reprises nous a fait chanter",
s'interrogeant sur le sérieux d'une plainte "déposée trois ans
après les faits".
Veolia a pour sa part indiqué avoir saisi son directeur de la
conformité "en vue d'apporter tout l'éclairage nécessaire sur les
propos et agissements (...) prêtés aux cadres d'OTV".
Le Siaap, chargé de retraiter quotidiennement l'eau utilisée par 9
millions de Franciliens, fait l'objet depuis avril 2013 d'une
information judiciaire au pôle financier du TGI de Paris pour des
soupçons de corruption sur des marchés publics signés à partir de
2011.
L'émission télévisée "Cash Investigation" se penche ce mardi sur
"les troubles abîmes du business de l'eau" et notamment sur le rôle
joué par le Siaap. L'organisme public a déposé plainte contre X
pour "violation de domicile" à la suite du tournage d'une partie du
magazine dans ses locaux.
Agefi-Dow Jones The financial newswires
(END) Dow Jones Newswires
March 13, 2018 14:29 ET (18:29 GMT)
Copyright (c) 2018 L'AGEFI SA