François Schott,



Agefi-Dow Jones





Paris (Agefi-Dow Jones)--Un retrait d'Iran semble la décision la plus sage pour Total à court terme, néanmoins le groupe perdrait une opportunité stratégique en quittant ce pays où, plus que toute autre major pétrolière, il a une carte à jouer.



Total a indiqué cette semaine qu'il n'aurait d'autre choix que de renoncer à son projet de South Pars 11, dans lequel il avait prévu d'investir jusqu'à 2 milliards de dollars, s'il n'obtenait pas de la part des autorités américaines une dérogation aux sanctions visant le commerce avec l'Iran, en particulier dans le secteur pétrolier.



Difficile en effet d'ignorer ces menaces, comme il l'avait fait dans en 1995 en étant le premier groupe à conclure un accord de production en Iran, seize ans après la révolution islamique. S'il se maintenait en dépit des nouvelles sanctions, censées entrer en vigueur en novembre, le groupe s'exposerait à de lourdes conséquences, notamment la perte de ses financements en dollar, le départ de ses actionnaires américains ou encore des restrictions à ses opérations aux Etats-Unis, où il est présent dans la production et surtout dans l'aval de la filière via des activités de raffinage et de pétrochimie.



A contrario, les conséquences d'un retrait d'Iran seraient limitées, à court terme. Total a investi pour le moment une quarantaine de millions de dollars sur un total d'un milliard prévu pour la première phase de son projet South Pars 11. En cas de retrait, le groupe perdra cette somme mais n'encourt pas d'autres pénalités, selon un responsable iranien qui a par ailleurs précisé que sa participation de 50% dans le projet serait transférée à son partenaire chinois CNPC. "Il n'y aura pas de dépréciation massive et donc pas d'incidence significative sur les résultats de Total", estime Baptiste Lebacq, analyste chez Natixis.



La hausse des cours du pétrole dans la perspective d'une réduction de la production iranienne effacera largement, d'un point de vue strictement comptable, la déconvenue iranienne de Total. Avec un baril à 80 dollars voire 100 dollars dans les prochains mois comme le prévoit Patrick Pouyanné, les marges du groupe devraient s'en trouver regonflées.



Il serait cependant erroné de voir dans un éventuel retrait d'Iran une bonne opération pour Total. Outre la perte de l'accès au plus grand gisement gazier du monde, situé à cheval entre l'Iran et le Qatar, Total perdrait une opportunité stratégique dans un pays où ses concurrents américains sont, de fait, hors jeu.



"Total voulait signer d'autres contrats en Iran. South Pars 11 était une première étape, dans un pays qui dispose des premières réserves mondiales de gaz et des 4e réserves de pétrole. Aujourd'hui le mieux que le groupe puisse espérer est de pouvoir terminer ce contrat, qui a été conclu alors qu'aucune sanction n'était en vigueur. Mais il est clair que Total s'abstiendra de prendre de nouveaux engagements en Iran tant que les sanctions annoncées par Donald Trump perdureront", souligne Francis Perrin, chercheur associé à l'OCP Policy Center et directeur de recherche à l'Iris.



La perte du contrat iranien freinerait également les ambitions du groupe dans le gaz naturel alors qu'il a fait de cette source d'énergie l'un des axes principaux de son développement au cours des dix dernières années. En progression constante, le gaz représente désormais près de la moitié de sa production d'hydrocarbures. Outre le fait que son "pic" semble beaucoup plus lointain que celui du pétrole, il émet deux fois moins de dioxyde de carbone. Disponible en abondance à des coûts d'extraction relativement faibles, le gaz de South Pars représente donc un actif de choix pour le groupe.



"Si Total quitte l'Iran, il pourra investir l'argent ailleurs", tempère Thomas Klein, analyste chez RBC Capital Markets. "Le groupe continuera à investir dans la production mais aussi dans l'aval de a la filière, dans la distribution, sur des marchés en forte croissance comme l'Indonésie ou le Nigeria. Il reste beaucoup d'opportunités à saisir", ajoute-t-il.



Total est résolument en mesure de surmonter un éventuel abandon de son projet iranien. Mais le rétablissement des sanctions américaines rappelle que le groupe évolue dans un environnement de marché volatil et dans un contexte géopolitique incertain.



En hausse de 18,5% depuis le début de l'année, son action s'inscrivait vendredi à 54,6 euros, se situant à une encablure de l'objectif de cours moyen des analystes de 57,25 euros. La major doit donner de la visibilité sur ses revenus futurs si elle veut progresser vers de nouveaux sommets en Bourse.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



May 18, 2018 11:24 ET (15:24 GMT)




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