Pour Twitter, se désabonner de Trump serait coûteux mais indispensable - Plus USA
08 Janvier 2021 - 12:58PM
Dow Jones News
Dan Gallagher,
The Wall Street Journal
SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Les actionnaires de Twitter
commencent certainement à ressentir une appréhension à la
perspective de voir Donald Trump quitter la Maison-Blanche. Ils
devraient plutôt considérer qu'il s'agit là d'un coût
d'exploitation habituel.
La plateforme de réseau social a été placée jeudi sous le feu des
projecteurs à l'issue d'une journée chaotique mercredi lors de
laquelle le président a encouragé ses supporteurs à se rassembler
devant le Capitole, alors que le Congrès devait certifier la
victoire de son opposant démocrate Joe Biden. La manifestation a
dégénéré, conduisant à l'intrusion de partisans de Trump dans
l'enceinte du Capitole. L'assaut s'est soldé par 5 morts.
Ces événements ont entraîné la suspension du compte Twitter de
Donald Trump. Facebook a fait de même, pour une durée deux fois
plus longue, avant que son PDG Mark Zuckerberg finisse par annoncer
jeudi que le blocage serait maintenu pour une durée "indéterminée"
- au moins pour deux semaines encore, jusqu'à la fin de sa
mandature.
Or seul Twitter a été sanctionné par ses actionnaires. L'action a
terminé jeudi en baisse de 1,8%, alors que Facebook a gagné 2%,
suivant la trajectoire des grandes valeurs technologiques. Cette
différence s'explique en partie par l'impact démesuré exercé par
Trump sur le réseau qu'il affectionne depuis des années, même avant
qu'il ne devienne président.
Suivi par 89 millions de personnes
Le principal compte Twitter de Donald Trump est suivi par près de
89 millions de personnes, ce qui représente environ 48% de la base
totale d'utilisateurs actifs quotidiens "monétisables", selon les
chiffres publiés à la fin du troisième trimestre. Le compte
Facebook de Donald Trump affiche en comparaison 35 millions
d'abonnés environ, soit moins de 2% des 1,8 milliard d'utilisateurs
actifs quotidiens du groupe.
L'avenir de Donald Trump sur Twitter est certes discutable, même si
le réseau social l'autorise à y rester pour le moment. Le président
est passé maître dans l'art de contourner les règles de la
plateforme concernant la publication de fausses informations et de
contenus préjudiciables. Et la question légitimement épineuse du
bien-fondé ou non d'en exclure le dirigeant politique le plus
puissant du monde ne se posera plus lorsqu'il quittera ses
fonctions à la fin du mois.
Twitter est déjà confronté à un risque d'affaiblissement de
l'engagement des utilisateurs dans les mois qui viennent, avec la
perspective d'un contexte politique moins volatil aux Etats-Unis et
une atténuation de la pandémie au fil de l'avancée de la campagne
de vaccination. Une forte hausse d'utilisation de Twitter au début
2020, en pleine propagation de la pandémie, a de fait créé une base
de comparaison particulièrement défavorable, au moins pour les deux
premiers trimestres de 2021.
Ce sont pourtant sur ces vagues que choisissent de surfer les
réseaux sociaux. Twitter et Facebook, qui pratiquent depuis
longtemps une politique de non-intervention, commencent peu à peu à
réaliser que leur activité implique de prendre des décisions
difficiles à l'égard de créateurs de contenus dont la popularité
repose en partie sur le manque de scrupules. Toute sanction aura
sans doute un coût, mais c'est un coût dont les réseaux sociaux et
leurs actionnaires ne peuvent faire l'économie.
-Dan Gallagher, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH
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January 08, 2021 06:38 ET (11:38 GMT)
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