Pour assurer son avenir, "Big Oil" mise sur la pétrochimie - Plus USA
30 Juillet 2019 - 10:01AM
Dow Jones News
Lauren Silva Laughlin,
The Wall Street Journal
DALLAS (Agefi-Dow Jones)--"Big Oil" cherche son salut dans le
plastique. A mesure que la rentabilité du marché de l'or noir
diminue et que les projections concernant la demande périclitent,
les investissements des majors pétrolières comme Exxon Mobil ou
Chevron changent de cibles.
Le gaz naturel, cousin moins polluant du pétrole, était encore à
l'honneur récemment. Mais le combustible est désormais extrait des
formations schisteuses américaines en telles quantités que les
efforts portent maintenant sur la façon de lui conférer une valeur
ajoutée. L'option la plus logique consiste probablement à investir
dans la pétrochimie, compte tenu de l'abondance de la matière de
base en Amérique du Nord.
Voilà qui ne manque pas d'ironie si l'on considère que les
inquiétudes croissantes suscitées par la pollution plastique
pourraient finir par saper la hausse de la demande de la même
manière que les règles environnementales pèsent sur la demande d'or
noir. Un marché florissant est pourtant en train de se développer
avec l'éclosion de nouvelles usines pétrochimiques. Voilà encore à
peine plus de dix ans, il aurait semblé véritablement insensé de
réaliser de tels investissements aux Etats-Unis.
Au milieu et à la fin des années 2000, la production
d'hydrocarbures outre-Atlantique était onéreuse et la demande
dépassait l'offre. Maintenant, les acteurs de l'industrie du
schiste peinent à dégager suffisamment de cash flow pour assurer
leur croissance alors que le ralentissement de l'économie mondiale
a poussé des institutions comme l'Agence internationale de
l'Energie à abaisser leurs prévisions de la croissance de la
demande pour 2019.
A plus long terme, une réorientation vers des carburants moins
polluants pourrait avoir pour effet de repousser la date à
laquelle, selon certains pronostiqueurs, la demande de pétrole
atteindra son pic. En attendant, le segment qui assure la
quasi-totalité de la hausse de la production, le schiste américain,
nécessite des réinvestissements permanents.
Les rendements des majors pétrolières en donnent une parfaite
illustration. Pour Exxon Mobil, le rendement du capital investi a
chuté de 27% en 2012 à moins de 10% l'an dernier, selon FactSet. Ce
ratio commence à s'apparenter à celui des groupes de chimie. Pour
BASF, par exemple, le rendement moyen du capital investi est
ressorti à 11% sur les cinq dernières années.
Se résignant à des rendements moins rutilants, les compagnies
pétrolières intégrées voient d'excellentes raisons d'investir dans
une activité autrefois considérée comme secondaire. Exxon a
consacré plus de 6 milliards de dollars à ses dépenses
d'investissement au cours des deux dernières années pour renforcer
son activité chimie, soit un montant plus de quatre fois supérieur
à celui déboursé au titre de son exercice 2003/2004. La major
américaine s'est récemment associée au groupe public saoudien de
pétrochimie pour construire au Texas le plus grand vapocraqueur du
monde, destiné à convertir l'éthane en produits pétrochimiques. La
Chevron Phillips Chemical Company, coentreprise à parité entre
Chevron et Phillips 66, a récemment signé un accord avec Qatar
Petroleum pour construire un complexe pétrochimique au Qatar.
Ce ne sont pas les seuls exemples. Depuis 2010, 334 nouveaux
projets pétrochimiques ont été annoncés rien qu'aux Etats-Unis,
selon le Conseil américain de l'industrie de la chimie. Au rythme
actuel, la demande de produits chimiques primaires devrait
augmenter d'environ 30% d'ici à 2030 et de près de 60% d'ici à
2050, selon l'Agence internationale de l'Energie. Wood Mackenzie
estime que l'industrie chimique représente actuellement moins de
15% de la demande de liquides pétroliers. C'est pourtant celle qui
devrait bénéficier de la plus forte croissance de la demande aux
alentours de 2025.
Il existe bien sûr des risques, surtout en cas de récession. Les
marges de Dow Inc ont souffert au deuxième trimestre, la hausse de
l'offre ayant dépassé la demande. Les enjeux environnementaux sont
également à prendre en compte. Plusieurs Etats, de la Chine à
l'Inde, du Canada à la Californie, mènent campagne contre les
déchets liés aux emballages. Mais le torchage du gaz associé aux
champs pétroliers américains représente lui aussi un casse-tête
environnemental.
En attendant, le plastique a encore un bel avenir devant lui, et
les majors du golfe du Mexique occupent une position idéale pour
transformer leurs usines à gaz en opportunités.
-Lauren Silva Laughlin, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH
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July 30, 2019 03:41 ET (07:41 GMT)
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