Lauren Silva Laughlin,



The Wall Street Journal



DALLAS (Agefi-Dow Jones)--"Big Oil" cherche son salut dans le plastique. A mesure que la rentabilité du marché de l'or noir diminue et que les projections concernant la demande périclitent, les investissements des majors pétrolières comme Exxon Mobil ou Chevron changent de cibles.



Le gaz naturel, cousin moins polluant du pétrole, était encore à l'honneur récemment. Mais le combustible est désormais extrait des formations schisteuses américaines en telles quantités que les efforts portent maintenant sur la façon de lui conférer une valeur ajoutée. L'option la plus logique consiste probablement à investir dans la pétrochimie, compte tenu de l'abondance de la matière de base en Amérique du Nord.



Voilà qui ne manque pas d'ironie si l'on considère que les inquiétudes croissantes suscitées par la pollution plastique pourraient finir par saper la hausse de la demande de la même manière que les règles environnementales pèsent sur la demande d'or noir. Un marché florissant est pourtant en train de se développer avec l'éclosion de nouvelles usines pétrochimiques. Voilà encore à peine plus de dix ans, il aurait semblé véritablement insensé de réaliser de tels investissements aux Etats-Unis.



Au milieu et à la fin des années 2000, la production d'hydrocarbures outre-Atlantique était onéreuse et la demande dépassait l'offre. Maintenant, les acteurs de l'industrie du schiste peinent à dégager suffisamment de cash flow pour assurer leur croissance alors que le ralentissement de l'économie mondiale a poussé des institutions comme l'Agence internationale de l'Energie à abaisser leurs prévisions de la croissance de la demande pour 2019.



A plus long terme, une réorientation vers des carburants moins polluants pourrait avoir pour effet de repousser la date à laquelle, selon certains pronostiqueurs, la demande de pétrole atteindra son pic. En attendant, le segment qui assure la quasi-totalité de la hausse de la production, le schiste américain, nécessite des réinvestissements permanents.



Les rendements des majors pétrolières en donnent une parfaite illustration. Pour Exxon Mobil, le rendement du capital investi a chuté de 27% en 2012 à moins de 10% l'an dernier, selon FactSet. Ce ratio commence à s'apparenter à celui des groupes de chimie. Pour BASF, par exemple, le rendement moyen du capital investi est ressorti à 11% sur les cinq dernières années.



Se résignant à des rendements moins rutilants, les compagnies pétrolières intégrées voient d'excellentes raisons d'investir dans une activité autrefois considérée comme secondaire. Exxon a consacré plus de 6 milliards de dollars à ses dépenses d'investissement au cours des deux dernières années pour renforcer son activité chimie, soit un montant plus de quatre fois supérieur à celui déboursé au titre de son exercice 2003/2004. La major américaine s'est récemment associée au groupe public saoudien de pétrochimie pour construire au Texas le plus grand vapocraqueur du monde, destiné à convertir l'éthane en produits pétrochimiques. La Chevron Phillips Chemical Company, coentreprise à parité entre Chevron et Phillips 66, a récemment signé un accord avec Qatar Petroleum pour construire un complexe pétrochimique au Qatar.



Ce ne sont pas les seuls exemples. Depuis 2010, 334 nouveaux projets pétrochimiques ont été annoncés rien qu'aux Etats-Unis, selon le Conseil américain de l'industrie de la chimie. Au rythme actuel, la demande de produits chimiques primaires devrait augmenter d'environ 30% d'ici à 2030 et de près de 60% d'ici à 2050, selon l'Agence internationale de l'Energie. Wood Mackenzie estime que l'industrie chimique représente actuellement moins de 15% de la demande de liquides pétroliers. C'est pourtant celle qui devrait bénéficier de la plus forte croissance de la demande aux alentours de 2025.



Il existe bien sûr des risques, surtout en cas de récession. Les marges de Dow Inc ont souffert au deuxième trimestre, la hausse de l'offre ayant dépassé la demande. Les enjeux environnementaux sont également à prendre en compte. Plusieurs Etats, de la Chine à l'Inde, du Canada à la Californie, mènent campagne contre les déchets liés aux emballages. Mais le torchage du gaz associé aux champs pétroliers américains représente lui aussi un casse-tête environnemental.



En attendant, le plastique a encore un bel avenir devant lui, et les majors du golfe du Mexique occupent une position idéale pour transformer leurs usines à gaz en opportunités.



-Lauren Silva Laughlin, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH



(END) Dow Jones Newswires



July 30, 2019 03:41 ET (07:41 GMT)




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