François Schott,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'Hexagone peut se targuer d'avoir l'une des électricités les plus décarbonées au monde. Toutefois, les énergéticiens français ne seront probablement pas les principaux bénéficiaires du boom des énergies renouvelables attendu au cours des dix prochaines années.



Selon un classement établi par UBS, EDF n'arrive qu'à la septième place mondiale en capacité installée éolienne et solaire, et Engie, douzième. Même s'ils ont chacun relevé leurs ambitions dans ce domaine en 2020, les deux groupes français risquent le décrochage au cours des dix prochaines années.



Alors qu'EDF - dont l'assemblée générale a lieu ce jeudi - compte doubler ses capacités installées d'énergies renouvelables, à 60 gigawatts (GW) en 2030, l'italien Enel vise le double, 120 GW, moyennant un investissement de 70 milliards d'euros. L'espagnol Iberdrola entend sur la même période tripler ses capacités pour atteindre 95 GW.



Concurrence des compagnies pétrolières



Dans cette course aux gigawatts verts, les compagnies pétrolières font aussi figure de sérieux concurrents. Total projette d'installer 35 gigawatts d'énergies renouvelables d'ici à 2023 tandis que le britannique BP vise une capacité de 50 gigawatts à la fin de la décennie.



Ces investissements devraient s'avérer payants. Les "utilities" européennes qui réalisent dès aujourd'hui plus de 65% de leur excédent brut d'exploitation (Ebitda) dans les renouvelables et continuent à développer leur portefeuille de projets peuvent escompter une croissance annuelle de 5% à 10% de leurs bénéfices par action d'ici à 2030, nettement supérieurs à la moyenne historique du secteur, selon Goldman Sachs. Dans ce groupe, la banque range le danois Orsted, le portugais EDP, les espagnols EDPR, Iberdola, Endesa et Acciona, l'italien Enel, l'allemand RWE et le britannique SSE.



Du fait de la prédominance du nucléaire et du gaz dans leur mix respectifs, EDF et Engie n'entrent pas dans cette catégorie. Le retard pris par les électriciens français dans la course aux renouvelables explique en grande partie leur décote boursière. Selon UBS, l'action Engie se traite à 12,3 fois les bénéfices attendus pour 2021, celle d'EDF à 14,6 fois, contre une moyenne de 19,6 fois pour l'indice Stoxx Europe 600 Utilities.



Des plans de transformation à déployer rapidement



Cet écart risque de perdurer, à moins qu'EDF et Engie ne parviennent à simplifier leurs modèles et à dégager des ressources pour accélérer dans les énergies renouvelables.



Le patron d'EDF Jean-Bernard Lévy estime que le projet 'Hercule' de séparation des activités du groupe pourrait permettre de doubler l'objectif de capacités installées à 100 GW en 2030. Problème: ce projet semble s'enliser alors que l'Etat actionnaire peine à concilier les exigences de la Commission européenne et celles des syndicats. Les investisseurs pourraient douter de la volonté du gouvernement de faire aboutir le projet avant l'élection présidentielle de 2022 après les récentes déclarations du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui a estimé que le nom d"Hercule' devait être abandonné.



De son côté, Engie a annoncé vouloir céder un ensemble d'actifs, estimés entre 8 et 10 milliards d'euros par les analystes, afin de se concentrer sur le développement du gaz naturel et des énergies renouvelables. Cette réorientation des investissements vers des activités en croissance devrait augmenter la valeur d'Engie de 1,15 euro par action dès sa mise en œuvre, estiment les analystes d'Oddo BHF.



Mais là encore, la transformation pourrait prendre du temps. La réalisation des cessions pourrait s'étaler jusqu'en 2022, décalant d'autant la résorption de la décote boursière d'Engie, indique UBS. La banque, qui reste à l'achat sur le titre, a cependant réduit son objectif de cours à 15 euros au lieu de 15,65 euros, en raison de la patience demandée aux investisseurs.



A 12,5 euros, le titre Engie évolue loin de son niveau "pré-Covid" de plus de 16 euros. Depuis l'introduction en Bourse de GDF-Suez en 2008, le titre a été divisé par trois. De son côté EDF a vu son cours divisé par deux depuis son introduction en Bourse en 2005, en dépit de plusieurs plans de recapitalisation par l'Etat.



Dans un secteur en pleine mutation, l'immobilisme n'est plus une option pour les deux champions français de l'énergie. Les investisseurs pourraient y voir la principale raison de croire en une transformation salutaire.





-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



May 06, 2021 03:26 ET (07:26 GMT)




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