Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'annonce de Plastic Omnium fait tâche sur son bilan jusqu'ici immaculé. Mardi soir, l'équipementier automobile a abaissé son objectif de marge opérationnelle pour 2019, désormais attendue "autour" de 6% du chiffre d'affaires, soit environ 510 millions d'euros, calcule JPMorgan Cazenove.



Le groupe fondé et contrôlé par la famille Burelle s'attendait auparavant à un chiffre "légèrement inférieur" aux 610 millions d'euros de 2018, tandis que le consensus des analystes tablait sur 588 millions d'euros. Le marché sanctionne logiquement cette révision, le titre Plastic Omnium chutant de 8,6% à 20,95 euros cet après-midi.



L'équipementier automobile impute cette révision à des problèmes de montées en cadence sur son usine de Greer, en Caroline du Sud, site qui produit essentiellement des pièces de carrosserie extérieure pour le constructeur allemand BMW. Ces dysfonctionnements opérationnels sont apparus cet été, lorsque le groupe a doublé son rythme de production sur le site.



"Nous avons été ambitieux, en voulant en même temps construire la plus grande usine du groupe [400 millions de dollars de chiffre d'affaires annuels, NDLR], et y mettre en place des nouveaux 'process' avec des livraisons complexes dans une zone d'emploi tendue", a expliqué une porte-parole à l'agence Agefi-Dow Jones.



Un "saut quantique" périlleux



Il s'agit d'un revers pour Plastic Omnium qui avait fait de Greer le porte-étendard de son savoir-faire industriel ainsi qu'un site pilote de son concept d'"Industrie 4.0", visant à créer des usines dotées de nombreuses avancées technologiques telles que la robotisation avancée ou la réalité augmentée. Ces difficultés ne "remettent pas en cause l'Industrie 4.0 qui continue et porte ses fruits", a assuré la porte-parole du groupe, soulignant que Greer était le seul des 128 sites du groupe à connaître des dysfonctionnements.



"Le site de Greer représente un véritable saut quantique en termes de modèles d'usine pour eux. Ils ont mis les pieds dans un territoire inconnu et cela semble se passer beaucoup moins bien que prévu", constate Pierre-Yves Quéméner, analyste chez Mainfirst.



Plastic Omnium a donc pêché par ambition et le paie au prix fort: l'équipementier estime que les dysfonctionnements opérationnels auront un impact de 90 millions d'euros cette année sur sa marge opérationnelle, chiffre que le groupe compte réduire de moitié l'an prochain. "L'impact est colossal", observe Pierre-Yves Quéméner.



Des atouts qui demeurent



La portée de cet accident industriel inédit sur l'appréciation du titre est toutefois relativisée par les analystes qui mettent en avant la capacité du groupe à surperformer la production automobile. Au troisième trimestre, l'équipementier a enregistré une croissance organique de 8%, soit une surperformance de 11 points par rapport à une production automobile mondiale en baisse de 3% sur la même période.



"Passé le choc boursier justifié par les révisions en baisse et l'accroc au 'track record' jusqu'ici sans faille du management, Plastic Omnium dispose encore d'importants atouts à faire valoir", résume Oddo BHF. "Cet incident de production est ponctuel et ne remet pas en question les fondamentaux sur une longue période", affirme Pierre Vaurice, analyste chez Midcap Partners. L'industriel "possède une culture profonde de l'innovation, sait placer ses produits et capter les marchés", développe l'intermédiaire financier. "Cet avertissement sur résultat n'a rien à voir avec la dynamique de l'activité", abonde Pierre-Yves Quéméner chez Mainfirst.



Plastic Omnium devra néanmoins résoudre au plus vite les difficultés de production de son site américain pour valoriser ses forces intrinsèques. "La visibilité quant à la stabilisation opérationnelle du site sera désormais clé", pour que le groupe regagne la confiance des investisseurs, prévient Oddo BHF. "Toutes les forces vives du groupe sont mobilisées sur cette usine", assure la porte-parole du groupe.



Il s'agira de l'une des priorités du futur directeur général, Laurent Favre, nommé il y a tout juste deux semaines. Ce spécialiste de l'industrie automobile allemande prendra officiellement les rênes du groupe le 1er janvier mais arrivera dès novembre chez l'équipementier. Sous sa houlette, Plastic Omnium devra démontrer que les difficultés de production de Greer constituent un simple cahot et non une sortie de route.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



October 09, 2019 10:48 ET (14:48 GMT)




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