Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--A l'approche de Noël, Alstom a bien garni sa hotte. L'équipementier ferroviaire a engrangé les commandes au cours des dernières semaines, signant encore mardi un contrat de près de 800 millions d'euros en Australie. Depuis la mi-novembre, les prises de commandes annoncées par la société dirigée par Henri Poupart-Lafarge, s'élèvent à plus de 2 milliards d'euros.



Cette moisson démontre que la demande pour les produits du spécialiste du ferroviaire ne faiblit pas, rassurant les observateurs les plus sceptiques. Morgan Stanley a souligné la semaine dernière que l'action Alstom accusait un retard boursier par rapport à ses comparables, s'échangeant 15 fois les bénéfices attendus pour l'exercice 2020-2021, soit une décote d'environ 10% par rapport à ses pairs. La banque estime que cette relative sous-évaluation traduit les inquiétudes des investisseurs sur l'évolution séquentielle des commandes et sur la génération de trésorerie.



Si les récents succès commerciaux du groupe invitent à l'optimisme Alstom doit encore démontrer sa capacité à étoffer sa génération de trésorerie.



Des grands contrats qui pèsent temporairement sur la trésorerie



Le cash constitue le talon d'Achille récurrent d'Alstom dont l'exécution s'avère par ailleurs sans accroc. Morgan Stanley estime que le groupe devrait en moyenne convertir 33% de son résultat net en flux de trésorerie (cash-flow) libre, entre les exercices 2016-2017 et 2019-2020. A titre de comparaison, ce taux de conversion s'inscrivait à environ 64% en 2018 pour l'équipementier ferroviaire allemand Knorr-Bremse.



Sur son premier semestre clos en septembre (exercice 2019-2020), Alstom a brûlé 19 millions d'euros de cash contre un flux de trésorerie libre positif de 172 millions d'euros un an plus tôt. En retraitant certains éléments, Deutsche Bank estime que la sortie de trésorerie sous-jacente se serait rapprochée de 400 millions d'euros au premier semestre. La banque allemande juge "préoccupante" la déconnexion entre les résultats de l'entreprise et la génération de cash.



Le directeur financier d'Alstom, Laurent Martinez, a expliqué le mois dernier que l'évolution de la trésorerie du premier semestre ne présentait aucune surprise et suivait les orientations stratégiques, dévoilées lors de la journée consacrée aux investisseurs en juin.



La génération de trésorerie du groupe est pénalisée par la montée en puissance des stocks liée à l'exécution de grands projets de matériel roulant. C'est notamment le cas du contrat signé en 2013 avec l'opérateur sud-africain PRASA, qui prévoit la livraison de 600 trains, ou encore de la commande passée en 2015 par le gouvernement indien portant sur 800 locomotives électriques.



Les analystes majoritairement à l'achat



Cet impact négatif sur le besoin en fonds de roulement (BFR) pèsera encore au deuxième semestre et sur l'exercice 2020-2021 avant de disparaître. Alstom a promis de se focaliser sur l'amélioration de sa génération de trésorerie, via son programme "Cash Focus", et de stabiliser son BFR à moyen terme. L'industriel ambitionne de convertir d'ici à mars 2023, plus de 80% de son résultat net. Pour y parvenir, Alstom doit faire passer ses investissements (capex) de 2,5% du chiffre d'affaires à 2% d'ici à mars 2023. L'équipementier ferroviaire devra aussi améliorer les performances de sa chaîne logistique ou encore réduire la durée des tests de ses produits de 20%. Le groupe a par ailleurs fixé à 10.000 salariés des objectifs alignés sur la performance de la génération de trésorerie pour l'exercice 2019-2020.



Les analystes accordent du crédit à ces ambitions. JPMorgan Cazenove s'attend à une hausse "considérable" du flux de trésorerie libre d'ici à mars 2023. UBS considère que les inquiétudes sur le cash sont "exagérées", un constat partagé par Morgan Stanley.



Alstom a intérêt à démontrer au plus vite que ses efforts en matière de trésorerie paient. Les investisseurs n'auraient ainsi qu'à évaluer les réussites opérationnelles et commerciales du groupe.



L'industriel compte afficher en mars prochain un flux de trésorerie libre dans le vert pour l'ensemble de l'exercice 2019-2020, ce qui constituerait un point d'étape intéressant. Si Deutsche Bank considère cette cible "ambitieuse", Morgan Stanley table sur un flux de trésorerie de 60 millions d'euros, soit presqu'autant qu'Oddo BHF (63 millions d'euros).



Alstom offre une visibilité sur sa croissance et sa rentabilité qui en font une action "séduisante" aux yeux d'UBS. Plus largement, 60% des analystes recommandent d'acheter le titre, selon FactSet. En renforçant sa trésorerie, Alstom élargirait certainement le cercle des opérateurs à l'achat et réduirait sa décote.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



December 12, 2019 06:28 ET (11:28 GMT)




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