The Wall Street Journal,
Rick Wartzman et Kelly Tang
Rick Wartzman est le directeur du KH Moon Center for a Functioning
Society, qui fait partie de l'Institut Drucker, et Kelly Tang est
la directrice principale de la recherche de l'institut.
LOS ANGELES (Agefi-Dow Jones)--De toutes les questions que nous
posent les dirigeants d'entreprises tentant d'exploiter les données
du classement Management Top 250, la plus fréquente est "Comment
rendre mon entreprise plus innovante, comme celles de la tech
?"
Ils feraient mieux de demander "Comment rendre mon entreprise plus
innovante, comme celles des biens de consommation ?"
Ces conclusions sont issues d'un modèle statistique développé par
le Drucker Institute et servent de base au Management Top 250, un
classement annuel produit en partenariat avec le Wall Street
Journal. Ancré dans les idées et les idéaux de feu Peter Drucker,
ce classement évalue "l'efficacité" d'une entreprise, définie,
selon les mots de Peter Drucker, comme "faisant bien les bonnes
choses". La liste 2020 a été publiée en décembre.
Au total, nous avons examiné 886 grandes entreprises cotées l'an
dernier, sous le prisme de 33 indicateurs divisés en cinq
catégories : satisfaction des clients, implication et développement
du personnel, innovation, responsabilité sociale et solidité
financière.
Pour construire notre classement, nous avons comparé les
entreprises dans chacune des cinq catégories, ainsi qu'en termes
d'efficacité générale par le biais de scores standardisés allant
généralement de 0 à 100 avec une moyenne à 50.
Toutefois, nous traitons l'innovation légèrement différemment des
autres domaines. Dans cette catégorie, nous évaluons la performance
de chaque entreprise par rapport à la moyenne de ses pairs du même
secteur. Ainsi, nous évitons de comparer le nombre de brevets
déposés ou d'offres d'emplois technologiques publiés par une
entreprise de logiciels et par une chaîne hôtelière.
Cependant, nous nous demandons depuis longtemps ce qui se passerait
si nous abandonnions ce prisme sectoriel pour examiner les scores
en innovation sans souci de les relativiser. Et c'est précisément
ce que nous avons fait dans notre dernière analyse : nous avons
confronté le niveau d'innovation de chaque entreprise à celui des
885 autres, sans discrimination de secteur.
Les résultats ont été étonnants. Sur onze secteurs, celui
concentrant le plus d'entreprises hautement innovantes - celles
obtenant 60 ou plus sur notre échelle de 0 à 100, ce qui les
placent dans le quintile supérieur de l'univers couvert - était la
consommation de base, avec 12,1% d'entreprises hautement
innovantes. Procter & Gamble, Altria Group, Philip Morris
International, Colgate-Palmolive., PepsiCo, Coca-Cola et Walmart
font toutes parties du club.
Les secteurs suivants sont l'informatique avec un taux de 8,5%, les
services de communication à 4,5% et la santé à 4,3%.
Les entreprises industrielles ayant obtenu une note de 60 ou plus
en innovation lors de l'évaluation sur une base absolue
représentaient 3,5% de leur secteur, tandis que pour la
consommation discrétionnaire le taux s'établissait à 2,9%. Seules
2,2% des producteurs d'énergie et 1% des entreprises financières
figuraient dans le groupe hautement innovant. Enfin, pour trois
secteurs, les matériaux, l'immobilier et les services collectifs,
aucune entreprise n'atteignait le score requis.
Certes, les biens de consommation n'étaient pas les meilleurs sur
tous les plans. Pris dans son ensemble, le secteur informatique,
mené par IBM, Apple et Microsoft, présentait le score d'innovation
brut le plus élevé à 52,4. Les biens de consommation prenaient la
deuxième place à 51,5.
De plus, les onze entreprises informatiques (sur les 129 du
secteur) qui ont obtenu un score d'au moins 60 affichaient des
résultats impressionnants pour toutes les mesures d'innovation de
notre modèle, notamment leur niveau de dépenses dans la recherche,
les embauches dans les secteurs de pointe comme la robotique et
l'intelligence artificielle, la gestion active de leurs
portefeuilles de brevets et huit autres indicateurs.
En comparaison, les sept entreprises innovantes des biens de
consommation de base (sur 58 entreprises dans ce secteur)
n'excellaient que sur une poignée d'indicateurs et c'est là que
nous pouvons tirer des leçons.
L'une des mesures fournies par wRatings suit la perception des
clients quant au caractère innovant d'une entreprise sur la base de
sept critères : l'utilité, la qualité, la simplicité, l'aspect
"cool", l'originalité, la variété et la compétence.
Gary Williams, fondateur et CEO de wRatings, n'est pas étonné que
de nombreuses entreprises de biens de consommation produisent une
belle performance dans ce domaine. Dans sa pratique de consultant,
il a observé des acteurs majeurs du secteur utiliser avec brio
données et technologie pour déterminer l'évolution des désirs et
besoins de la clientèle et y répondre en créant de nouveaux
produits et de nouveaux moyens de les proposer.
Gary Williams a également salué l'ouverture à une diversité d'idées
et la disposition au changement du secteur. Il a décrit d'autres
secteurs, tels que les matériaux et l'immobilier, comme plus
rigides. "C'est lié en grande partie à la culture", a-t-il
expliqué.
Les entreprises de consommation de base les plus innovantes ont
également obtenu des scores particulièrement élevés concernant la
quantité et l'envergure de leurs marques déposées - un type de
propriété intellectuelle consistant en un mot, une phrase, un
symbole ou un design distinguant le produit ou service de ceux
offerts par la concurrence.
Bien sûr, ce n'est pas une surprise puisque les entreprises de ce
secteur en évolution constante doivent maintenir une cohérence
parfaite des valeurs de leur marque tout en s'efforçant de rester
pertinents et dans l'air du temps, un impératif qui implique un
flux régulier de marques déposées.
Les consommateurs "sont toujours en quête d'un nouveau goût, d'un
nouveau parfum, d'une nouvelle couleur", explique Robert Reading,
directeur de la stratégie contenu pour IP Group chez Clarivate
Analytics, qui fournit les données sur les marques déposées
utilisées dans notre modèle.
Bien qu'il soit dans la nature des entreprises de consommation de
base de générer des marques déposées, Gary Reading estime que
d'autres secteurs, comme l'énergie, la finance et l'immobilier
devraient chercher à le faire davantage. "Il s'agit de créer une
identité, que ce soit autour de la qualité ou de l'originalité",
juge-t-il.
En conclusion, le message est clair. Si vous voulez rendre votre
entreprise plus innovante, vous feriez mieux de vous inspirer des
rayons du supermarché que des usines de fabricants de
microprocesseurs.
-Rick Wartzman et Kelly Tang, The Wall Street Journal
(Version française Astride Mélite) ed: ECH
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February 22, 2021 04:54 ET (09:54 GMT)
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