Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action Renault a enfin passé la seconde. Depuis le début novembre, le titre du constructeur automobile a connu un rally remarquable, prenant plus de 60%. Le groupe au losange a progressé bien plus vite que le CAC 40 et l'indice sectoriel Stoxx Europe 600 Automobiles and Parts, qui ont respectivement gagné près de 20% et 22%.



"Sur cette fin d'année, Renault a bénéficié de la rotation sectorielle des marchés vers les valeurs cycliques décotées, et peut-être d'un certain enthousiasme avant la présentation du plan du directeur général, Luca de Meo, en janvier", explique un analyste basé à Londres.



Le nouveau numéro un de Renault a déjà esquissé les grandes lignes de cette feuille de route qui s'étalera sur sept ou huit ans. L'ex-président exécutif de Seat compte notamment reconquérir le segment C, celui des monospaces compacts, beaucoup plus rentable que le B, celui des citadines. Le dirigeant compte faire passer la part de ce segment dans le mix des ventes de 17% à environ 30%.



La marque Renault devra par ailleurs monter en gamme afin de libérer de l'espace à sa filiale roumaine Dacia dont Luca de Meo souhaite accroître l'autonomie. Plus globalement, l'idée directrice consiste à passer d'une politique de volumes à un modèle centré sur la création de valeur. Dans cette optique, le pilote de Renault a plusieurs fois indiqué que le grand rival PSA représentait l'exemple à suivre.



"Premier pas" dans la bonne direction



Plusieurs de ces initiatives mettront toutefois du temps à porter leurs fruits. Luca de Meo a par exemple prévenu que le réalignement des marques du groupe pourrait prendre plusieurs années. "Nous ne pensons pas que Renault puisse s'attaquer à - et encore moins corriger - la faiblesse structurelle de ses marques, de son positionnement en termes de coûts, ni à l'absence de robustesse de son bilan en 2021", estiment les analystes de Morgan Stanley.



L'action Renault n'est pas condamnée à rester au garage l'année prochaine. Mais le groupe au losange devra livrer des signes tangibles d'amélioration de sa politique de prix et se rapprocher ainsi du modèle de PSA, passé maître dans l'art de vendre au meilleur prix tout en comprimant les coûts.



"Les investisseurs favoriseront une meilleure rentabilité plutôt que des volumes plus importants", avertit Tom Narayan, analyste de Royal Bank of Canada. "Réorienter la production vers des produits avec des prix plus élevés devrait contribuer à améliorer la profitabilité" de Renault, poursuit cet intermédiaire financier.



La publication du chiffre d'affaires du troisième trimestre a montré que Renault avait effectué "un premier pas" dans cette bonne direction, constatait Oddo BHF. La discipline de prix s'était alors traduite par un impact positif de 5,5 points de pourcentage sur ces revenus. Renault devra pousser davantage cet effort au cours de l'année 2021 pour redresser ses résultats financiers.



"Si Renault parvient à générer un flux de trésorerie libre positif dans la division automobile sans le dividende de Nissan et la contribution de RCI [la banque de Renault, NDLR], cela pourrait réellement aider les investisseurs à se sentir à l'aise avec l'action", souligne Tom Narayan de Royal Bank Of Canada. Pour Demian Flowers, analyste chez Commerzbank, "l'indicateur à surveiller sera la marge opérationnelle".



Une action encore dépréciée



"Il leur faudra retrouver une marge opérationnelle en 2021 proche de 2019 voire de 2018, des cash-flow positifs et commencer à se désendetter", abonde un analyste basé à Paris. "Je suis toutefois assez confiant au vu de ce que Luca de Meo a accompli quand il était chez Seat", ajoute cet intermédiaire financier. Chez son ancien employeur, le dirigeant avait réussi à augmenter le prix moyen de ventes d'environ 30%.



Les investisseurs devront guetter avec vigilance ces progrès qui permettraient assurément de propulser davantage un titre encore bon marché malgré son récent rebond. Bernstein estime que l'action demeure sous-évaluée au regard du redressement potentiel de la société, et a relevé la semaine dernière son objectif de cours à 42 euros. Morgan Stanley juge le couple rendement-risque attractif et considère le titre Renault comme le seul parmi les constructeurs européens à présenter un potentiel élevé.



Après avoir longtemps calé, l'action Renault a retrouvé de l'allant. Il appartient à son pilote Luca de Meo de négocier en 2021 les bons virages sur les prix et la rentabilité pour qu'elle poursuive sa trajectoire.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



December 11, 2020 08:21 ET (13:21 GMT)




Copyright (c) 2020 L'AGEFI SA
Renault (EU:RNO)
Graphique Historique de l'Action
De Fév 2024 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Renault
Renault (EU:RNO)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2023 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Renault