François Berthon,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--La vision stratégique de Paul Hudson, directeur général aux commandes de Sanofi depuis le début septembre était très attendue par le marché. Dévoilée lundi soir et détaillée ce mardi, elle est saluée : le titre s'aduge plus de 5% alors que les investisseurs se félicitent du pragmatisme du dirigeant qui a notamment annoncé l'arrêt des activités de recherche dans le diabète. Cet arbitrage bouleverse un engagement historique du laboratoire.



Annoncée d'une ligne dans un copieux communiqué, cette décision tourne la page d'une activité qui a longtemps constitué le principal moteur de la croissance de l'entreprise. Elle était depuis plusieurs années en déclin mais aussi sources de dépenses. Il s'agit d'un choix "difficile" compte tenu du leadership historique du groupe dans ce domaine, a reconnu Paul Hudson lors d'une conférence téléphonique. Ce virage est un élément clé des réductions de coûts visées par le groupe et donc de ses nouveaux objectifs financiers.



Le groupe place la "barre très haut"



En visant une marge opérationnelle des activités de 30% d'ici à 2022 et de plus de 32% en 2025, Sanofi a frappé les esprits pour sa première journée investisseurs depuis deux ans. Ces objectifs sont "étonnamment robustes", soulignent les analystes de Barclays, notant qu'une marge de 30% en 2022 impliquerait une amélioration de plus de 300 points de base sur la période 2019-2022, soit un taux de croissance annuel moyen du résultat opérationnel de 7%.



L'effet de surprise est important. "L'objectif de marge opérationnelle de 30% en 2022 est susceptible d'entraîner une hausse de 4% des prévisions du consensus", calcule JPMorgan. L'objectif pour 2025 d'une marge ambitieuse de 32% suggère un relèvement du consensus "d'au moins 15%", observe de son côté Citi.



Le marché pourrait cependant se montrer plus prudent vis-à-vis de ce deuxième objectif, compte tenu de l'expiration en 2022 du brevet sur le médicament contre la sclérose en plaques Aubagio, qui a généré des ventes de 1,65 milliard d'euros en 2018.



Pour résoudre l'équation, Sanofi compte en premier lieu s'appuyer sur la montée en puissance du Dupixent, son médicament contre la dermatite atopique. De 788 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018, l'objectif est d'atteindre "en rythme de croisière" des ventes annuelles de 10 milliards d'euros, a annoncé le groupe, soit nettement plus que les 7,1 milliards d'euros anticipés par le consensus pour 2026. "C'est excitant, mais cela place la barre très haut", commente UBS.



Renforcer le portefeuille de produits



Outre le Dupixent, l'activité sera tirée par les vaccins, avec une croissance annuelle moyenne prévue entre 5% et 10%, et par le pipeline de produits en développements. Sanofi a identifié six médicaments prioritaires parmi lesquels le Fiturisan pour le traitement de l'hémophilie ou encore le SERD ('859) comme potentiel traitement du cancer du sein.



Leur développement sera accéléré, notamment grâce aux 2 milliards d'euros d'économies de coûts visées d'ici 2022, liées à l'arrêt des recherches dans le diabète et les maladies cardiovasculaires, ainsi que l'optimisation de l'outil de production et de l'organisation.



A l'image du rachat annoncé lundi pour 2,5 milliards de dollars de la société de biotechnologie américaine Synthorx, le groupe reste également à l'affût de nouvelles acquisitions "ciblées". Synthorx développe un portefeuille de composés dans le domaine de immuno-oncologie, un domaine qui "reste une priorité" pour Sanofi, souligne Oddo BHF.



Avec une hausse prévue de 50% de son cash-flow libre d'ici à 2022 sur une base de 4,1 milliards d'euros en 2018, Sanofi dispose des moyens d'élargir son portefeuille par croissance externe. D'autant que la "monétisation" évoquée de sa participation de 21,6% dans la société américaine de biotechnologie Regeneron lui permettrait de générer des flux de trésorerie supplémentaires.



En revanche, les espoirs d'une scission voire d'une cession de l'activité de santé grand public, sont peut-être déçus, à court terme tout du moins. Sanofi veut transformer cette activité en entité autonome, dotée de fonction de fabrication et de R&D intégrées, afin de lui donner davantage de flexibilité face à la concurrence. Mais "cela pourrait n'être qu'une première étape avant de réexaminer la question à court ou moyen terme", estime Oddo-BHF.



Les orientations stratégiques livrées par Paul Hudson, accompagnées d'objectifs financiers ambitieux, ont de quoi satisfaire les investisseurs. Pour préserver leur confiance, Sanofi devra étoffer son pipeline de produits, par le biais ou pas d'acquisitions et impérativement s'assurer que son produit phare en devenir, Dupixent, rencontre le succès escompté.



-François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



December 10, 2019 10:57 ET (15:57 GMT)




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