Sans visibilité sur le baril, Vallourec doit adopter des mesures drastiques - DJ Plus
11 Janvier 2019 - 3:48PM
Dow Jones News
François Schott,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'année 2019 sera décisive pour Vallourec.
Le fabricant de tubes sans soudure devra regagner la confiance des
investisseurs, fortement ébranlée par la publication d'une dette
alourdie et de flux de trésorerie négatifs au troisième trimestre
clos fin septembre. Ce retour en grâce pourrait cependant prendre
du temps, contrairement à ce que suggère la progression de 15% du
titre depuis le 1er janvier.
Cette hausse est avant tout liée au rebond des cours du pétrole,
Vallourec ayant tendance à amplifier les mouvements du baril. Elle
est loin d'effacer la chute de 60% subie par le titre sur les deux
derniers mois de 2018. L'action Vallourec fait l'objet de nombreux
mouvements spéculatifs. A fin décembre, Vallourec était la deuxième
valeur la plus "shortée" du SBF 120 derrière Casino, 15,1% de son
capital faisant l'objet de ventes à découvert, d'après les calculs
du cabinet IHS Markit.
Sur le marché obligataire, les prix des obligations Vallourec ne
sont guère remontés depuis leur chute de la mi-novembre, traduisant
les craintes des investisseurs sur la capacité du groupe à tenir
ses engagements financiers. Le rendement des obligations à échéance
2022 atteint 13%, une prime de risque particulièrement élevée.
Un problème structurel d'endettement
La dette constitue le principal problème du groupe industriel. Au
cours des neuf premiers mois de l'année écoulée, elle est passée de
1,5 milliard d'euros à 2,1 milliards, soit la moitié de la valeur
d'entreprise aux cours actuels. En face, le groupe disposait au 30
septembre de 769 millions d'euros de trésorerie et de 2,2 milliards
d'euros de lignes de crédit bancaires à moyen et long terme
confirmées et non tirées, soit un total d'environ 3 milliards de
liquidités.
"Techniquement, Vallourec n'est pas insolvable", souligne Nicholas
Green, analyste senior en charge du secteur des services pétroliers
chez Bernstein. Mais le groupe a un problème structurel de
génération de trésorerie qui remet en cause sa capacité à
rembourser ses dettes à moyen terme.
Sur les neuf premiers mois de 2018, la consommation de cash a
atteint 571 millions d'euros, un niveau très supérieur aux attentes
des analystes. Le groupe a expliqué ce niveau par une hausse de son
besoin en fonds de roulement au troisième trimestre lié à la
constitution de stocks aux Etats-Unis et au Brésil.
"Vallourec cherche et trouve beaucoup d'excuses. Mais le marché
perd patience et commence à intégrer la probabilité d'une nouvelle
augmentation de capital", ajoute Nicholas Green. Dans cette
perspective, l'analyste a sabré son objectif de cours à 80
centimes, contre 3,1 euros précédemment.
Des mesures drastiques attendues
Plus positif, Oddo BHF estime que le groupe devrait réduire sa
consommation de trésorerie à environ 300 millions en 2019, contre
environ 500 millions en 2018, et souligne l'amélioration de ses
résultats. "La recovery est confirmée (amélioration séquentielle de
l'Ebitda) mais le groupe doit démontrer sa capacité à renouer avec
un free cash flow positif. 2019 sera probablement une année
décisive", indique l'intermédiaire financier.
Avec une marge Ebitda d'environ 3% en 2018, la rentabilité de
Vallourec reste très loin de celle de ses principaux concurrents,
Ipsco et Tenaris, dont les marges culminent à 13% et 20%. Pour
Morgan Stanley, le français doit encore tailler dans ses coûts afin
d'abaisser son seuil de rentabilité et générer de meilleurs flux de
trésorerie, ce qui passe par de nouvelles réductions de capacités
en Europe. Des cessions d'actifs au Brésil pourraient également
desserrer la contrainte financière : Vallourec pourrait monétiser
ses forêts d'eucalyptus, dans lesquels il capte une partie du CO2
lié à sa production de charbon de bois, ainsi qu'une importante
mine de fer, détaille l'intermédiaire financier.
Dans un communiqué publié fin novembre, Vallourec a promis de
"nouvelles économies importantes" et une amélioration de son
résultat d'exploitation en 2019. L'industriel devra préciser ces
objectifs lors de la publication de ses résultats annuels, le mois
prochain, s'il veut apaiser les inquiétudes du marché. La violente
correction subie par le titre doit servir d'avertissement, alors
que les perspectives du marché pétrolier restent incertaines pour
les prochains mois. Sans des mesures drastiques de réduction de ses
coûts de production, le groupe risque de se retrouver à nouveau sur
la pente glissante en Bourse.
-François Schott, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 92;
fschott@agefi.fr ed: ECH
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January 11, 2019 09:28 ET (14:28 GMT)
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