Thyssenkrupp offre un accès idéal au secteur des ascenseurs - Plus Europe
02 Juillet 2019 - 10:26AM
Dow Jones News
Stephen Wilmot,
The Wall Street Journal
LONDRES (Agefi-Dow Jones)--L'industrie des ascenseurs est en pleine
évolution, et il existe une façon astucieuse d'y investir.
Les conglomérats industriels de part et d'autre de l'Atlantique -
United Technologies aux Etats-Unis et Thyssenkrupp en Europe -- ont
entrepris de se défaire de leurs marques d'ascenseurs pour se
recentrer sur leurs activités stratégiques. Dans ce contexte, deux
piliers d'un secteur attractif des biens d'équipement sont remis en
jeu pour la première fois depuis des années.
Un rachat de Thyssenkrupp Elevators, sur lequel les spéculations
vont bon train, donnerait aux malheureux actionnaires de sa maison
mère un coup de pouce fort bienvenu.
United Technologies a annoncé pour sa part en novembre qu'il
distribuerait à ses actionnaires, ou "scinderait" à leur profit,
des titres de ses deux divisions hors aérospatiale : Otis, premier
ascensoriste mondial, et Carrier, géant des systèmes de chauffage
et climatisation. Ces scissions, qui étaient largement attendues
après l'acquisition de l'équipementier aéronautique Rockwell
Collins par le groupe américain pour 23 milliards de dollars, sont
prévues au début 2020.
Le marché s'attendait en revanche beaucoup moins au projet
d'introduction en Bourse de Thyssenkrupp Elevators, présenté en
mai, huit mois seulement après l'annonce par le conglomérat
allemand de son intention de se scinder en deux entités. Cette
volte-face est due à l'échec du projet de fusion de son activité de
sidérurgie en Europe avec celle du conglomérat indien Tata, bloqué
par Bruxelles.
La création de valeur liée à une introduction en Bourse pourrait se
révéler substantielle. Thyssenkrupp Elevators est, de loin, l'actif
le plus important de Thyssenkrupp. Si elle était en adéquation avec
celle de ses concurrents indépendants les mieux cotés, le
finlandais Kone et le suisse Schindler, sa valorisation
ressortirait à 14 milliards d'euros, selon Jefferies, soit
quasiment deux fois la valeur des fonds propres de sa maison mère,
certes plombée par une dette et des passifs de retraite colossaux.
La façon dont ces charges seront réparties déterminera la
potentielle valeur boursière de la division ascenseurs, si jamais
l'IPO est menée à bien.
Il se pourrait en effet que Thyssenkrupp Elevators soit cédée à un
concurrent avant d'entrer en Bourse. Les économies de coûts qui
résulteraient d'une fusion seraient considérables et les nouveaux
membres du conseil de surveillance du conglomérat, présidé depuis
février par Martina Merz, semblent plus disposés que leurs
prédécesseurs à envisager une cession du joyau du groupe.
L'ascensoriste allemand est depuis longtemps dans le viseur de
Kone, dont l'intérêt pour Thyssenkrupp Elevators est régulièrement
évoqué dans le presse. Otis, qui a déjà connu l'indépendance,
figure lui aussi sur la liste des acheteurs potentiels -- c'est du
moins ce qu'a déclaré le patron de United Tech, Gregory Hayes --
mais aurait plus de mal que le finlandais à convaincre les
autorités de la concurrence dans la mesure où Otis et Thyssenkrupp
occupent tous deux une position dominante sur le marché
nord-américain. Kone est quant à lui sous-représenté en Amérique du
Nord mais très présent en Chine, point faible de Thyssenkrupp.
Les investisseurs ne doivent pas s'attendre pour autant à des
négociations imminentes : pour se voir proposer la meilleure offre,
quel que soit l'acheteur, Thyssenkrupp a tout intérêt pour l'heure
à poursuivre son projet d'IPO, sans compter que négocier les
modalités d'une fusion avec les organisations syndicales allemandes
ne serait probablement pas tâche aisée. Reste que le conglomérat
aura sans doute du mal à résister à la logique d'une
consolidation.
Même s'il y parvient et finit par introduire en Bourse une part
minoritaire de sa division ascenseurs, l'écart de valorisation avec
Kone et Schindler devrait diminuer. Le conglomérat allemand
affichant un multiple de moins de 13 fois les résultats attendus,
contre près de 27 pour Kone, l'écart est le plus important des dix
dernières années, au moins.
Pour les investisseurs, l'action Thyssenkrupp, en pleine
déconfiture, constitue le moyen le plus évident de prendre le train
en marche, bien qu'une offre de Kone profiterait également à Otis
et Schindler. Toute transaction nécessitera l'obtention préalable
du feu vert des autorités de la concurrence, qui ne manqueront pas
de réclamer des cessions d'actifs au profit des groupes rivaux.
Ascenseurs et escaliers roulants forment un secteur
inhabituellement stable, porté par des revenus d'entretien qui le
préservent des aléas d'un secteur du bâtiment soumis à des cycles
d'expansion et de contraction. Thyssenkrupp offre aux investisseurs
un point d'entrée bon marché.
-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal
(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV
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