Stephen Wilmot,



The Wall Street Journal



LONDRES (Agefi-Dow Jones)--L'industrie des ascenseurs est en pleine évolution, et il existe une façon astucieuse d'y investir.



Les conglomérats industriels de part et d'autre de l'Atlantique - United Technologies aux Etats-Unis et Thyssenkrupp en Europe -- ont entrepris de se défaire de leurs marques d'ascenseurs pour se recentrer sur leurs activités stratégiques. Dans ce contexte, deux piliers d'un secteur attractif des biens d'équipement sont remis en jeu pour la première fois depuis des années.



Un rachat de Thyssenkrupp Elevators, sur lequel les spéculations vont bon train, donnerait aux malheureux actionnaires de sa maison mère un coup de pouce fort bienvenu.



United Technologies a annoncé pour sa part en novembre qu'il distribuerait à ses actionnaires, ou "scinderait" à leur profit, des titres de ses deux divisions hors aérospatiale : Otis, premier ascensoriste mondial, et Carrier, géant des systèmes de chauffage et climatisation. Ces scissions, qui étaient largement attendues après l'acquisition de l'équipementier aéronautique Rockwell Collins par le groupe américain pour 23 milliards de dollars, sont prévues au début 2020.



Le marché s'attendait en revanche beaucoup moins au projet d'introduction en Bourse de Thyssenkrupp Elevators, présenté en mai, huit mois seulement après l'annonce par le conglomérat allemand de son intention de se scinder en deux entités. Cette volte-face est due à l'échec du projet de fusion de son activité de sidérurgie en Europe avec celle du conglomérat indien Tata, bloqué par Bruxelles.



La création de valeur liée à une introduction en Bourse pourrait se révéler substantielle. Thyssenkrupp Elevators est, de loin, l'actif le plus important de Thyssenkrupp. Si elle était en adéquation avec celle de ses concurrents indépendants les mieux cotés, le finlandais Kone et le suisse Schindler, sa valorisation ressortirait à 14 milliards d'euros, selon Jefferies, soit quasiment deux fois la valeur des fonds propres de sa maison mère, certes plombée par une dette et des passifs de retraite colossaux. La façon dont ces charges seront réparties déterminera la potentielle valeur boursière de la division ascenseurs, si jamais l'IPO est menée à bien.



Il se pourrait en effet que Thyssenkrupp Elevators soit cédée à un concurrent avant d'entrer en Bourse. Les économies de coûts qui résulteraient d'une fusion seraient considérables et les nouveaux membres du conseil de surveillance du conglomérat, présidé depuis février par Martina Merz, semblent plus disposés que leurs prédécesseurs à envisager une cession du joyau du groupe.



L'ascensoriste allemand est depuis longtemps dans le viseur de Kone, dont l'intérêt pour Thyssenkrupp Elevators est régulièrement évoqué dans le presse. Otis, qui a déjà connu l'indépendance, figure lui aussi sur la liste des acheteurs potentiels -- c'est du moins ce qu'a déclaré le patron de United Tech, Gregory Hayes -- mais aurait plus de mal que le finlandais à convaincre les autorités de la concurrence dans la mesure où Otis et Thyssenkrupp occupent tous deux une position dominante sur le marché nord-américain. Kone est quant à lui sous-représenté en Amérique du Nord mais très présent en Chine, point faible de Thyssenkrupp.



Les investisseurs ne doivent pas s'attendre pour autant à des négociations imminentes : pour se voir proposer la meilleure offre, quel que soit l'acheteur, Thyssenkrupp a tout intérêt pour l'heure à poursuivre son projet d'IPO, sans compter que négocier les modalités d'une fusion avec les organisations syndicales allemandes ne serait probablement pas tâche aisée. Reste que le conglomérat aura sans doute du mal à résister à la logique d'une consolidation.



Même s'il y parvient et finit par introduire en Bourse une part minoritaire de sa division ascenseurs, l'écart de valorisation avec Kone et Schindler devrait diminuer. Le conglomérat allemand affichant un multiple de moins de 13 fois les résultats attendus, contre près de 27 pour Kone, l'écart est le plus important des dix dernières années, au moins.



Pour les investisseurs, l'action Thyssenkrupp, en pleine déconfiture, constitue le moyen le plus évident de prendre le train en marche, bien qu'une offre de Kone profiterait également à Otis et Schindler. Toute transaction nécessitera l'obtention préalable du feu vert des autorités de la concurrence, qui ne manqueront pas de réclamer des cessions d'actifs au profit des groupes rivaux.



Ascenseurs et escaliers roulants forment un secteur inhabituellement stable, porté par des revenus d'entretien qui le préservent des aléas d'un secteur du bâtiment soumis à des cycles d'expansion et de contraction. Thyssenkrupp offre aux investisseurs un point d'entrée bon marché.



-Stephen Wilmot, The Wall Street Journal



(Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV



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July 02, 2019 04:06 ET (08:06 GMT)




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