(Actualisation: précisions sur le plan de transformation et le
partenariat avec Tencent, réaction en Bourse, commentaires d'un
analyste)
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le géant français de la distribution
Carrefour (CA.FR) a présenté mardi son plan de transformation
"Carrefour 2022", élaboré sous l'égide de son nouveau PDG,
Alexandre Bompard, qui vise à simplifier son organisation, à
réduire ses coûts et à développer sa présence dans le commerce en
ligne et de proximité, tout en développant de nouveaux
partenariats, notamment en Chine avec le groupe chinois d'Internet
Tencent.
La simplification de l'organisation passera par un plan de départs
volontaires portant sur 2.400 emplois en France, a précisé
Carrefour. En revanche, aucune fermeture d'hypermarché n'est au
programme.
Par ailleurs, le groupe a conclu un protocole d'accord en vue d'un
potentiel investissement de Tencent et Yonghui, un spécialiste
chinois des produits frais, au capital de Carrefour Chine.
Alexandre Bompard a fixé un cap appelé à constituer la clé de voûte
de toutes les actions engagées: "Devenir le leader mondial de la
transition alimentaire". Carrefour veut offrir à ses clients "une
alimentation de qualité, fiable, et à un prix raisonnable. Pour ce
faire et pour retrouver une dynamique conquérante, nous devons
refonder notre modèle, en simplifiant notre organisation et en nous
ouvrant aux partenariats, améliorer notre efficacité
opérationnelle, investir dans nos formats de conquête, bâtir un
modèle omnicanal performant et développer notre offre de produits
frais et bio, notamment sous la marque Carrefour", a indiqué
Alexandre Bompard, cité dans le communiqué de l'entreprise.
Dénoncé par les syndicats en raison des suppressions de postes
attendues, le plan de transformation de Carrefour est toutefois
salué par la Bourse mardi. A la mi-journée, le titre évoluait en
tête du CAC 40, s'adjugeant 5,8% à 19,53 euros.
Maintien de la politique de dividende
Les projets de Carrefour "cochent toutes les cases", avec des
investissements dans la vente alimentaire en ligne, une
réorganisation de l'activité en France et des partenariats en
Chine, indique Bernstein. La faiblesse de Carrefour en France vient
en partie de la désaffection des consommateurs pour son offre
alimentaire, ajoute le courtier, qui juge pertinente la décision de
donner la priorité aux produits frais et à la réduction de la
taille des hypermarchés.
Le partenariat dévoilé avec Tencent place par ailleurs Carrefour en
bonne position pour redresser son activité en Chine. Les
investisseurs devront toutefois rester attentifs à l'impact de ses
annonces sur les marges, prévient Bernstein en disant attendre les
perspectives du groupe pour 2018.
Au chapitre du bilan, Carrefour garde comme objectif de conserver
une structure financière "solide" en améliorant sa génération de
trésorerie via une meilleure gestion du besoin en fonds de
roulement. Le groupe a ajouté qu'il souhaitait également maintenir
sa politique de dividende, avec un taux de distribution compris
entre 45% et 50% du résultat net ajusté, part du groupe.
2 milliards d'euros d'économies
Dans un premier temps, Carrefour rationalisera la douzaine de
sièges que compte le groupe en Ile-de-France. Le site de Massy
deviendra à la fois le siège du groupe et de la France, et un plan
de départs volontaires concernant 2.400 emplois sur un total de
10.500 postes au sein des sièges, sera mis en place.
L'organisation sera simplifiée et allégée et 500 projets
déconnectés de la nouvelle ambition de Carrefour, par exemple celui
de la liseuse maison Nolimbook, seront abandonnés. Le distributeur
compte se structurer davantage autour de partenariats, comme avec
Fnac Darty dans l'électronique ou avec Showroomprivé pour les
ventes privées, afin de tirer profit des innovations et meilleures
pratiques de leaders sectoriels.
Un nouveau partenariat avec Tencent, développeur de la messagerie
WeChat, a été annoncé mardi. Cette alliance "permettra à Carrefour
d'améliorer sa visibilité sur Internet, d'accroître son trafic en
ligne et en magasin et de bénéficier de l'expertise avancée de
Tencent en matière technologique et digitale pour développer de
nouvelles initiatives de 'smart retail'", a précisé Carrefour.
Par ailleurs, l'entreprise ambitionne une réduction de sa base de
coûts de 2 milliards d'euros dès 2020 en année pleine. Ce plan
d'économies s'accompagnera d'investissements "plus efficaces et
mieux ciblés", selon Carrefour.
Le groupe vise à gagner en productivité et en compétitivité en
réinvestissant chaque année 2 milliards d'euros selon une
allocation totalement revue, en donnant la priorité aux prix, à la
compétitivité commerciale et au développement de la marque propre
de Carrefour. Dans ce cadre, 273 magasins ex-Dia, toujours en perte
malgré des investissements massifs, seront cédés, ou fermés en
l'absence de repreneur, le groupe espérant reclasser au moins la
moitié des personnes éventuellement touchées.
Une plateforme marchande unique
La direction considère ensuite que le groupe ne pourra pas
prospérer sans une stratégie omnicanal, incluant le numérique, et
vise à créer "un univers Carrefour unique, en ligne et physique",
s'appuyant sur ses magasins, y compris les hypermarchés.
Les surfaces seront réduites de 5% en moyenne pour ce format qui,
selon Alexandre Bompard, recèle toujours de la valeur. Cinq
hypermarchés passeront toutefois en location-gérance.
Parallèlement, 2.000 magasins de proximité seront ouverts dans les
cinq prochaines années dans les grandes métropoles. Le groupe va
aussi accélérer le déploiement du format "cash and carry" en
Amérique du Sud.
Dans le numérique, Carrefour prévoit 2,8 milliards d'euros
d'investissements d'ici à 2022 pour une stratégie offensive avec
une plateforme marchande unique Carrefour.fr. Pour l'aider dans
cette stratégie, le groupe a noué un partenariat avec Sapient,
filiale de Publicis, qui a déjà conseillé Wal-Mart dans une
démarche similaire. Au total, le groupe a pour objectif de réaliser
5 milliards d'euros de revenus dans l'e-commerce en 2022, soit près
de six fois le niveau actuel.
Refonte de l'offre alimentaire
Une vaste refonte de l'offre alimentaire constitue le quatrième
pilier du plan de transformation. L'ambition est "d'offrir à tous
les consommateurs, tous les jours, une alimentation de qualité,
fiable, accessible partout et à un prix raisonnable", via trois
domaines principaux : les produits frais, le bio et la marque
Carrefour.
Dans le frais, le distributeur vise une croissance du chiffre
d'affaires trois fois plus forte que celle des autres produits de
grande consommation et un million de consommateurs en plus d'ici à
2022. Dans les produits bio, Carrefour veut passer à 5 milliards
d'euros de chiffre d'affaires à la fin du plan, contre 1,3 milliard
d'euros actuellement, en généralisant les zones dédiés dans
l'ensemble des magasins français et en accroissant la gamme
offerte. Enfin, les produits de marque Carrefour devraient
représenter un tiers du chiffre d'affaires à l'issue du plan, en
mettant l'accent sur la traçabilité et la qualité via notamment la
suppression rapide de toutes les substances controversées.
-Guillaume Bayre et Valérie Venck, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 93;
gbayre@agefi.fr ed : VLV - LBO
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January 23, 2018 06:21 ET (11:21 GMT)
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