Actualisé: Corée du Nord: Trump refuse de changer de ton, avertit Kim Jong-Un
11 Août 2017 - 11:24PM
Dow Jones News
Donald Trump est resté sourd vendredi aux appels à la retenue
sur le dossier nord-coréen qui suscite une inquiétude
internationale grandissante, mettant directement en garde Kim
Jong-Un et soulignant que l'armée américaine était prête à agir si
nécessaire.
Face à une surenchère sans précédent entre Washington et Pyongyang,
la Chine a enjoint aux deux pays de "faire preuve de prudence" et a
exhorté Pyongyang à éviter les "démonstrations de force".
L'Allemagne, de son côté, a martelé qu'il n'existait pas de
solution militaire à ce conflit.
Mais depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe des
vacances, le président américain a persisté dans le registre
belliqueux adopté depuis trois jours: "S'il fait quoi que ce soit
visant Guam, ou un autre territoire américain, ou un allié des
Etats-Unis, il le regrettera vraiment et il le regrettera
rapidement", a-t-il lancé, évoquant le jeune leader
nord-coréen.
Son attitude ne contribue-t-elle pas à faire monter la tension à un
niveau dangereux? "Mes détracteurs disent cela parce que c'est moi.
Si quelqu'un disait exactement la même chose, ils diraient +Quelle
grande déclaration!+", a-t-il répondu, assurant que des "dizaines
de millions d'Américains" étaient heureux qu'un président "parle
enfin haut et fort" pour leur pays et ses alliés.
Quelques heures plus tôt, M. Trump --qualifié par Pyongyang
d'"odieux fanatique de la guerre nucléaire"-- avait souligné sur
Twitter que les solutions militaires étaient "complètement en
place" et "prêtes à l'emploi" si la Corée du Nord se comportait
imprudemment.
Après plusieurs jours d'escalade verbale, aucun signe d'apaisement
n'était perceptible. Or les prochains exercices militaires
conjoints entre Séoul et Washington, durant lesquels les tensions
sur la péninsule coréenne tendent à s'aggraver, commencent
prochainement, autour du 21 août.
- Moscou 'très inquiet' -
Cette montée des tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord
pèse sur les marchés financiers et inquiète de nombreux dirigeants
mondiaux.
"Nous appelons toutes les parties à faire preuve de prudence dans
leurs mots et leurs actions, et à agir davantage pour apaiser les
tensions", a déclaré Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois
des Affaires étrangères.
A Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov s'est dit
"très inquiet" des risques de conflit "très élevés" entre les
Etats-Unis et la Corée du Nord.
"Il est clairement temps pour toutes les parties de se concentrer
sur les moyens de faire baisser les tensions", a renchéri Stéphane
Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies
Antonio Guterres.
"Je ne vois pas de solution militaire à ce conflit (...) Je
considère l'escalade verbale comme une mauvaise réponse", a mis en
garde vendredi la chancelière allemande Angela Merkel.
M. Trump a balayé ces propos d'un revers de manche, estimant que
Mme Merkel parlait seulement pour son pays. "Peut-être qu'elle
parle de l'Allemagne. Elle ne parle certainement pas des
Etats-Unis, je peux vous le dire", a-t-il affirmé.
Un responsable de la Maison Blanche a toutefois indiqué qu'il ne
fallait pas voir dans les propos du milliardaire le signe d'une
action militaire imminente. "Il y a des plans militaires pour à peu
près toutes les crises du globe (...) Ces plans sont
continuellement mis à jour et présentent des options au président.
Il n'y a rien de nouveau", a dit ce responsable sous couvert
d'anonymat.
- Plan d'offensive contre Guam -
L'armée américaine a indiqué vendredi être "prête à combattre" si
le président américain en donnait l'ordre.
Le Pentagone dispose actuellement de 28.500 soldats au sud du 38ème
parallèle: armée de l'air, armée de terre, infanterie de marine
(les fameux Marines) et, bien sûr, la marine. Pour protéger le
terrain des missiles à moyenne portée de Kim Jong-Un, les
Etats-Unis ont déployé un bouclier anti-missiles, le THAAD, qui
peut intercepter les lanceurs à haute altitude.
En réponse au changement de ton à Washington, la Corée du Nord a
menacé de lancer une attaque contre l'île américaine de Guam,
avant-poste stratégique des forces américaines dans le
Pacifique.
L'armée doit présenter au jeune dirigeant nord-coréen un plan
d'offensive contre Guam d'ici mi-août, selon les militaires
nord-coréens.
Selon les analystes, des tirs vers Guam placeraient Washington dans
une position délicate: si les Etats-Unis ne tentaient pas de les
intercepter, leur crédibilité en prendrait un coup et Pyongyang se
sentirait pousser des ailes pour mener un test de missile
intercontinental (ICBM) grandeur nature.
Pékin prône une résolution "négociée" du dossier nord-coréen,
renvoyant dos à dos Washington et Pyongyang.
Le Chine a ainsi proposé à plusieurs reprises, pour désamorcer la
crise, un double "moratoire": l'arrêt simultané des essais
nucléaires et balistiques nord-coréens et des manoeuvres militaires
conjointes des Etats-Unis et de la Corée du Sud.
(END) Dow Jones Newswires
August 11, 2017 17:04 ET (21:04 GMT)