Actualisé: Europcar n'attirera de nouveaux investisseurs qu'au prix d'une restructuration -DJ Plus
07 Janvier 2020 - 4:39PM
Dow Jones News
(Actualisation de la part du capital d'Europcar détenue par le
fonds CIAM)
Dimitri Delmond,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Europcar Mobility Group est sorti de 2019
tout cabossé. Après un dérapage de 45%, l'action du loueur de
véhicules a accusé l'an passé la plus forte baisse de l'indice SBF
120. Une sortie de route consécutive au lancement, au début de
l'automne, d'un sévère avertissement sur ses résultats annuels.
Le 24 octobre, le cours de Bourse d'Europcar s'est effondré de 37%
après que les dirigeants ont prévenu que les objectifs confirmés
trois mois auparavant pour 2019 ne seraient pas atteints. En cause
notamment, les incertitudes liées au Brexit sur l'activité au
Royaume-Uni, où le groupe réalise environ 15% de son chiffre
d'affaires.
C'est dans ce contexte que la société d'investissement Eurazeo a
annoncé en novembre qu'elle envisageait de céder tout ou partie de
sa participation de 29,9%. "Après treize années passées au capital
du loueur, dont la valeur a quasiment été divisée par trois depuis
l'introduction en Bourse de juin 2015, Eurazeo a décidé d'arrêter
les frais, certainement exaspéré par la dernière alerte sur
résultats et par certaines errances stratégiques", observe un
gérant parisien.
Contactés par l'agence Agefi-Dow Jones, Eurazeo et Europcar n'ont
pas souhaité apporter de commentaire pour cet article.
Un rendez-vous crucial le 25 février
Selon nos informations, Europcar recherche aussi de nouveaux
partenaires financiers susceptibles de se substituer à son
principal actionnaire. La meilleure façon d'attirer des
investisseurs serait de mener une profonde restructuration pour
transformer le modèle d'entreprise du loueur tout en assurant sa
rentabilité à court terme.
En froid avec Eurazeo selon analystes et investisseurs, Europcar
doit impérativement accélérer. "Le groupe a pour obligation de
présenter une nouvelle feuille de route séduisante pour les années
à venir afin de restaurer un minimum de confiance avec la Bourse et
de convaincre de nouveaux partenaires financiers d'embarquer",
prévient un analyste parisien. "Certains objectifs du plan SHIFT
2023 méritent notamment d'être ajustés", ajoute-t-il.
Europcar a promis de redresser la barre cette année. La présidente
du directoire, Caroline Parot a garanti que la société de location
adapterait sa flotte et ses ambitions à l'environnement économique
dégradé et qu'elle réduirait ses coûts de sorte à démontrer sa
flexibilité. Europcar a déjà lancé des initiatives visant notamment
à générer des économies brutes de 60 millions d'euros d'ici à la
fin 2020.
Le groupe a rendez-vous avec le marché le 25 février, date à
laquelle il présentera ses comptes 2019. Les investisseurs
attendront de sérieuses avancées dans ses programmes de réductions
de coûts, ainsi que des perspectives crédibles pour 2020. "Europcar
devra prendre certaines décisions stratégiques comme accélérer son
développement dans le digital, restructurer sa dette et réfléchir à
la pertinence de sa présence aux Etats-Unis et en Australie",
préconise un autre analyste, pour lequel "la faible valorisation du
groupe ne suffira pas à lui redonner durablement de l'éclat en
Bourse".
Pour JPMorgan Cazenove, le redressement des résultats d'Europcar
passera nécessairement par un meilleur amortissement des coûts
fixes. Cela prendra du temps, d'autant que le marché de la location
automobile de courte durée patine toujours. La banque d'affaires
américaine prévoit une marge de "corporate Ebitda ajusté" - qui
correspond au résultat opérationnel courant retraité des intérêts,
amortissements et dépréciations - de 9,4% en 2019, puis de 9,1%
cette année. Elle atteignait un niveau record de 11,2% en
2018...
Des investisseurs partagés sur la direction
Troisième valeur de la cote parisienne la plus vendue à découvert
derrière Eurofins et Iliad, avec 11,1% de son capital empruntés par
des fonds spéculatifs selon IHS Markit, Europcar est attendu au
tournant. Opportuniste, l'activiste CIAM a récemment profité de la
chute du titre pour renforcer sa participation au capital. Depuis
mi-novembre, il détient 7,8% des actions en circulation.
"Actuellement, le titre Europcar vaut selon nous entre 7 et 8
euros, mais il vaudra bien plus lorsque le groupe aura achevé sa
restructuration", a déclaré Catherine Berjal, la présidente du
fonds activiste, à l'agence Agefi-Dow Jones. Convaincu du potentiel
de redressement d'Europcar, CIAM envisage "de poursuivre ses achats
d'actions sur le marché, en fonction des opportunités".
Le fonds activiste a également l'intention d'influer sur le mode de
gestion de l'entreprise. "CIAM envisage de proposer une liste de
candidats pour intégrer le conseil de surveillance d'Europcar", a
révélé Catherine Berjal.
CIAM fait pour l'instant confiance à Caroline Parot pour redresser
les performances opérationnelles. "L'actuelle présidente du
directoire mérite sa chance, elle a su diriger Europcar dans un
contexte difficile sur le plan de l'activité", souligne Catherine
Berjal.
Tous les investisseurs ne feront pas preuve de la même
bienveillance. "Les dirigeants, et Caroline Parot en tête, ont pris
le risque de prendre des engagements qu'ils n'ont pas su tenir et
ont pris des décisions discutables en matière d'acquisitions ou de
rachats d'actions. Ils en portent la responsabilité et le nouvel
actionnaire de référence ne voudra pas nécessairement faire route
commune avec eux", avertit un intermédiaire financier.
En 2020, Europcar pourrait donc perdre bien plus que son principal
actionnaire.
-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31;
ddelmond@agefi.fr ed: ECH
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