(Actualisation : commentaire d'analyste, contexte sur la création
et la finalité du Libra, informations réglementaires)
PARIS/NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Le réseau social Facebook a
officiellement lancé mardi sa cryptomonnaie, baptisée Libra, qui
sera garantie par une réserve d'actifs réels pour assurer sa
stabilité et la préserver de la spéculation.
Facebook a aussi annoncé la création d'une filiale réglementée,
nommée Calibra, qui gérera le porte-monnaie lié au Libra. Le
service devrait être opérationnel en 2020. Il sera disponible sur
les applications de messagerie instantanée Messenger et WhatsApp,
ainsi que sur une application propre.
Regroupant des entreprises de référence, des organisations
multilatérales et des institutions académiques, l'Association
Libra, basée à Genève, est chargée de créer cette monnaie
électronique promettant des "frais de transaction minimes".
Dans un communiqué séparé, Iliad, maison mère de l'opérateur de
télécommunications Free, a annoncé être l'un des membres fondateurs
de l'Association Libra, une organisation indépendante à but non
lucratif.
Au nom de l'association, Iliad a dressé la liste de ses membres,
qui compte aussi l'opérateur Vodafone dans le secteur des
télécommunications. Dans le domaine des technologies et des places
de marché en ligne, l'association regroupe, outre Facebook/Calibra,
Booking, eBay, Farfetch, Lyft, Mercado Pago, Spotify et Uber
Technologies. Les sociétés de paiements Mastercard, PayPal, PayU
(filiale de Naspers), Stripe et Visa sont également membres.
Cette association a "pour ambition de faciliter le développement de
la blockchain Libra et de gérer la Réserve" liée à la
cryptomonnaie, a indiqué Iliad. Le réseau reposera sur une
blockchain open-source "sécurisée, évolutive et fiable", a
poursuivi la société.
Iliad a "vocation à être l'un des nœuds de validation du réseau
Libra", a précisé le groupe.
Facebook travaille depuis plus d'un an sur un système de paiement
basé sur la blockchain, un effort dirigé par l'ancien président de
PayPal, David Marcus. Compte tenu des 2,4 milliards d'utilisateurs
actifs de Facebook, cette initiative constitue l'une des tentatives
les plus importantes de déploiement d'une cryptomonnaie auprès du
grand public.
La semaine dernière, le Wall Street Journal avait rapporté que
Facebook gérerait Libra par le biais d'un consortium qui comprend
Uber et plus d'une douzaine d'autres entreprises. Tous ont accepté
d'investir 10 millions de dollars dans le projet.
Une initiative historique pour Facebook
Le Libra sera l'une des initiatives "les plus importantes de
l'histoire" de Facebook pour attirer des utilisateurs et générer
des nouvelles sources de revenus, avait estimé la semaine dernière
Mark Mahaney, analyste chez Royal Bank of Canada. Evoquant les
utilisations les plus probables, l'analyste avait souligné que le
Libra devrait permettre de fournir des services financiers de base
dans les marchés en développement et faciliterait les
micro-paiements aux Etats-Unis, notamment pour les jeux sur
mobiles.
Facebook a indiqué que le Libra pourrait être utilisé pour réaliser
des transactions financières du quotidien, comme régler des
factures, procéder à des achats dans les commerces de détail et
payer son ticket dans les transports publics.
La création de la filiale Calibra pourrait aider Facebook à tenir
les données personnelles détenues par le site de médias sociaux
séparées des données financières nécessaires pour opérer la
cryptomonnaie.
Facebook a spécifié que la filiale serait réglementée sans préciser
de quelle instance mondiale elle dépendrait. Aux Etats-Unis comme
dans d'autres pays, les régulateurs devraient se montrer très
attentifs au développement et à la mise en place du Libra. Certains
membres du consortium craignent que le Libra serve à blanchir de
l'argent ou à financer des organisations terroristes, une question
récurrente pour le Bitcoin et d'autres cryptomonnaies.
Facebook avait déjà évoqué l'idée que son réseau social puisse
permette à ses utilisateurs de réaliser des paiements. Facebook
avait même évoqué, auprès de partenaires potentiels, des usages
plus spéculatifs comme l'utilisation de la cryptomonnaie pour
rétribuer les utilisateurs ou les fournisseurs de contenu du réseau
social.
Dans un premier temps, le déploiement du Libra par Facebook sera
limité. Dans un document destiné aux développeurs, Facebook a
précisé mardi que la cryptomonnaie en était encore "au stade du
prototype". Facebook s'attend à ce que son réseau ne puisse prendre
en charge qu'un millier de transactions par seconde lors de son
lancement initial. Le réseau de Visa, par comparaison, peut traiter
plus de 24.000 transactions par seconde.
Alipay d'Alibaba avait déclaré avoir traité plus de 250.000
transactions de paiement par seconde au cours d'une journée de
forte activité en 2017. Facebook entend par la suite accroître le
nombre d'utilisateurs.
-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr
ed: ECH - VLV
(Jeff Horwitz et Parmy Olson, The Wall Street Journal, ont
contribué à cet article)
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June 18, 2019 08:26 ET (12:26 GMT)
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