FRANCFORT/LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a déclaré mercredi que le conseil des gouverneurs allait évaluer la nécessité de réduire ou non l'impact des taux d'intérêt négatifs sur les banques de la zone euro.



Les banques européennes se plaignent que les taux d'intérêt négatifs, en vigueur depuis près de cinq ans dans la zone euro, pèsent sur leur rentabilité car ils ne peuvent pas être entièrement répercutés sur leurs clients.



Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion du conseil des gouverneurs, Mario Draghi a expliqué que les banquiers centraux chercheraient à déterminer si ces plaintes étaient justifiées et si le soutien économique attendu des taux négatifs s'affaiblissait.



"Nous allons [...] étudier si la préservation des effets favorables des taux d'intérêt négatifs pour l'économie requiert d'atténuer leurs effets secondaires possibles, s'il y en a, sur l'intermédiation bancaire", a déclaré Mario Draghi.



Trop tôt pour instaurer un taux de dépôts à paliers



Le banquier central a également estimé qu'il était trop tôt pour juger si des mesures telles que l'instauration d'un taux de rémunération des dépôts à paliers ("tiering") permettraient d'atténuer les effets secondaires des taux négatifs. La mise en oeuvre de paliers permettrait aux banques de ne payer des intérêts que sur les dépôts dépassant un certain seuil.



Un tel système, qui existe déjà en Suisse et dans certains autres pays, pourrait ouvrir la voie à une période encore plus longue qu'anticipé de taux négatifs ou à de nouvelles baisses des taux d'intérêt pour soutenir l'économie. La BCE a pendant longtemps minimisé les inquiétudes concernant l'impact des taux négatifs sur les bénéfices des banques, mais Mario Draghi a surpris les investisseurs fin mars en laissant entendre que les banquiers centraux commençaient à s'inquiéter des effets défavorables possibles des taux négatifs.



Le système bancaire européen est "surpeuplé"



Mario Draghi a cependant manifesté mercredi un certain scepticisme à l'égard des affirmations des banquiers concernant l'impact des taux négatifs sur leurs bénéfices, en déclarant que certains problèmes étaient de leur propre fait.



"Le système bancaire en Europe est surpeuplé" et "une consolidation est nécessaire", a-t-il martelé.



Les valeurs bancaires européennes reculaient en réaction à ces propos. A Paris, Société Générale et Crédit Agricole SA reculaient de 0,9%, tandis qu'à Francfort, Deutsche Bank perdait 0,7%. L'espagnole Banco Santander cédait 0,5% et les italiennes UniCredit et Intesa Sanpaolo abandonnaient respectivement 1,1% et 0,5%.



L'euro de son côté fléchissait de 0,1% à 1,1248 dollar, tandis que le rendement du Bund allemand à dix ans, titre de référence du marché, s'enfonçait en territoire négatif. Vers 16h15, il évoluait à -0,034%, contre -0,008% mardi soir.



De nouvelles mesures de soutien possibles en juin



Comme ces dernières semaines, Mario Draghi a souligné que la banque centrale se tenait prête à ajuster tous ses instruments de politique monétaire, si nécessaire.



Le président de la BCE a indiqué que des mesures pourraient être adoptées dans le cadre d'un vaste examen des politiques de la banque centrale qui sera achevé en juin, lorsque ses économistes publieront de nouvelles prévisions de croissance et d'inflation. Il a ajouté qu'une révision à la baisse de ces projections pourrait inciter la BCE à adopter de nouvelles mesures de soutien.



"Il s'agissait d'une réunion dont l'objectif principal était de réaffirmer notre volonté d'agir si les circonstances l'exigeaient", a-t-il déclaré au sujet de la réunion de mercredi.



La BCE a laissé mercredi son principal taux de refinancement à 0% et son taux de rémunération des dépôts à -0,40%, soit les niveaux auquels ils se trouvent depuis mars 2016. Confirmant les indications prospectives fournies le mois dernier, elle a également indiqué que "les taux d'intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels au moins jusqu'à la fin de 2019".



La BCE a également répété qu'elle comptait réinvestir la totalité du produit des obligations arrivant à échéance, acquises dans le cadre de son programme d'achats d'actifs, pendant une période prolongée après sa première hausse des taux d'intérêt. La BCE a mis fin en décembre 2018 à ses achats nets d'actifs.



Par ailleurs, la BCE fournira des précisions sur ses nouvelles opérations ciblées de refinancement à long terme (TLTRO) à l'issue d'une de ses prochaines réunions, a ajouté Mario Draghi. Ces nouvelles opérations, qui doivent avoir lieu entre septembre 2019 et mars 2021, "contribueront à préserver des conditions de prêts bancaires favorables et une transmission harmonieuse de la politique monétaire", avait indiqué la BCE lors de leur annonce le mois dernier.



-Tom Fairless et Paul Hannon, The Wall Street Journal



(Version française et contribution de Valérie Venck) ed: ECH





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April 10, 2019 10:19 ET (14:19 GMT)




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