(Actualisation: précisions concernant les prolongements d'arrêts de réacteurs nucléaires, commentaires d'analystes, cours de Bourse)



PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action EDF accuse la plus forte baisse de l'indice SBF 120 vendredi, alors que les mesures annoncées par le gouvernement français pour limiter la hausse des prix de l'électricité pourraient réduire l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du groupe d'un montant compris entre 7,7 milliards et 8,4 milliards d'euros cette année.



Vers 11h15, l'action EDF plongeait de 16,1%, à 8,69 euros.



Le gouvernement va demander à EDF de vendre davantage d'électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents, afin de tenir sa promesse de limiter la hausse de la facture d'électricité des Français à 4% en 2022, malgré la flambée des cours, a prévenu Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie dans un entretien accordé au Parisien, publié jeudi soir.



Le volume d'électricité nucléaire vendu à prix réduit par EDF à ses concurrents passerait ainsi "à titre exceptionnel de 100 à 120 TWh (térawattheures)", a indiqué le ministre, dans le cadre du dispositif Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique).



Le gouvernement avait promis en octobre dernier de limiter la hausse des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité. Il avait annoncé que le prix du gaz allait augmenter, comme prévu, de 12,5% le 1er décembre, mais il n'évoluerait plus ensuite jusqu'à une chute des cours mondiaux attendue en mars ou avril. Le Premier ministre, Jean Castex, avait annoncé en outre une limitation à 4% de la hausse du tarif régulé de l'électricité (TRV) en février et pour l'ensemble de l'année 2022.



"Cette mesure sans précédent est la dernière décision prise par le président Emmanuel Macron pour lutter contre l'inflation et gagner le soutien des électeurs avant l'élection présidentielle d'avril", commente Mirabaud Equity Research.



La probabilité d'une importante augmentation de capital augmente



Les conséquences financières de cette décision pour le groupe EDF ne peuvent pas être déterminées de façon précise à ce stade. "L'impact final sur l'Ebitda dépendra des prix de marché sur la période de mise en œuvre de ces mesures", a averti l'électricien dans un communiqué envoyé jeudi soir. L'hypothèse d'un impact d'environ 8 milliards d'euros se base sur les prix de marché observés entre la fin décembre et le 12 janvier.



Dans ce contexte et alors qu'EDF s'est déclaré prêt à prendre les mesures appropriées pour protéger la structure de son bilan, il est probable que l'énergéticien lance une importante augmentation de capital, prévient JPMorgan Cazenove. Les récentes déclarations de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, selon lesquelles le gouvernement "sera aux côtés d'EDF pour l'aider à surmonter cette difficulté", appuient la thèse d'une prochaine levée de fonds, ajoute la banque d'affaires américaine.



EDF a d'ores et déjà abandonné son objectif d'afficher un ratio dette nette sur Ebitda autour de 3 en 2022.



JPMorgan Cazenove estime que l'Ebitda d'EDF pourrait finalement s'établir entre 7 milliards et 12 milliards d'euros cette année, alors que les analystes l'attendaient autour de 20 milliards d'euros avant ces annonces selon les données compilées par FactSet. Oddo BHF l'attend désormais à 10 milliards d'euros et a décidé d'abaisser sa recommandation sur la valeur de "surperformance" à "neutre", tout en réduisant son objectif de cours de 13,50 à 11 euros.



EDF s'est engagé à communiquer de nouveau sur ces sujets "au plus tard" lors de la publication de ses résultats de l'exercice 2021, programmée le 18 février prochain. Mais la position du groupe vis-à-vis du dispositif Arenh est connue de longue date. "Je compare l'Arenh à un poison qui a directement contribué en dix ans à faire d'EDF un acteur surendetté, dégradé à cinq reprises par les agences de notation, qui a cédé pour plus de 10 milliards d'euros d'actifs et a été recapitalisé à hauteur de 4 milliards d'euros", déclarait il y un an Jean-Bernard Lévy, le PDG d'EDF, devant la commission des Affaires économiques du Sénat.



Les prolongements d'arrêts de réacteurs nucléaires inquiètent également



EDF analyse par ailleurs l'impact financier du prolongement de la durée d'arrêt de certains de ses réacteurs nucléaires. Dans un autre communiqué diffusé jeudi soir, le groupe a révisé en baisse son estimation de production nucléaire pour cette année, désormais attendue entre 300 et 330 TWh et non plus entre 330 et 360 TWh, en raison du prolongement de la durée d'arrêt de cinq réacteurs de son parc nucléaire français.



"Le prolongement des arrêts nucléaires va coûter très cher également", préviennent les analystes d'Oddo BHF. Pour UBS, ce coût représente une diminution de valorisation de 2,10 euros par action EDF, sur la base de rachats d'électricité à 450 euros par mégawattheure (MWH). "Cet impact pourrait être plus élevé si davantage de réacteurs sont mis à l'arrêt", avertissent les analystes de la banque suisse.



Les prolongements d'arrêts sont liés à un problème de corrosion détecté ou suspecté sur les circuits de refroidissement de secours des réacteurs. EDF a annoncé jeudi soir que le réacteur numéro 1 de la centrale de Penly (Seine-Maritime) présentait ce problème de corrosion. Il s'agit du premier réacteur de la génération de 1.300 MW sur lequel ce défaut a été identifié.



Ce problème avait précédemment été détecté sur des réacteurs de la famille la plus récente de réacteurs actifs en France, d'une puissance de 1.500 MW. Sur les quatre exemplaires, les deux réacteurs de la centrale de Civaux (Vienne) ainsi que le réacteur numéro 2 de la centrale de Chooz (Ardennes), présentent le défaut, tandis que les contrôles sur Chooz 1 sont toujours en cours.



-Alice Doré et Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: ECH - VLV



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January 14, 2022 05:19 ET (10:19 GMT)




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