PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action Lagardère s'envole jeudi à la Bourse de Paris, portée par la volonté du groupe de média et de divertissements Vivendi de lancer une offre publique d'achat (OPA) sur l'ensemble de la société.



Vers 11h30, l'action Lagardère prenait 20% à 23,40 euros, signant de loin la plus forte progression de l'indice SBF 120. Vivendi de son côté reculait de 0,1% à 31,67 euros.



Vivendi a annoncé mercredi soir son intention de racheter la participation de 18% détenue par le fonds Amber Capital dans Lagardère, à un prix de 24,1 euros par action, ce qui lui permettrait de contrôler 45,1% du capital du groupe de médias. Vivendi prévoit ensuite de lancer une offre publique d'achat (OPA) au même prix sur le solde des actions Lagardère, ce qui représenterait un montant total de 2,4 milliards d'euros, calcule JPMorgan Cazenove.



Ce prix de 24,1 euros représente une prime de 25% sur le cours de clôture de Lagardère mercredi. Oddo BHF souligne toutefois que par rapport au cours de l'action Vivendi de la fin août, le prix proposé par Vivendi n'offre quasiment pas de prime. "Si l'OPA est lancée", ce qui est "probable", selon Oddo BHF, "la question est de savoir quelle part du capital Vivendi obtiendra", poursuit le bureau d'études.



Visibilité "nulle" sur les intentions du Qatar et d'Arnaud Lagardère



Outre Amber et Vivendi, les principaux actionnaires du groupe Lagardère sont la holding d'Arnaud Lagardère, le fonds souverain Qatar Holding et le patron de LVMH, Bernard Arnault, par l'intermédiaire d'une de ses holdings familiales. Oddo juge probable que Bernard Arnault apporte ses titres à l'offre, mais que "la visibilité est nulle" sur les intentions du Qatar et d'Arnaud Lagardère.



De son côté, Citi estime que l'annonce de Vivendi représente clairement "une issue favorable" pour les actionnaires de Lagardère en fournissant un plancher pour le titre, potentiellement pour les 15 prochains mois. "Pour les actionnaires de Vivendi, l'issue ne semble pas aussi favorable, l'acquisition manquant de logique stratégique vraiment convaincante et étant mise en oeuvre d'une manière qui frustrera certains actionnaires", poursuit la banque américaine.



En prenant le contrôle de Lagardère, Vivendi pourrait se renforcer dans l'édition via Hachette, ce qui apporterait de "la taille, des synergies et des économies à Editis", sa filiale d'édition de livres, considère JPMorgan Cazenove. Selon Oddo BHF, Vivendi devrait néanmoins procéder à d'importantes concessions, avec de probables cessions d'actifs en France. "Rappelons qu'Editis et Hachette sont les deux co-leaders de ce marché et qu'Editis n'est présent qu'en France", ajoute Oddo BHF.



JPMorgan Cazenove considère par ailleurs "probable" que Vivendi cherche à céder la division Travel Retail de Lagardère, sa branche dédiée au commerce dans les gares et les aéroports.



Une nouvelle défaite pour Arnaud Lagardère



L'initiative d'Amber et de Vivendi suit de quelques jours seulement la prise de distance de Bernard Arnault vis-à-vis de Lagardère. Début septembre, le patron de LVMH, qui avait volé au secours d'Arnaud Lagardère en 2020 avec sa holding familiale Agache face à l'offensive d'Amber et de Vivendi, a annoncé qu'il sortait de Lagardère Capital, la holding personnelle d'Arnaud, en échange d'une participation dans Lagardère SA.



L'opération ressemble aussi à une nouvelle défaite pour Lagardère et son PDG éponyme Arnaud. Après avoir accepté de renoncer à la commandite, en échange d'actions Lagardère, Arnaud Lagardère va voir le groupe fondé par son père Jean-Luc passer sous la coupe d'un actionnaire de contrôle. Arnaud Lagardère pourra se consoler : s'il apporte sa part actuelle de 11% au capital de Lagardère à l'OPA de Vivendi, il percevra environ 375 millions d'euros.



Même si l'accord de gouvernance signé avec Vivendi et Amber lui promettait de rester PDG pendant au moins six années, Arnaud Lagardère n'était plus en position de force. Comme un nouvel affront, mardi, le siège parisien de son groupe a été perquisitionné dans le cadre d'une information judiciaire ouverte en avril 2021 sur un différend avec Amber. Les juges d'instruction ont ordonné la perquisition dans le cadre de cette information judiciaire avec des chefs d'accusation, notamment, "d'achat de votes", "d'abus de biens sociaux", de "comptes inexacts" et "d'information fausse ou trompeuse".



Cette information judiciaire résulte d'un litige opposant Amber et Lagardère remontant à l'assemblée générale de 2018. Lagardère avait alors porté plainte contre le fonds pour délit d'initiés. De son côté, Amber s'étonnait du changement de vote à la dernière minute du Qatar, premier actionnaire de Lagardère, un revirement qui avait permis au groupe de rejeter en assemblée générale les résolutions déposées par le fonds. A l'occasion de la signature de l'armistice au printemps avec Amber, les actions devant les tribunaux avaient été abandonnées. Mais la justice poursuit son travail.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones, et Olivier Pinaud, L'Agefi; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



(Valérie Venck a contribué à cet article)



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September 16, 2021 05:47 ET (09:47 GMT)




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