Actualisé: Lagardère s'envole en Bourse après l'annonce d'une OPA de Vivendi
16 Septembre 2021 - 12:07PM
Dow Jones News
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action Lagardère s'envole jeudi à la
Bourse de Paris, portée par la volonté du groupe de média et de
divertissements Vivendi de lancer une offre publique d'achat (OPA)
sur l'ensemble de la société.
Vers 11h30, l'action Lagardère prenait 20% à 23,40 euros, signant
de loin la plus forte progression de l'indice SBF 120. Vivendi de
son côté reculait de 0,1% à 31,67 euros.
Vivendi a annoncé mercredi soir son intention de racheter la
participation de 18% détenue par le fonds Amber Capital dans
Lagardère, à un prix de 24,1 euros par action, ce qui lui
permettrait de contrôler 45,1% du capital du groupe de médias.
Vivendi prévoit ensuite de lancer une offre publique d'achat (OPA)
au même prix sur le solde des actions Lagardère, ce qui
représenterait un montant total de 2,4 milliards d'euros, calcule
JPMorgan Cazenove.
Ce prix de 24,1 euros représente une prime de 25% sur le cours de
clôture de Lagardère mercredi. Oddo BHF souligne toutefois que par
rapport au cours de l'action Vivendi de la fin août, le prix
proposé par Vivendi n'offre quasiment pas de prime. "Si l'OPA est
lancée", ce qui est "probable", selon Oddo BHF, "la question est de
savoir quelle part du capital Vivendi obtiendra", poursuit le
bureau d'études.
Visibilité "nulle" sur les intentions du Qatar et d'Arnaud
Lagardère
Outre Amber et Vivendi, les principaux actionnaires du groupe
Lagardère sont la holding d'Arnaud Lagardère, le fonds souverain
Qatar Holding et le patron de LVMH, Bernard Arnault, par
l'intermédiaire d'une de ses holdings familiales. Oddo juge
probable que Bernard Arnault apporte ses titres à l'offre, mais que
"la visibilité est nulle" sur les intentions du Qatar et d'Arnaud
Lagardère.
De son côté, Citi estime que l'annonce de Vivendi représente
clairement "une issue favorable" pour les actionnaires de Lagardère
en fournissant un plancher pour le titre, potentiellement pour les
15 prochains mois. "Pour les actionnaires de Vivendi, l'issue ne
semble pas aussi favorable, l'acquisition manquant de logique
stratégique vraiment convaincante et étant mise en oeuvre d'une
manière qui frustrera certains actionnaires", poursuit la banque
américaine.
En prenant le contrôle de Lagardère, Vivendi pourrait se renforcer
dans l'édition via Hachette, ce qui apporterait de "la taille, des
synergies et des économies à Editis", sa filiale d'édition de
livres, considère JPMorgan Cazenove. Selon Oddo BHF, Vivendi
devrait néanmoins procéder à d'importantes concessions, avec de
probables cessions d'actifs en France. "Rappelons qu'Editis et
Hachette sont les deux co-leaders de ce marché et qu'Editis n'est
présent qu'en France", ajoute Oddo BHF.
JPMorgan Cazenove considère par ailleurs "probable" que Vivendi
cherche à céder la division Travel Retail de Lagardère, sa branche
dédiée au commerce dans les gares et les aéroports.
Une nouvelle défaite pour Arnaud Lagardère
L'initiative d'Amber et de Vivendi suit de quelques jours seulement
la prise de distance de Bernard Arnault vis-à-vis de Lagardère.
Début septembre, le patron de LVMH, qui avait volé au secours
d'Arnaud Lagardère en 2020 avec sa holding familiale Agache face à
l'offensive d'Amber et de Vivendi, a annoncé qu'il sortait de
Lagardère Capital, la holding personnelle d'Arnaud, en échange
d'une participation dans Lagardère SA.
L'opération ressemble aussi à une nouvelle défaite pour Lagardère
et son PDG éponyme Arnaud. Après avoir accepté de renoncer à la
commandite, en échange d'actions Lagardère, Arnaud Lagardère va
voir le groupe fondé par son père Jean-Luc passer sous la coupe
d'un actionnaire de contrôle. Arnaud Lagardère pourra se consoler :
s'il apporte sa part actuelle de 11% au capital de Lagardère à
l'OPA de Vivendi, il percevra environ 375 millions d'euros.
Même si l'accord de gouvernance signé avec Vivendi et Amber lui
promettait de rester PDG pendant au moins six années, Arnaud
Lagardère n'était plus en position de force. Comme un nouvel
affront, mardi, le siège parisien de son groupe a été
perquisitionné dans le cadre d'une information judiciaire ouverte
en avril 2021 sur un différend avec Amber. Les juges d'instruction
ont ordonné la perquisition dans le cadre de cette information
judiciaire avec des chefs d'accusation, notamment, "d'achat de
votes", "d'abus de biens sociaux", de "comptes inexacts" et
"d'information fausse ou trompeuse".
Cette information judiciaire résulte d'un litige opposant Amber et
Lagardère remontant à l'assemblée générale de 2018. Lagardère avait
alors porté plainte contre le fonds pour délit d'initiés. De son
côté, Amber s'étonnait du changement de vote à la dernière minute
du Qatar, premier actionnaire de Lagardère, un revirement qui avait
permis au groupe de rejeter en assemblée générale les résolutions
déposées par le fonds. A l'occasion de la signature de l'armistice
au printemps avec Amber, les actions devant les tribunaux avaient
été abandonnées. Mais la justice poursuit son travail.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones, et Olivier Pinaud, L'Agefi; +33
(0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH
(Valérie Venck a contribué à cet article)
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September 16, 2021 05:47 ET (09:47 GMT)
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