(Actualisation: conférence de presse de la Commissaire européenne, réaction d'Alstom, cours de Bourse).



PARIS (Agefi-Dow Jones)--La Commission européenne a confirmé mercredi avoir interdit le projet d'acquisition d'Alstom par Siemens en vertu du règlement de l'Union européenne sur les concentrations, l'institution s'étant montrée particulièrement inquiète au sujet des conséquences de l'opération pour la concurrence sur le marché des systèmes de signalisation et celui des trains à très grande vitesse.



"La concentration aurait porté atteinte à la concurrence sur les marchés des systèmes de signalisation ferroviaire et des trains à très grande vitesse", a indiqué la Commission dans un communiqué. "Les parties n'ont pas proposé de mesures correctives suffisantes pour remédier à ces problèmes", a ajouté l'institution.



Notamment critiquée par le gouvernement français pour ne pas avoir tenu compte de l'émergence du géant chinois CRRC, la Commission a souligné avoir "également examiné attentivement l'environnement concurrentiel dans le reste du monde".



"En ce qui concerne les systèmes de signalisation, l'enquête de la Commission a confirmé que les fournisseurs chinois ne sont pas présents dans l'EEE (Espace économique européen) aujourd'hui, qu'ils n'ont à ce jour même pas tenté de participer à des appels d'offres et que, par conséquent, ils ne deviendront pas des fournisseurs crédibles pour les gestionnaires d'infrastructure européens avant très longtemps", a estimé Bruxelles.



Dans les trains à très grande vitesse, la Commission a affirmé qu'il était "hautement improbable que l'entrée de la Chine sur le marché ne constitue une contrainte concurrentielle pour les parties à la concentration dans un avenir prévisible", a précisé son communiqué.



Des concessions jugées insuffisantes en matière de prix et de choix



Détaillant ses préoccupations pour le marché européen, la Commission a justifié sa décision en observant que l'opération envisagée aurait éliminé un "concurrent très puissant" de plusieurs marchés de la signalisation pour grandes lignes et lignes urbaines. "L'entité issue de la concentration serait devenue le leader incontesté sur plusieurs marchés de la signalisation grandes lignes" a ajouté Bruxelles.



Pour le matériel roulant à très grande vitesse, l'opération envisagée aurait "réduit le nombre de fournisseurs en supprimant l'un des deux principaux fabricants" de ce type de trains dans l'EEE, a argumenté la Commission.



Pressentant le veto de Bruxelles, Siemens et Alstom avaient présenté de nouvelles concessions à la Commission à la fin janvier, portant sur des activités représentant 4% du chiffre d'affaires de l'entité qui devait naître de la fusion.



"Les mesures correctives proposées par Siemens ne suffisaient pas à remédier aux graves problèmes de concurrence et n'auraient pas suffi à prévenir une hausse des prix et une réduction du choix pour les opérateurs ferroviaires et les gestionnaires d'infrastructure", a tranché Bruxelles.



Alstom veut tourner la page



Alstom a pris acte de la décision de la Commission et fermé la porte au dépôt d'un nouveau dossier. "Le rapprochement n'aura pas lieu [...] Alstom va désormais se projeter dans un futur nouveau et définir sa feuille de route stratégique incluant une allocation appropriée du capital", a précisé le groupe dans un communiqué.



Le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, avait déploré dès mercredi matin une "erreur économique" de la part de la Commission européenne qui "empêche Alstom et Siemens, les deux champions de la signalisation et du ferroviaire, de fusionner pour avoir le même poids que le grand champion industriel chinois".



En réponse, Margrethe Vestager a estimé que les deux groupes étaient "très compétitifs sur les marchés internationaux, où ils remportent de nombreux appels d'offres". Le rejet de leur projet de fusion "signifie que l'Europe a deux champions mondiaux plutôt qu'un seul", a-t-elle ajouté au cours d'une conférence de presse à Bruxelles.



En réaction à ce veto, les ministres de l'économie allemand et français ont prévenu qu'ils présenteraient des propositions pour faire évoluer les règles européennes en matière de concurrence. Margrethe Vestager leur a répondu que la Commission avait déjà fait une série de propositions visant notamment à améliorer l'accès des entreprises européennes aux marchés internationaux, en particulier celui de la Chine.



A 13h30, l'action Alstom gagnait 3,9% à 37,69 euros, tandis que Siemens cédait 0,3% à 96,04 euros.



-Eric Chalmet et François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 95; echalmet@agefi.fr ed: LBO - ECH



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February 06, 2019 07:47 ET (12:47 GMT)




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