(Actualisation: propos du directeur financier, Xavier Girre, sur l'Ebitda pour 2020 et commentaire d'analystes).



PARIS (Agefi-Dow Jones)--Bien qu'il ait été pénalisé au premier trimestre par la crise sanitaire et de la baisse des prix du gaz, le producteur d'énergie EDF a souligné jeudi que leur impact sur son activité était limité et s'est montré confiant sur sa situation financière.



Sur les trois premiers mois de 2020, le chiffre d'affaires d'EDF a atteint 20,7 milliards d'euros, contre 20,9 milliards d'euros à la même période un an plus tôt, soit un repli de 1% à périmètre et changes constants, a indiqué le groupe dans un communiqué.



"La crise sanitaire a un impact négatif limité à fin mars 2020 estimé à -247 millions d'euros en lien notamment avec une baisse de la demande en électricité, en gaz et sur les services", a expliqué EDF.



La forte baisse des prix du gaz a lesté le chiffre d'affaires du groupe, principalement au niveau d'Edison en Italie, de Dalkia et des activités gazières d'EDF SA, à hauteur de 680 millions d'euros, a indiqué EDF.



L'impact négatif de la crise sanitaire au niveau de l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) au premier trimestre s'est élevé à "environ 200 millions d'euros", a indiqué le directeur financier du groupe, Xavier Girre, au cours d'une conférence téléphonique avec des analystes.



Pour l'ensemble de l'année, 'il n'est pas possible" actuellement de chiffrer de façon précise cet impact, dont l'étendue dépendra de la production et des conditions de marchés sur l'année, a noté le dirigeant. Cependant, "les analyses qui conduisent à une estimation de l'impact du coronavirus sur l'Ebitda 2020 de l'ordre de 2,5 à 3 milliards d'euros semblent globalement raisonnables", a indiqué Xavier Girre.



Les ventes des activités de production et de commercialisation en France ont progressé de 3,5% à périmètre et changes constants au premier trimestre, à 8,4 milliards d'euros contre 8,1 milliards d'euros un an plus tôt. L'impact négatif de la crise s'établit à 64 millions d'euros, "correspondant principalement à des effets prix", la baisse de la demande se traduisant par la vente de volumes sur les marchés de gros à des prix plus bas, a expliqué EDF.



Maintien du nouvel objectif de production nucléaire



Au cours du premier trimestre, la production d'électricité nucléaire en France s'est élevée à 101,2 térawattheure (TWh) , en repli de 10,6 TWh par rapport au premier trimestre 2019, en raison "d'une moindre disponibilité du parc principalement causée par des prolongations d'arrêts de tranches", a indiqué EDF.



Le groupe a confirmé tabler sur une production autour de 300 TWh pour l'ensemble de cette année. EDF avait abaissé cette prévision mi-avril en raison de la chute de la consommation d'électricité et des perturbations induites par la crise sanitaire. Début 2020, le groupe tablait sur une fourchette de 375 à 390 TWh. Pour 2021 et 2022, EDF anticipe une production nucléaire comprise entre 330 et 360 TWh.



La production hydraulique en France s'est établie à 13,5 TWh, en hausse de 36,4% par rapport au premier trimestre 2019.



Les activités régulées en France, qui comprennent notamment Enedis, ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 1,6% sur une base organique, à 5,1 milliards d'euros.



Au Royaume-Uni, la production nucléaire a diminué de 0,7 TWh, à 11,9 TWh, en raison d'arrêts pour maintenance, a indiqué EDF. Le chiffre d'affaires dans le pays a crû de 10,7% en organique, pour atteindre 2,7 milliards d'euros, soutenu principalement par la hausse des prix réalisés du nucléaire et l'augmentation des tarifs professionnels, a souligné le groupe.



La production d'énergies renouvelables d'EDF a atteint 4,3 TWh au premier trimestre, en croisance organique de 8% sur un an. Le chiffre d'affaires du segment a reculé de 0,7% en organique sur un an, à 396 millions d'euros.



Une position de liquidité "solide"



EDF avait abandonné mi-avril ses objectifs financiers pour 2020 et 2021 en raison de la baisse de la demande d'électricité causée par la pandémie de coronavirus. La crise sanitaire a également poussé EDF à ralentir depuis la mi-mars ses projets de construction, dont celui de l'EPR de Flamanville et ceux des réacteurs nucléaires d'Hinkley Point C au Royaume-Uni.



L'électricien a indiqué disposer d'une position de liquidité "solide" de 28,8 milliards d'euros à la fin mars, "renforcée par des lignes de crédits bancaires non tirées de 10,3 milliards d'euros".



Le groupe "adoptera toutes les actions appropriées pour préserver" sa position financière, mais une augmentation de capital n'est "pas du tout sur la table", a déclaré Xavier Girre.



Le dirigeant a par ailleurs indiqué que le projet de réorganisation d'EDF, que la direction doit préparer à la demande du gouvernement français, était toujours en cours d'élaboration. Les discussions sur l'évolution de la structure du groupe et sur la réforme de la régulation nucléaire, un prérequis pour la réorganisation, se poursuivent entre l'Etat français et la Commission européenne, a ajouté Xavier Girre.



Le projet de réorganisation "Hercule" vise à séparer les activités du groupe, avec d'une part un "EDF bleu" renationalisé regroupant le nucléaire, les barrages et le transport de l'électricité, et d'autre part un "EDF vert" avec Enedis (distribution), EDF Renouvelables, et la direction du commerce notamment, qui pourrait être ouvert à des capitaux privés. L'Etat est actuellement actionnaire d'EDF à hauteur de 83,5%.



En matière d'émissions de CO2, le groupe table sur une neutralité carbone en 2050 et a réhaussé son objectif de réduction d'émissions directes en 2030 de 40% à 50% par rapport à 2017.



Le groupe table sur une sortie de la production d'électricité à base de charbon "d'ici 2030 toutes zones géographiques confondues".



A 11h25, l'action EDF gagne 2,9%, à 7,30 euros, dans un marché parisien en baisse de 1,9%.



Pour les analystes de Barclays, le directeur financier d'EDF s'est livré à une "discussion étonnamment ouverte et honnête" avec les analystes au cours de la conférence téléphonique de jeudi. Ses propos, notamment sur la poursuite des discussions entre Paris et Bruxelles et sur l'impact du coronavirus sur l'Ebitda 2020, justifient la bonne performance du titre par rapport à ses homologues européens, estime Barclays.



-Alice Doré, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 90; adore@agefi.fr ed: VLV - ECH



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May 14, 2020 05:37 ET (09:37 GMT)




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