UPDATE3: Iran, acier: les 28 en front uni à Sofia face aux "caprices" de Trump
17 Mai 2018 - 7:16AM
Dow Jones News
Les dirigeants des pays européens ont affûté mercredi soir leur
réponse collective aux "caprices" du président américain Donald
Trump dans les dossiers du nucléaire iranien et du commerce
international, lors d'une rencontre à Sofia.
Leur dîner de travail de plus de trois heures n'a pas donné lieu à
des décisions formelles. Mais les 28 ont convenu que "l'UE
continuera de se battre pour un système international basé sur des
règles malgré les récentes décisions sur le climat, les droits de
douane et l'Iran", a expliqué une source européenne à l'AFP.
"Nous sommes témoins aujourd'hui d'un nouveau phénomène, l'attitude
capricieuse de l'administration américaine", a dénoncé le président
du Conseil européen Donald Tusk, avant la début de la réunion.
"Quand on regarde les dernières décisions du président Trump, on
pourrait même se dire qu'avec de tels amis, pas besoin d'ennemis",
a-t-il ajouté.
Les fortes turbulences dans les relations transatlantiques ont
constitué le plat de résistance du dîner, prélude d'un sommet jeudi
consacré aux liens que l'UE veut renforcer avec les pays des
Balkans.
Les 28 ont cherché avant tout à afficher une unité sans faille face
aux défis américains, notamment celui du retrait de l'accord sur le
nucléaire iranien et des sanctions frappant leurs entreprises
opérant dans ce pays.
Les chefs d'Etats et de gouvernements continueront de soutenir
l'accord, "pour autant que l'Iran le respectera". Et ils vont
"lancer leurs travaux pour protéger les entreprises européennes
affectées par la décision américaine", a précisé une source
européenne à l'AFP.
Donald Tusk avait demandé aux trois pays européens signataires de
l'accord nucléaire avec Téhéran - la France, le Royaume-Uni et
l'Allemagne - de partager leur évaluation de la situation, au
lendemain d'une réunion à Bruxelles avec le chef de la diplomatie
iranienne Mohammad Zarif.
Les Européens discutent notamment de la possibilité d'appliquer une
loi dite "de blocage", un instrument permettant de protéger leurs
entreprises travaillant en Iran face aux menaces de sanctions
extraterritoriales américaines.
- 'Moyens limités'-
"Les moyens sont là, nous les utiliserons. Mais il ne faut pas se
voiler la face, les moyens sont limités", a toutefois prévenu le
président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.
Le géant français Total a d'ores et déjà averti qu'il mettrait fin
à son grand projet gazier en Iran, démarré en juillet 2017, à moins
d'obtenir une dérogation de la part des autorités américaines, avec
le soutien de la France et de l'UE.
Les Européens se sont aussi engagés mercredi soir à "répondre aux
inquiétudes concernant le rôle régional de l'Iran (au Moyen-Orient)
et son programme de missiles balistiques", selon la source
européenne.
Les 28 ont aussi fait le point sur les discussions en cours avec
les Américains au sujet des droits de douane sur l'acier et
l'aluminium.
"Mon objectif est simple: rester fermes. Cela signifie une
exemption permanente" de ces taxes douanières, a réaffirmé mercredi
Donald Tusk. "Il est absurde de penser que l'UE pourrait être une
menace pour les Etats-Unis. Nous devons ramener la réalité dans
cette discussion", a-t-il plaidé.
L'UE est exemptée jusqu'au 31 mai à minuit des taxes douanières
américaines de 25% sur ses exportations d'acier et de 10% sur
celles d'aluminium. Pour l'exempter définitivement, Washington
exige une plus grande ouverture du marché européen.
- Ouvertures -
"L'UE ne négociera pas avec un pistolet sur la tempe", ont affirmé
ensemble mercredi les 28 à Sofia, selon la source européenne.
Mais si les Etats-Unis leur accordent l'exemption permanente qu'ils
réclament, les Européens sont prêts "à ouvrir des discussions" sur
plusieurs sujets, comme l'amélioration de "l'accès réciproque aux
marchés, pour les produits industriels, dont les automobiles, et
l'ouverture des marchés publics", a détaillé cette source.
"Malgré toutes les difficultés que nous rencontrons ces jours-ci,
les relations transatlantiques sont et resteront d'une importance
capitale", avait souligné la chancelière allemande Angela Merkel
devant le Bundestag avant de rejoindre Sofia.
Outre l'Iran et le commerce, les 28 avaient aussi prévu de parler
mercredi soir des événements à Gaza, qui sont aussi liés "à la
question plus vaste des conséquences des décisions de Donald
Trump", a souligné un haut responsable européen.
Jeudi, les Européens vont rencontrer leurs homologues de six pays
des Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro,
Macédoine et Kosovo) pour raffermir les liens avec cette région où
la Russie tente d'étendre son influence.
"C'est la première fois depuis 15 ans que l'UE rencontre ses
partenaires de la région sous ce format", souligne une source
européenne, tout en précisant qu'il ne sera pas question de parler
d'élargissement.
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