Julien Marion,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'âge de l'indépendance est venu pour Worldline. Le spécialiste des paiements suivra donc son propre chemin, les actionnaires de la maison-mère Atos ayant approuvé mardi une distribution exceptionnelle d'actions Worldline. A l'issue de cette distribution, Atos réduira sa participation dans le capital de sa filiale de 50,8% à un peu plus de 27%, et déconsolidera Worldline de ses états financiers.



Atos a offert un beau cadeau à sa filiale. En coupant le cordon ombilical, l'ancienne maison mère permet à Worldline de renforcer sa force de frappe pour procéder à des acquisitions. La déconsolidation de Worldline permettra de ségréger les dettes des deux sociétés, donnant à l'entreprise dirigée par Gilles Grapinet la possibilité de lever des fonds sans répercussion sur la notation ou les engagements financiers d'Atos.



"Nous avons la capacité de mobiliser cette année environ 2 milliards d'euros de dette, en respectant notre politique financière, c'est-à-dire maintenir un ratio dette nette/Ebitda [excédent brut d'exploitation, NDLR] inférieur à 2,5", indique à l'agence Agefi-Dow Jones, Eric Heurtaux, le directeur financier de Worldline.



A cette force de frappe s'ajoute la possibilité pour Worldline d'émettre des actions et d'apporter des titres lors d'éventuelles offres de rachat. Là encore, le passage sous les 50% d'Atos au capital de la société de paiements donnera davantage de flexibilité à Worldline. Si bien qu'une "opération structurante de taille très significative pourrait désormais être à notre portée", confie Eric Heurtaux.



Synergies et consolidation, maîtres-mots du secteur



Ces marges de manoeuvre étendues sont bienvenues dans un secteur où la consolidation demeure l'un des chevaux de bataille des principaux acteurs. Le marché européen des paiements reste encore très fragmenté et les économies d'échelles permises par la croissance externe représentent un enjeu critique. "Les montants des synergies sont extrêmement élevés dans ce secteur et représentent souvent 20% à 30% de la base de coûts de la cible. De plus, l'acteur qui consolidera le plus le marché européen aura une position dominante, avec un 'pricing power' et des marges accrus", souligne un analyste.



Worldline entend pleinement participer à ce mouvement de consolidation. "Nous regardons énormément de dossiers, et sommes à l'affût de toutes les opportunités sur le marché européen. Mais le principal critère restera pour nous la création de valeur générée par l'opération", développe Eric Heurtaux. Le groupe pourrait par ailleurs racheter les 36,4% qu'il ne détient pas dans sa filiale EquensWorldline et sur lesquels il bénéficiera cette année d'une option d'achat. "La décision n'a pas encore été prise, elle dépendra des discussions que nous aurons avec les autres actionnaires d'EquensWorldline sur les conditions d'exercice de cette option d'achat. Le choix devrait être formellement tranché au deuxième semestre ", indique Eric Heurtaux.



La prochaine acquisition partiellement intégrée



En matière d'acquisitions, le savoir-faire de la société spécialisée dans les paiements n'est plus à démontrer. Worldline reste toutefois attendue au tournant. Le marché a partiellement intégré les prochaines opérations de croissance externe et les analystes sont divisés sur la capacité du groupe à repousser les limites de sa valorisation actuelle.



En février, alors que le titre Worldline s'échangeait à 49 euros contre 56 euros ce vendredi, Barclays jugeait que sa valorisation reflétait le fait que le marché anticipait déjà la prochaine transaction du groupe. HSBC juge pour sa part que la valorisation actuelle de Worldline est "exigeante " et estime aussi qu'elle tient compte en grande partie de l'impact de prochaines acquisitions.



A l'inverse, Oddo BHF intègre dans son objectif de cours à 68 euros une prime de 15% liée à la relution sur le bénéfice par action de potentielles acquisitions financées uniquement en cash. "La valeur actuelle de Worldline n'a pas atteint un plateau. Je suis convaincu que le jour où nous ferons l'annonce d'une acquisition, cette valeur se renforcera encore, grâce à la conviction que suscitera cette opération", affirme pour sa part Eric Heurtaux.



Le groupe devra prendre soin de ne pas surpayer ses cibles: "Le problème, c'est que compte tenu des multiples élevés dans le secteur, il n'y a peu d'actifs de grande taille disponibles à un prix raisonnable", constate Anil Akbar, analyste chez Kempen & Co. "Toutefois, dans le passé, Worldline a été pragmatique et a évité des transactions trop coûteuses", rappelle-t-il.



Les investisseurs suivront donc avec attention les prochaines annonces du groupe en matière de croissance externe. Si la marge d'erreur de Worldline s'avère faible, les opérateurs ne doivent toutefois pas sous-estimer la capacité du groupe à se positionner sur de bonnes cibles. Le rachat l'an passé du suisse SIX Payment Services, dont l'annonce avait été saluée par une hausse de 8% à la Bourse de Paris, l'a démontré.



En surprenant le marché avec une acquisition fortement créatrice de valeur, Worldline renforcerait son profil financier alors que son cours est supérieur à l'objectif moyen des analystes sondés par FactSet, de 55,5 euros. Worldline confirmerait que son indépendance vis-à-vis d'Atos lui permet de s'épanouir. Après tout, n'est-ce pas ce que tous les parents souhaitent pour leurs enfants?



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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May 03, 2019 04:29 ET (08:29 GMT)




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