L'incertitude géopolitique fragilise le rebond d'Accor sans le compromettre - DJ Plus
23 Mars 2022 - 11:55AM
Dow Jones News
Julien Marion,
Agefi-Dow Jones
PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'année 2022 pourrait bien être celle
d'Accor. Son PDG, Sébastien Bazin, l'a en tout cas affirmé le mois
dernier devant les analystes, affichant sa détermination à surfer
sur la reprise qui s'observe depuis avril 2021 et à redynamiser
l'action du groupe hôtelier.
Pour l'heure, Accor reste à l'écart de ses comparables boursiers.
Le britannique IHG et l'espagnol Melia gagnent plus de 10% depuis
le début de l'année contre seulement 2,2% pour l'entreprise
française.
Le groupe n'a pourtant pas ménagé ses efforts, menant une
"amélioration de ses fondamentaux", souligne Oddo BHF.
Le propriétaire des marques Raffles, Novotel ou encore Ibis est en
bonne voie pour mener à bien son plan de réduction de coûts
récurrents RESET de 200 millions d'euros à fin 2022, ayant déjà
réalisé 110 millions d'euros d'économies l'an passé. Selon les
analystes, ces économies devraient permettre à Accor de dégager dès
2023 un résultat brut d'exploitation proche de celui antérieur à la
crise sanitaire, alors que son activité ne sera pas encore revenue
au niveau de 2019.
Cap vers le haut de gamme et le "lifestyle"
Le groupe continue de déplacer son centre de gravité vers le luxe
et le haut de gamme. Sur les 300 ouvertures d'hôtels prévues cette
année, près de 40% auront lieu sur ces segments contre 28% il y a
quatre ans, souligne Bernstein. Cette montée en gamme devrait
augmenter les commissions annuelles par chambre générées par les
nouvelles ouvertures, Sébastien Bazin ayant indiqué viser une
croissance à deux chiffres chaque année. Le dirigeant a par
ailleurs révélé que cet indicateur se situait actuellement à près
de 2.000 dollars contre moins de 1.000 dollars, il y a une
décennie. Berenberg juge que cette mue est injustement ignorée du
marché. "Accor s'oriente davantage vers le 'lifestyle', un créneau
davantage tourné vers la clientèle locale, ce qui devrait réduire
les risques sur son activité", souligne également un analyste
parisien.
Les revenus d'Accor, dont la structure est plus cyclique que celle
de ses concurrents, devraient par ailleurs amplifier leur rebond
cette année. Le groupe compte une part importante de contrats dits
"de gestion" avec les propriétaires d'hôtels, par opposition aux
simples contrats de franchise, à hauteur de 59% de son parc contre
28% pour IHG. Au sein de ces contrats, le groupe perçoit des
"incentive fees", c'est-à-dires des redevances correspondant à une
fraction du résultat opérationnel d'un établissement. La crise
sanitaire a logiquement fait plonger ces redevances de performance
qui devraient se redresser avec la reprise. "Ces redevances sont
sur la bonne trajectoire", note Berenberg, estimant qu'elles
devraient atteindre cette année autour de 70% de leur niveau de
2019, soit environ 250 millions d'euros et 2,5 fois plus qu'en
2021.
Une question de scénario
La faible valorisation d'Accor constitue un argument supplémentaire
pour se positionner sur le titre. Selon Morningstar, le groupe
accuse une décote de 30% environ par rapport à sa juste valeur de
38 euros. Bernstein juge que l'action constitue l'un des derniers
titres permettant aux investisseurs de miser sur la réouverture des
économies. "Dans un scénario de poursuite de la reprise de
l'hôtellerie, Accor est clairement le groupe qu'il faut jouer: le
groupe vaut moins cher que ses concurrents et présente un potentiel
de rattrapage", explique l'analyste parisien. "Mais est-on encore
dans ce scénario?", s'interroge-t-il.
La conflit en Ukraine risque de contrarier cette dynamique.
Seulement 1% du réseau d'Accor est exposé à l'Ukraine à la Russie.
Mais cette crise pourrait peser sur la demande: JPMorgan Cazenove
craint que la forte inflation alimentée par ce conflit pousse les
clients d'entrée de gamme à annuler des réservations. La banque
américaine redoute également que des touristes suppriment leurs
voyages à l'international. Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones,
Accor assure ne pas avoir observé à ce stade de répercussion sur
son activité.
Plusieurs analystes restent optimistes. Oddo BHF pense que les
effets de la crise russo-ukrainienne ne remettront pas en cause la
reprise hôtelière engagée depuis l'été dernier. Stifel estime que
la bonne dynamique du secteur devrait se poursuivre au cours des
prochains mois.
Les efforts accomplis par Accor pour améliorer tant son profil de
coûts que de revenus plaident pour la prise de risque. Berenberg
est récemment passé à l'achat sur le titre, malgré la guerre en
Ukraine. Selon FactSet, plus de la moitié des analystes couvrant la
valeur recommandent à présent de l'acheter, une première depuis le
début de la crise sanitaire.
-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94;
jmarion@agefi.fr ed: ECH
Agefi-Dow Jones The financial newswire
(END) Dow Jones Newswires
March 23, 2022 06:35 ET (10:35 GMT)
Copyright (c) 2022 L'AGEFI SA
Accor (EU:AC)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2024 à Avr 2024
Accor (EU:AC)
Graphique Historique de l'Action
De Avr 2023 à Avr 2024