Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'année 2022 pourrait bien être celle d'Accor. Son PDG, Sébastien Bazin, l'a en tout cas affirmé le mois dernier devant les analystes, affichant sa détermination à surfer sur la reprise qui s'observe depuis avril 2021 et à redynamiser l'action du groupe hôtelier.



Pour l'heure, Accor reste à l'écart de ses comparables boursiers. Le britannique IHG et l'espagnol Melia gagnent plus de 10% depuis le début de l'année contre seulement 2,2% pour l'entreprise française.



Le groupe n'a pourtant pas ménagé ses efforts, menant une "amélioration de ses fondamentaux", souligne Oddo BHF.



Le propriétaire des marques Raffles, Novotel ou encore Ibis est en bonne voie pour mener à bien son plan de réduction de coûts récurrents RESET de 200 millions d'euros à fin 2022, ayant déjà réalisé 110 millions d'euros d'économies l'an passé. Selon les analystes, ces économies devraient permettre à Accor de dégager dès 2023 un résultat brut d'exploitation proche de celui antérieur à la crise sanitaire, alors que son activité ne sera pas encore revenue au niveau de 2019.



Cap vers le haut de gamme et le "lifestyle"



Le groupe continue de déplacer son centre de gravité vers le luxe et le haut de gamme. Sur les 300 ouvertures d'hôtels prévues cette année, près de 40% auront lieu sur ces segments contre 28% il y a quatre ans, souligne Bernstein. Cette montée en gamme devrait augmenter les commissions annuelles par chambre générées par les nouvelles ouvertures, Sébastien Bazin ayant indiqué viser une croissance à deux chiffres chaque année. Le dirigeant a par ailleurs révélé que cet indicateur se situait actuellement à près de 2.000 dollars contre moins de 1.000 dollars, il y a une décennie. Berenberg juge que cette mue est injustement ignorée du marché. "Accor s'oriente davantage vers le 'lifestyle', un créneau davantage tourné vers la clientèle locale, ce qui devrait réduire les risques sur son activité", souligne également un analyste parisien.



Les revenus d'Accor, dont la structure est plus cyclique que celle de ses concurrents, devraient par ailleurs amplifier leur rebond cette année. Le groupe compte une part importante de contrats dits "de gestion" avec les propriétaires d'hôtels, par opposition aux simples contrats de franchise, à hauteur de 59% de son parc contre 28% pour IHG. Au sein de ces contrats, le groupe perçoit des "incentive fees", c'est-à-dires des redevances correspondant à une fraction du résultat opérationnel d'un établissement. La crise sanitaire a logiquement fait plonger ces redevances de performance qui devraient se redresser avec la reprise. "Ces redevances sont sur la bonne trajectoire", note Berenberg, estimant qu'elles devraient atteindre cette année autour de 70% de leur niveau de 2019, soit environ 250 millions d'euros et 2,5 fois plus qu'en 2021.



Une question de scénario



La faible valorisation d'Accor constitue un argument supplémentaire pour se positionner sur le titre. Selon Morningstar, le groupe accuse une décote de 30% environ par rapport à sa juste valeur de 38 euros. Bernstein juge que l'action constitue l'un des derniers titres permettant aux investisseurs de miser sur la réouverture des économies. "Dans un scénario de poursuite de la reprise de l'hôtellerie, Accor est clairement le groupe qu'il faut jouer: le groupe vaut moins cher que ses concurrents et présente un potentiel de rattrapage", explique l'analyste parisien. "Mais est-on encore dans ce scénario?", s'interroge-t-il.



La conflit en Ukraine risque de contrarier cette dynamique. Seulement 1% du réseau d'Accor est exposé à l'Ukraine à la Russie. Mais cette crise pourrait peser sur la demande: JPMorgan Cazenove craint que la forte inflation alimentée par ce conflit pousse les clients d'entrée de gamme à annuler des réservations. La banque américaine redoute également que des touristes suppriment leurs voyages à l'international. Contacté par l'agence Agefi-Dow Jones, Accor assure ne pas avoir observé à ce stade de répercussion sur son activité.



Plusieurs analystes restent optimistes. Oddo BHF pense que les effets de la crise russo-ukrainienne ne remettront pas en cause la reprise hôtelière engagée depuis l'été dernier. Stifel estime que la bonne dynamique du secteur devrait se poursuivre au cours des prochains mois.



Les efforts accomplis par Accor pour améliorer tant son profil de coûts que de revenus plaident pour la prise de risque. Berenberg est récemment passé à l'achat sur le titre, malgré la guerre en Ukraine. Selon FactSet, plus de la moitié des analystes couvrant la valeur recommandent à présent de l'acheter, une première depuis le début de la crise sanitaire.





-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



March 23, 2022 06:35 ET (10:35 GMT)




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