Julien Marion,



Agefi-Dow Jones





PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le vent d'optimisme qui a récemment soufflé sur le secteur aérien n'a pas duré. L'espoir provoqué par la réouverture des frontières a laissé place aux inquiétudes causées par la cinquième vague de la crise sanitaire en Europe.



Comme l'ensemble des exploitants aéroportuaires européens, Aéroports de Paris (ADP) subit de plein fouet les craintes liées aux nouvelles restrictions mises en place dans plusieurs pays européens, notamment l'Autriche, qui a confiné lundi l'ensemble de sa population. Vendredi, la valeur a perdu 6% à la suite de l'annonce de ces mesures, accusant le plus fort repli du SBF 120. L'action regagnait un peu d'altitude lundi, s'adjugeant 2,5% en milieu de journée. Sur 12 mois, la valeur a abandonné près de 2% alors que l'indice SBF 120 a gagné 27,5%.



La recrudescence de la pandémie menace un peu plus la reprise qui, dans le cas d'ADP, risque "d'être plus lente que celle de ses concurrents, en raison du statut de 'hub' des aéroports parisiens avec un important trafic international", souligne JPMorgan Cazenove.



L'exploitant aéroportuaire est notamment pénalisé par son exposition aux voyageurs à fortes dépenses, comme les touristes chinois, dont le retour dans les aéroports parisiens s'avère extrêmement incertain, en raison de la politique "zéro Covid" du pays. Selon UBS, la dépense moyenne des passagers chinois dans les boutiques détaxées ("duty free") représente six fois celle de l'ensemble des voyageurs. Si bien qu'en 2019, les passagers chinois comptaient pour 15% du chiffre d'affaires des activités commerciales des aéroports parisiens alors qu'ils ne représentaient que 2% du trafic total. ADP subira également la baisse structurelle des voyages d'affaires due au Covid-19, évaluée entre 17% et 35% par Oddo BHF.



Les risques réglementaires pointent à l'horizon



L'horizon boursier d'ADP est aussi obstrué par les risques réglementaires entourant son périmètre régulé, c'est-à-dire les activités des aéroports parisiens hors boutiques, services et immobilier. Le groupe doit faire homologuer chaque année l'évolution des tarifs de ses redevances dans les aéroports franciliens auprès de l'Autorité de régulation des transports (ART). ADP lui a soumis la semaine dernière sa proposition pour la période allant du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, l'Autorité disposant d'un mois pour se prononcer. L'ART doit veiller à ce que le projet de l'entreprise respecte un "juste" niveau de rentabilité au regard de ses dépenses et investissements, mesurée par le coût moyen pondéré du capital (CMPC).



"Le véritable risque est que l'ART pousse pour un CMPC, c'est-à-dire un taux de rentabilité, plus modéré que le marché ne l'anticipe, ce qui aboutirait à une hausse des tarifs modestes pour les années qui viennent au niveau d'ADP", prévient Charles Maynadier, analyste au sein de Kempen & Co. "Les investisseurs ont eu tendance à penser que les autorités de régulation vont permettre aux aéroports de dégager des rentabilités plus fortes qu'avant la crise, en raison notamment de l'augmentation des risques", développe l'analyste.



Une valeur jugée onéreuse



Au-delà des tarifs, l'ART doit également se prononcer d'ici à la fin de l'année sur une question complexe: l'allocations des actifs, des produits et des charges du périmètre régulé. Philippe Pascal, le directeur financier d'ADP, a indiqué le mois dernier que le groupe s'attendait à ce que l'Autorité tranche sur ce sujet vers la mi-décembre.



La menace pour la société serait que l'ART transfert des coûts actuellement inclus dans le périmètre régulé vers les activités non régulées. Il en résulterait un double effet négatif, explique UBS. D'une part, la rentabilité du périmètre régulé, qui est plafonnée, remonterait mécaniquement. ADP pourrait alors être contraint de diminuer ses tarifs pour respecter ce plafond. D'autre part, "une telle décision pourrait faire baisser les bénéfices et les flux de trésorerie des activités non régulées - et implicitement leur valorisation", souligne la banque suisse.



"Il semble très probable que l'ART décide de transférer des coûts du périmètre régulé vers les activités non régulées", juge Charles Maynadier. "La question est plutôt de savoir quelle serait l'ampleur de ce transfert et dans quelle mesure il affecterait la rentabilité du groupe", remarque l'analyste.



Face à ces nombreuses incertitudes, la valorisation d'ADP apparaît élevée aux yeux des bureaux d'études. JPMorgan Cazenove observe que l'action s'échange toujours avec une prime injustifiée par rapport à ses comparables, alors qu'une privatisation de l'Etat, le principal catalyseur du titre, possède une chance "faible voire nulle" de survenir dans les deux prochaines années. Plus de la moitié des analystes sondés par FactSet, recommandent de vendre la valeur. L'action ADP a de bonnes chances de rester clouée sur le tarmac.



-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 94; jmarion@agefi.fr ed: ECH



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(END) Dow Jones Newswires



November 22, 2021 06:46 ET (11:46 GMT)




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