Un début d'année à haute intensité attend les grandes entreprises françaises -DJ Plus
03 Janvier 2023 - 09:36AM
Dow Jones News
Lionel Garnier,
L'Agefi
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ce début 2023 s'annonce riche d'enjeux
pour plusieurs pensionnaires du CAC 40 et du SBF 120 : opérations
financières, restructurations, cessions d'actifs ou modifications
de gouvernance vont animer les prochaines semaines.
Même si Renault cherche à dissiper tout sentiment de date-couperet,
l'entreprise sait que les attentes des investisseurs vont aller
crescendo courant janvier. Le 27 du mois marquera en effet le
premier anniversaire de sa tentative de relance de l'Alliance avec
Nissan-Mitsubishi. Or, voilà des mois que le groupe au Losange
tente de renouer des liens plus durables avec son partenaire
japonais, y compris avec des nouvelles frontières capitalistiques.
Après plusieurs rendez-vous manqués en décembre, les discussions
s'éternisent au point d'alimenter les doutes sur une réelle volonté
d'aboutir côté nippon. Pour Renault, toujours confronté à un manque
de taille critique dans l'industrie automobile, c'est la conduite
même du plan de bascule vers l'électrique et la future cotation de
son pôle Ampère, perçue comme une clé essentielle pour sa
valorisation, qui est en jeu.
Le mois de janvier s'annonce également crucial dans le bras de fer
qui oppose Orpea à ses investisseurs. Toujours engagé dans une
procédure de conciliation avec des actionnaires et ses créanciers
divisés, le groupe de cliniques et de maisons de retraite a dévoilé
en décembre un nouveau coup de torchon sur ses comptes avec une
enveloppe de dépréciations doublée à plus de 5 milliards d'euros.
De quoi fragiliser davantage son bilan. Faute d'accord d'ici à
mi-février, l'issue d'une sauvegarde risque d'être inévitable.
Casino reste lui aussi confronté au poids de sa dette. Il a quelque
peu desserré l'étau financier en recourant à des cessions en
Amérique latine. Autant de munitions qu'il peut encore mobiliser à
court terme. Mais l'équation stratégique, sans réelle solution
durable, se trouve encore compliquée par le choc inflationniste
dans l'Hexagone, un terrain des prix où Casino n'est pas le mieux
armé des distributeurs.
Basse tension chez EDF
Du côté d'EDF, le calendrier du retrait de la cote ne s'est pas
clarifié. L'offre de l'Etat - sur les actions et les obligations
convertibles (Océanes) de l'énergéticien - est toujours en cours.
Mais son calendrier a été prorogé, conséquence indirecte de recours
en série. Au pointage du 30 décembre, l'Etat dispose de 89% des
actions, un niveau insuffisant pour permettre le déclenchement d'un
retrait obligatoire. Or, l'initiative de députés PS de déposer une
proposition de loi de nationalisation, qui sera en principe
examinée le 9 février prochain, encourage d'autant moins les
actionnaires minoritaires à apporter leurs titres qu'un prix de 14
euros par action y est évoqué, contre 12 euros pour l'offre
actuelle de l'Etat.
Côté fusions et acquisitions, certains dossiers demeurent brûlants.
Atos, toujours en mal de latitude financière, continue de susciter
des convoitises. Alors que Thales fait figure depuis plusieurs
trimestres de candidat naturel à une reprise afin de consolider les
métiers de la cybersécurité, l'entrée en lice d'Airbus, attentif au
sort de la filiale Evidian, illustre à quel point la dimension
politique du dossier sera décisive.
Du côté des arbitrages d'actifs, plusieurs dossiers sont ouverts.
Alors que le conflit russo-ukrainien approche d'un triste premier
anniversaire, de grands groupes français - à l'image d'Air Liquide,
Danone, Alstom ou Michelin - n'ont toujours pas finalisé leur
sortie de Russie. La quête d'acquéreurs pour leurs actifs locaux
est rendue compliquée par le jeu des sanctions économiques.
Du bon usage des superprofits
Un autre sujet s'annonce sensible, celui du réemploi des enveloppes
financières obtenues grâce à la vente d'actifs ou par la manne des
profits exceptionnels consécutifs aux crises récentes.
Sur ce premier terrain, l'attitude de Bolloré, qui vient de
finaliser fin 2022 la vente de ses activités logistiques en Afrique
pour 5,7 milliards d'euros, sera particulièrement scrutée. Le
groupe familial, qui contrôle 29,5% de Vivendi, a toujours cultivé
son art de surprendre dans le choix de ses cibles.
De son côté, BNP Paribas a déjà donné des indications sur l'usage
des 16 milliards d'euros qu'il s'apprête à obtenir de la vente de
sa filiale américaine, Bank of the West. Le groupe bancaire
panachera coup de pouce à sa solvabilité, investissements - y
compris via des acquisitions, notamment sur le terrain
technologique - et rachats d'actions.
Ce retour aux actionnaires est aussi tentant sur le plan financier
qu'il est délicat face au théâtre politique. Une certitude :
TotalEnergies y recourra encore cette année alors que son bénéfice
net ajusté est escompté à plus de 36 milliards de dollars au titre
de 2022. Entre la recherche de la satisfaction des investisseurs et
l'accélération du virage vers davantage d'activité dans les
renouvelables, le groupe pétrolier cherche le bon dosage pour
l'affectation de ses plantureux cash-flows.
Hors sociétés cotées, CMA CGM - dont les comptes 2022 signeront eux
aussi une nouvelle année record grâce aux prix élevés du transport
maritime - cultive sa singularité. L'armateur marseillais multiplie
les prises de ticket dans le capital de sociétés tricolores au
bilan tendu (Air France-KLM, Eutelsat). Il pose désormais des
jalons dans les médias avec une participation de 5% chez M6.
Jusqu'où ira cette vocation ?
Enfin, 2023 marquera également des transitions de gouvernance,
notamment chez Société Générale qui s'apprête à tourner la page
Frédéric Oudéa. Directeur général de la banque depuis 2008, il
laissera en mai les commandes opérationnelles à Slawomir Krupa. Son
point de chute - la présidence de Sanofi - est déjà trouvé.
Si certaines successions se dessinent (Elior, Valeo), d'autres
devront se préciser, comme celle de Denis Kessler chez Scor ou
encore de Xavier Huillard chez Vinci.
-Lionel Garnier, L'Agefi ed: VLV
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