Re-Actualisé: Airbus porte un coup de massue à Atos en renonçant à entrer au capital d'Evidian
29 Mars 2023 - 6:45PM
Dow Jones News
(Actualisation: commentaires d'analystes, réaction de Onepoint,
contexte, cours de Bourse)
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Un véritable coup de tonnerre. Le
constructeur aéronautique Airbus a annoncé mercredi qu'il rompait
les discussions entamées le mois dernier avec Atos au sujet de
l'achat de 29,9% d'Evidian, la nouvelle structure qui réunira ses
activités liées à la transformation numérique ainsi que celles de
Big Data et Sécurité (BDS).
Le choc a été rude pour Atos, dont l'action a dévissé mercredi de
16,8%, à 10,71 euros, soit la plus forte baisse du SBF 120. Pour sa
part, le titre Airbus a gagné 1,8%, à 120,90 euros.
"Il s'agit très clairement d'une mauvaise nouvelle pour Atos, qui
devait retrouver plus de visibilité grâce à l'appui d'Airbus",
commente un analyste parisien. "C'est désormais une nouvelle
période d'incertitude qui s'ouvre" pour l'entreprise de services
numériques, ajoute-t-il.
Pourquoi cette volte-face d'Airbus? "Après un examen approfondi,
Airbus est parvenu à la conclusion que l'acquisition potentielle
d'une participation minoritaire de 29,9% dans Evidian ne répondait
pas aux objectifs de la société dans le contexte et la structure
actuels", a souligné l'avionneur dans une déclaration transmise à
l'agence Agefi-Dow Jones.
Comme souvent, l'argent se trouverait au coeur du problème. Si
aucun montant financier n'a jamais été dévoilé, la presse avait
rapporté qu'Atos espérait une valorisation de 7 milliards d'euros
dette incluse pour Evidian. Dans ce scénario, la valorisation hors
dette atteindrait 4 milliards d'euros, ce qui signifie qu'Airbus
aurait dû débourser 1,2 milliard d'euros pour prendre environ 30%
du capital d'Evidian.
"Atos s'est montré trop ambitieux", constate l'analyste parisien,
"car le marché visait en moyenne une valorisation (dette incluse)
comprise entre 5 milliards et 5,5 milliards d'euros pour
Evidian".
Ce revirement d'Airbus pourrait être aussi lié à la logique même de
l'opération. En février dernier, un intermédiaire financier se
disait "perplexe" face à cet investissement, car il paraissait
"difficile de dégager des synergies juste avec une prise de
participation minoritaire".
Ce projet avait d'ailleurs suscité l'ire du fonds d'investissement
activiste britannique TCI, un actionnaire historique d'Airbus. Dans
un courrier adressé à Airbus le 20 février, Chris Hohn, le
fondateur de TCI, avait demandé à l'avionneur de renoncer
immédiatement à ses plans concernant Evidian, les considérant comme
"destructeurs de valeur." TCI se réservait même le droit d'intenter
une action en dommages et intérêts si l'opération se poursuivait et
s'il était prouvé qu'elle était en partie motivée par des raisons
politiques.
Des discussions autour d'autres options
Pour autant, la partie n'est peut-être pas complètement terminée.
Les deux groupes "continuent de discuter d'autres options", ont
précisé Airbus et Atos dans des communiqués distincts, en ajoutant
que le travail se poursuivait concernant un "partenariat
stratégique et technologique de long terme entre Airbus et
Evidian".
Dès lors, quels seraient les scénarios alternatifs? "Toutes les
options semblent possibles", observe l'analyste parisien, "mais il
apparaît que c'est la division BDS et ses activités de
cybersécurité qui intéressent le plus Airbus". Une vente à la
découpe à laquelle s'est toujours opposé Atos. Cette position
étonne ce même analyste, "compte tenu de la situation de faiblesse
que connaît Atos, malgré les premiers signaux positifs enregistrés
lors du second semestre 2022".
Si aucun accord n'est trouvé avec Airbus, Atos devra chercher un
autre partenaire pour Evidian. Les noms d'Orange, Thales et Astek
ont déjà circulé par le passé. Sans oublier les candidats
malheureux Onepoint et ICG, dont l'offre conjointe de 4,2 milliards
d'euros a été déclinée par Atos en septembre dernier.
A l'affût, Onepoint vient d'ailleurs de renouveler son intérêt.
"Les équipes de Onepoint sont totalement mobilisées et étudieront
toutes les possibilités de rapprochement, dans le cadre d'une
acquisition d'Evidian, pour apporter une solution française pérenne
et ainsi satisfaire toutes les parties prenantes", a déclaré David
Layani, le président de Onepoint, dans une déclaration transmise à
l'agence Agefi-Dow Jones.
Le dossier Evidian n'a donc pas fini d'agiter les marchés.
-Vincent Alsuar, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 39;
valsuar@agefi.fr ed: VLV - LBO
(Pierre-Jean Lepagnot a contribué à cet article)
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