Vincent Alsuar,



Agefi-Dow Jones



PARIS (Agefi-Dow Jones)--C'est une assemblée générale sous haute tension qui attend Atos le 28 juin prochain. Face aux multiples déconvenues du groupe de services informatiques ces dernières années, Sycomore Asset Management n'en démord pas : il veut du sang neuf. Ainsi, le gestionnaire d'actifs a de nouveau réclamé jeudi le départ de Bertrand Meunier, le président du conseil d'administration d'Atos, ainsi que celui de deux autres membres du conseil. Un combat qu'il mène depuis l'an dernier.



Pour parvenir à ses fins, Sycomore AM, qui revendique un peu plus de 1% du capital d'Atos, a adressé une lettre à Bertrand Meunier pour demander l'inscription de quatre résolutions à l'ordre du jour de la prochaine assemblée générale. Surtout, il s'est déjà attelé à rassembler d'autres frondeurs à sa cause. Lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes, Cyril Charlot, le directeur général délégué de Sycomore AM, a assuré avoir reçu le soutien de plusieurs actionnaires représentant 4% à 5% du capital d'Atos. Des partenaires qu'il préfère ne pas nommer.



Pour convaincre les autres, Sycomore expose dans sa lettre une longue liste de griefs et de déceptions. Le gestionnaire d'actifs déplore la "crise de gouvernance majeure" traversée par Atos, dans laquelle Bertrand Meunier, qui siège au conseil d'administration d'Atos depuis plus de 15 ans, a "une part de responsabilité importante". "Témoignant de cette crise, trois équipes de direction générale se sont succédé en trois ans" depuis le départ de Thierry Breton, l'ancien PDG d'Atos devenu depuis commissaire européen au Marché intérieur, souligne le gestionnaire d'actifs.



Déboires financiers et erreurs stratégiques



Sycomore AM met également en exergue les déboires financiers d'Atos qui a "accusé 4 milliards d'euros de pertes en deux ans", vu sa "marge opérationnelle tomber autour de 3% en 2022, contre 13% pour Capgemini" et "réalisé de nombreux avertissements sur résultats".



La société de gestion reproche aussi les erreurs stratégiques d'Atos, qu'il s'agisse de la tentative de rapprochement avec l'américain DXC en 2021 ou de la nomination à la direction générale de Rodolphe Belmer, "qui n'est pas familier du métier d'Atos et qui est resté à peine neuf mois en poste" en 2022.



Au final, "cette situation a pour conséquence une perte de confiance du marché dans la société, reflétée par son cours de Bourse (-81% entre fin décembre 2019 et fin mai 2023), qui fait quant à elle craindre une perte de confiance des clients de la société", résume le gestionnaire d'actifs.



Si sa tentative de changement aboutit, Cyril Charlot assure avoir déjà des noms en tête pour insuffler une énergie nouvelle au sein du conseil d'administration d'Atos, notamment à sa tête. Avec l'ambition que "la stratégie d'Atos soit à nouveau clairement définie et que la rentabilité revienne dans la moyenne du secteur".



Une probabilité de succès non négligeable ?



Le dirigeant cite d'ailleurs l'exemple de la transformation opérée par Danone. "En deux ans, le groupe agroalimentaire a renouvelé quasiment l'intégralité de son conseil, tout en remaniant l'organisation de sa direction, ce qui a provoqué un choc de confiance et permis à Danone de retrouver une meilleure dynamique", détaille Cyril Charlot.



Contactée par l'agence Agefi-Dow Jones, une porte-parole d'Atos indique que le groupe "accuse réception des demandes" de Sycomore et a toujours mené avec la société de gestion un "dialogue constant et constructif, comme avec l'ensemble de ses actionnaires". Atos a d'ailleurs donné des premiers gages de redressement l'an dernier en affichant une croissance organique de 0,1% de son chiffre d'affaires, alors qu'il avait reculé de 4,3% en 2021.



Entre promesse de redressement et sanction des erreurs passées, ce sera en définitive aux actionnaires d'Atos de trancher. "Même si la détention du capital d'Atos est très fragmentée, la probabilité de succès de Sycomore n'est pas négligeable", estime un analyste parisien. "Ces demandes sont légitimes face aux mauvais choix stratégiques de Bertrand Meunier et Thierry Breton, et beaucoup de porteurs d'actions sont bien conscients de leur responsabilité dans la faiblesse du titre en Bourse".



-Vincent Alsuar, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 39; valsuar@agefi.fr ed: VLV



Agefi-Dow Jones The financial newswire



(END) Dow Jones Newswires



June 01, 2023 10:14 ET (14:14 GMT)




Copyright (c) 2023 L'AGEFI SA
Atos (EU:ATO)
Graphique Historique de l'Action
De Fév 2024 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Atos
Atos (EU:ATO)
Graphique Historique de l'Action
De Mar 2023 à Mar 2024 Plus de graphiques de la Bourse Atos