Orpea, un an de traumatisme - DJ Plus
30 Janvier 2023 - 09:35AM
Dow Jones News
Alexandre Garabedian,
L'Agefi
PARIS (Agefi-Dow Jones)--Orpea poursuit son chemin de croix. Un an
après sa sortie, le livre "Les Fossoyeurs", qui a précipité la
déchéance du gestionnaire de maisons de retraite et de cliniques,
reparaît dans une version enrichie de nouvelles révélations. Ces
chapitres supplémentaires ne changeront rien au traumatisme. Le
scandale a fait s'effondrer comme un château de cartes un groupe
dont les actifs étaient aussi artificiellement soufflés que sa
gouvernance, cataclysmique - les investisseurs ESG (environnement,
social, gouvernance) y ont perdu au passage leurs dernières
illusions. Surtout, il ne reste à présent à l'entreprise qu'un
petit mois pour assurer sa survie en trouvant un accord pour
restructurer sa dette. Orpea a annoncé lundi avoir repris ses
discussions, interrompues le 19 janvier, avec un groupement
d'investisseurs français tiers mené par la Caisse des Dépôts et
Consignations (CDC), et des créanciers financiers détenant environ
50% de sa dette non sécurisée d'un montant de 3,8 milliards
d'euros.
Les claquements de porte et le poker menteur sont le lot commun de
toutes les restructurations financières. Celle d'Orpea se distingue
cependant de précédents dossiers emblématiques en France, comme
Vivarte ou CGG, sur plusieurs points. D'abord, l'incapacité des
parties prenantes à évaluer le nouveau modèle économique de
l'entreprise. Les marges dont celle-ci se flattait, et qui
reposaient sur des pratiques inacceptables, appartiennent au passé.
Si la Caisse des dépôts, pour prix de son soutien, obtient à juste
titre et comme elle le réclame un changement complet de la
gouvernance et des attentes de rentabilité, les futurs
propriétaires d'Orpea deviendront actionnaires d'un acteur
semi-public difficile à comparer à ses concurrents du privé. La
communication de la société à l'égard des marchés financiers ces
derniers mois n'aide pas à y voir plus clair.
A la table des négociations, beaucoup ont aussi peine à tirer un
trait sur leurs pertes. Aux côtés des grandes banques françaises,
qui peuvent se permettre aujourd'hui un rôle d'observateur car
leurs prêts sont garantis, se trouve une myriade de créanciers
présents depuis l'origine : fonds obligataires, banques chinoises
ou taïwanaises. Une majorité d'entre eux ont refusé de vendre leurs
titres avec une forte décote à des hedge funds spécialisés dans les
restructurations, comme c'est l'usage à l'annonce de telles
procédures. D'où les crispations des derniers jours : il est
paradoxalement plus facile de discuter avec un fonds américain qui
fait son miel de la dette décotée, qu'avec un gestionnaire d'actifs
traditionnel dont la position a perdu les trois quarts de sa
valeur.
Et pourtant, l'échec n'est pas une option. Orpea reste un très gros
employeur dans le pays et gère plus de 110.000 lits dans le monde.
En plein projet de réforme de retraites, sa déconfiture renvoie
aussi la France et les pouvoirs publics à un autre défi majeur,
celui du financement de la dépendance. Gageons que l'Elysée, en
première ligne dans ce dossier, saura d'ici à l'échéance de fin
février amener tous les protagonistes de l'affaire à un
compromis.
-Alexandre Garabedian, L'Agefi ed: VLV
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