Carol Ryan,



The Wall Street Journal





LONDRES (Agefi-Dow Jones)--Les entreprises alimentaires les plus susceptibles de tirer leur épingle du jeu dans un contexte inflationniste sont probablement les moins connues des investisseurs.



Les coûts augmentant tout au long de la chaîne d'approvisionnement alimentaire mondiale, les consommateurs de part et d'autre de l'Atlantique paient leurs courses plus cher. Les prix des produits alimentaires au Royaume-Uni ont augmenté de 4,5% en décembre 2021 par rapport au même mois de 2020, selon les données publiées mercredi par l'Office national des statistiques. Les prix des produits alimentaires consommés à domicile ont bondi de 6,5% sur un an en décembre aux Etats-Unis et de 4,6% en zone euro.



Selon les données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l'augmentation de la facture alimentaire n'a pas encore atteint les niveaux observés lors de la crise financière de 2008, lorsque l'inflation des denrées alimentaires avait culminé à 7,6% aux Etats-Unis et 13% au Royaume-Uni. Toutefois, les hausses de prix dépassent désormais la croissance des salaires sur ces deux marchés, ce qui pourrait devenir un problème pour les supermarchés et les fabricants de produits emballés qui les approvisionnent.



Risque d'érosion du pouvoir d'achat



Jusqu'à présent, les consommateurs ont été prêts à accepter les hausses de prix car l'épargne accumulée pendant la crise sanitaire leur permet de se sentir financièrement à l'aise. Néanmoins, les supermarchés devraient se méfier de l'inflation. A la suite de la crise financière, le Royaume-Uni a subi "une augmentation de 30% des prix des produits alimentaires alors que la croissance des salaires était nulle, ce qui a entraîné une forte érosion du pouvoir d'achat", rappelle Andrew Porteous, analyste chez HSBC. Les consommateurs européens se sont alors tournés vers les spécialistes du hard discount comme les allemands Lidl et Aldi.



Les distributeurs ne voudront pas renoncer à des parts de marché qu'ils ont mis des années à récupérer au prix de lourds investissements. Cependant, ils disposent d'une marge de manoeuvre réduite pour absorber les coûts cette fois-ci. Deux des principales chaînes européennes de supermarchés en termes de capitalisation boursière, Tesco et Carrefour, ont vu leur marge opérationnelle, pourtant déjà faible, fondre de 1,1 et 1,3 point de pourcentage, respectivement, entre 2008 et 2020, selon les données de FactSet. Si le pouvoir d'achat des consommateurs s'affaiblit, les supermarchés auront de bonnes raisons de rejeter les appels des grandes entreprises du secteur agroalimentaire à augmenter les prix.



Des entreprises comme Nestlé, Unilever et Danone réclameront presque certainement plus d'argent. Selon les estimations de Bernstein, les fabricants européens de biens de consommation courante pourraient être confrontés à une hausse de 12% à 15% des coûts des marchandises vendues au cours des six premiers mois de 2022. Les marques les plus faibles trouveront les négociations avec les distributeurs sur les prix particulièrement difficiles.



Les fabricants d'ingrédients en meilleure posture que leurs clients



Les fabricants d'ingrédients alimentaires, comme le producteur de cacao Barry Callebaut, sont potentiellement mieux protégés de ces pressions. Leurs coûts augmentent également : l'entreprise irlandaise Kerry Group, spécialisée dans les ingrédients, a annoncé une inflation de 2% à 3% pour les matières premières au troisième trimestre. Mais leurs clients, qui transforment les ingrédients en produits alimentaires de marque, sont de gros utilisateurs d'emballages et de fret, dont les prix explosent.



Les fabricants d'ingrédients ont par ailleurs plus souvent l'occasion d'imposer des hausses de prix, car leurs fenêtres de négociations sont moins strictement réglementées que dans la grande distribution. Dans de nombreux marchés européens, les négociations sur les prix entre l'agroalimentaire et les supermarchés n'ont lieu qu'une fois par an. Le fait d'être en mesure de fournir des ingrédients hautement spécialisés dont les fabricants mondiaux de produits alimentaires ont besoin en très grandes quantités leur permet également de répercuter les hausses des coûts.



Si l'inflation des denrées alimentaires diminue de manière inattendue ou est compensée par une forte croissance des salaires, il y aura moins de raisons de s'inquiéter. Il pourrait être intéressant, dans ce cas, de posséder des actions des chaînes de supermarchés, car la demande de produits alimentaires reste élevée : en 2021, les ventes de produits d'épicerie sur de nombreux marchés européens ont dépassé de 10% leurs niveaux d'avant la crise sanitaire, souligne Bernstein, ce qui a permis au cours de Bourse des distributeurs locaux de réaliser une performance supérieure de 6%, dividendes compris, à celle de l'indice MSCI Europe.



Ce scénario optimiste semble toutefois peu à même de se reproduire. Alors que l'inflation s'installe, les investisseurs devront remonter plus loin dans la chaîne alimentaire pour trouver de bonnes affaires boursières.



-Carol Ryan, The Wall Street Journal



(Version française Valérie Venck) ed: ECH



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January 21, 2022 04:56 ET (09:56 GMT)




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